Hervé FERON

Un Président toxique... Coup de gueule d’un maire.

Blog
dimanche 18 novembre 2018 10:31
Un Président toxique... Coup de gueule d'un Maire.
... ou, quels liens entre le 11 novembre et les gilets jaunes ?
La semaine dernière, je n'ai pas souhaité écrire sur mon site, tant j'étais mal à l'aise.
Le 11 novembre est l'anniversaire de l'armistice, de la réconciliation entre les peuples, de la Paix retrouvée, la fête de la Raison.
Voyez-vous, je suis Maire et comme tous les Maires de France, le 11 novembre, je tente de transmettre nos belles valeurs Républicaines et les leçons du passé aux enfants de ma ville. Je dis à la population réunie que nous avons le devoir collectif de transmission et d'éducation pour que ces enfants d'aujourd'hui deviennent les citoyens libres et éclairés de demain. Et j'émets le vœu que les hommes ne perdent plus leur temps et leur âme à faire la guerre, mais l'utilisent aux seules urgences absolues : la solidarité universelle et le sauvetage de notre planète.
Alors pour quoi ce malaise ? Parce que celui qui devrait être notre guide au moins ce jour là dans cette démarche de transmission des valeurs m'a fait si honte...
En quelques jours, il a détourné cette belle commémoration pour s'organiser une tournée en province, tel un histrion cabotin, pour tenter de prouver qu'il serait proche du peuple, lui, qui a souvent démontré qu'il le méprise tant...
Démonstration, morceaux choisis :
"La meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler." 27 mai 2016.
"Une gare, c'est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien".
29 juin 2017.
"Je ne céderai rien aux fainéants". 
8 septembre 2017.
"Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder si ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas". 5 octobre 2017.
Toutes ces phrases ont été prononcées par Emmanuel Macron.
Pour revenir au 11 novembre, en quelques jours, au fil  de sa tournée, il a multiplié les bourdes et les provocations arrogantes. 
Il affirme publiquement que "Pétain a été un bon soldat"... Quelle insulte à la France ! Aux Français ! Aux poilus ! Pétain n'a jamais été un bon soldat, il s'est planqué en 14-18 et il a trahi son pays en 40, se rendant complice du plus grand crime contre l'Humanité que le monde ait connu. Il a juste été un bon stratège en 14-18, mais un stratège qui envoyait les autres au front. Et de toutes manières, quelle folie, quelle imbécilité, quel mépris a-t-il fallu à ce petit Président de la République pour tenir ces propos en 2018 quand tous les Maires de France, élus de terrain, de proximité, s'employaient à montrer l'exemple et le chemin vers la cohésion sociale.
Tout fini par être déplacé chez lui, tant il salit la fonction présidentielle dans la représentation et la symbolique nationale. 
Lorsqu'il entre dans un bar PMU et qu'il paie sa tournée, cela sonne faux, il fait honte à la France.
Et puis, cerise sur le gâteau, il suggère que "l'Europe se dote d'une grosse armée (ce qui pose le problème de la pérennité de l'indépendance politique de la France) pour protéger l'Europe de la Chine, de la Russie et des États Unis..."
Est-il devenu fou ? Quel besoin y avait-il à ce moment-là (juste avant les cérémonies du 11 novembre) de provoquer les Etats-Unis ?
D'autant plus qu'immédiatement l'Elysée dément en prétendant que cette phrase aurait été mal comprise, certains médias au service du pouvoir, transforment même la phrase en question, et alors... Trump tweet ! Donc Macron s'explique, s'empêtre dans des explications et humilie une fois de plus la France. Quand Macron rencontre Trump pour la première fois, leurs effusions humilient la France, quand Trump lui balaie un cheveu sur son costume, comme il ferait sa toilette à un enfant, il humilie ostensiblement la France, quand Trump tweet pour taper sur les doigts de Macron, c'est la France qui est humiliée aux yeux du monde, quand Macron s'excuse, c'est la France qu'il humilie, quand Macron reçoit à nouveau Trump et que Trump le bat froid, c'est la France qu'il humilie, quand Trump tient ses distances assis face aux caméras et qu'à plusieurs reprises Macron approche sa main pour lui tapoter la cuisse, c'est la France qu'il humilie. Tout comme il a humilié la France en se collant contre ces deux jeunes guadeloupéens torses nus, devant les caméras, alors que l'un deux nous faisaient un doigt d'honneur... 
Monsieur le Président ! Un peu de tenue ! Un peu de dignité ! Vous êtes investi d'une fonction qui ne vous permet de maltraiter, de déshonorer ainsi la France et les Français !
Ces manifestations du centenaire resteront donc dans l'histoire pour avoir été entachées par l'attitude consternante et permanente du Président de la République.
