Hervé FERON

Miguel Angel Estrella

Blog
lundi 11 avril 2022 08:05

C'est avec une grande tristesse que je vous annonce le décès d'un grand Homme Miguel Angel Estrella.
Pianiste, homme de conviction, humaniste au courage exemplaire, Miguel, avec son épouse Martha 
jouait dans les bidonvilles en Argentine, pour faire découvrir la musique classique aux plus pauvres.
En 1977, il est arrêté par la junte argentine qui le considérait comme un communiste, détenu en Uruguay, 
où il subit des tortures qui abimèrent ses mains. En détention, il continuait à jouer dans sa cellule sur un 
clavier muet qu'il avait dessiné. Il fut libéré en 1980 sous la pression de nombreux intellectuels français ou 
encore de Yehudi Menuhin, ou Nadia Boulanger.

Alors, Miguel n'a eu de cesse de parcourir le monde pour jouer en concerts et porter haut et fort un 
message empreint de paix et d'humanisme. Ambassadeur mondial de l'UNESCO, c'était un combattant infatigable
et un grand musicien.
Je suis très fier de l'avoir rencontré et d'avoir été son ami. Lorsque l'on se parlait au téléphone, il m'appelait 
"son petit frère". Je parle de lui dans mon livre "les petits ruisseaux", car il m'a beaucoup appris. Je me souviens
de ses visites à Tomblaine, notre soirée mémorable, avec lui, Edmonde Charles-Roux et Marcel Maréchal (deux autres 
amis de Tomblaine). Je me souviens qu'une autre fois, il avait amené à Tomblaine "l'Orchestre pour la Paix", composé de 
5O musiciens palestiniens et 50  musiciens israéliens et dirigé alors par le chef d'orchestre de l'Opéra du Caire. C'était un 
grand moment, ce concert au cœur du quartier "Politique de la Ville" si cosmopolite à Tomblaine et en présence cette 
année-là de Roger Hanin...