Une semaine plus tard, on nous annonçait l'action des gilets jaunes, que je n'ai pas souhaité commenter. C'est une action spontanée, je fais de la politique et je pense que les politiques ne doivent pas récupérer ce genre d'actions. Par exemple, la photo dans la presse régionale de deux responsables des Républicains, la veille, est ressentie comme une pauvre tentative de récupération, c'est un peu ridicule et en tous cas peu respectueux des gilets jaunes.
En tant que responsable politique, j'étais également très attentif à ce qu'il ne puisse pas y avoir de dérapages, de violences, que des casseurs ne puissent pas venir détourner cette action  menée tout simplement par de braves gens qui n'en peuvent plus.
Alors, pourquoi est-ce que je soutiens et j'encourage les gilets jaunes ? Parce que encore une fois, je suis Maire, élu de proximité et je suis le témoin quotidien de la précarisation galopante du Peuple de France.
Certes, il y au début l'augmentation continuelle du carburant qui pose question :
- Les taxes perçues par l'Etat représentent 60% du prix du carburant à la pompe. 
- La taxe, la TICPE est indexée sur le prix du baril... Mais depuis toujours, quand le prix du baril augmente, la TICPE augmente, quand le prix du baril diminue, la TICPE ne diminue pas...
- Les Français ont besoin de conduire pour vivre et travailler, ils ne demandent pas l'aumône et ils savent que chaque fois qu'on leur invente un dispositif de compensation 
(des aides pour payer leur carburant), ils vont se faire posséder...
- La TICPE constitue la 4ème recette de l'Etat derrière la TVA, l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés.
Emmanuel Macron qui a fait tant de cadeaux fiscaux aux très riches et aux grands groupes industriels ou financiers (je ne parle pas des PME, PMI,...) se trouve dans l'obligation de récupérer cela dans vos poches, à la pompe.
Vous n'êtes pas imposés, vous êtes pompés !
Et comme tous ces gens-là sont des pervers, ils utilisent l'écologie comme alibi en sacrifiant les conditions de vie des pauvres (car aujourd'hui les classes dites moyennes en France sont pauvres) sur l'autel de l'indispensable besoin de sauver la planète. 
Voilà le lien entre le 11 novembre et les gilets jaunes : le Peuple a un sentiment de honte et d'abandon, donc il se révolte.
Emmanuel Macron a réussi à diviser les Français y compris dans leur propre révolte, la fracture est profonde, c'est aujourd'hui le chaos social qui aux heures les plus sombres de notre histoire a toujours généré des périodes totalitaires dramatiques et anti démocratiques. 
On n'entend pas beaucoup les députés En Marche dans tout ça... Les bons petits soldats de Macron courbent l'échine, baissent la tête et se taisent pour mieux assumer cette honte collective, dont ils sont pourtant directement responsables.
Parmi les gilets jaunes, il y a des gens qui protestent contre le prix des carburants, mais ce serait être complètement naïf que d'ignorer, qu'il y a aussi des gens qui n'ont plus le minimum nécessaire décent pour vivre, qui étouffent, qui souffrent, pendant que d'autres se gavent et nous donnent des leçons. 
Il y a beaucoup de gens qui ont traversé la rue pour trouver un travail qui leur permette de vivre dignement, mais de l'autre côté de la rue, il n'y avait que des locaux vides, alors ils ont traversé la rue suivante, puis une autre...
Finalement ils traversent la vie, la vie selon Macron, sans jamais trouver la dignité.
Je sais cela, parce que je suis Maire, élu de proximité. François Hollande et le populisme ambiant ont souhaité que les Maires témoins quotidien du mal-être et des difficultés des Français ne puissent plus siéger à l'Assemblée Nationale. Ils sont donc aujourd'hui empêchés de porter au débat leur expertise permanente du terrain. C'est une réalité. L'Assemblée Nationale est programmée pour devenir une Assemblée de notables déconnectés de la cruelle réalité que vit le Peuple.
Ces Maires, monsieur le Président, que vous privez de dotations, les empêchant de faire vivre sur leurs territoires les Politiques Publiques garantes de la cohésion sociale, ces Maires que vous désignez du doigt, que vous hastaguez, ces Maires dont beaucoup aujourd'hui annoncent qu'ils arrêteront en 2020, ces Maires sans lesquels vous n'êtes plus rien, ils sont serviteurs du Peuple, parce que serviteurs de la République... 
Pour pouvoir s'exprimer et être entendus, il ne leur reste que le Congrès annuel des Maires de France en novembre... Il aura lieu cette semaine à Paris... Le Président de la République a annoncé qu'il n'y viendrait pas. Quel mépris pour nos Institutions et pour les premiers représentants du Peuple !
Monsieur le Président, aujourd'hui, j'ai mal à ma France.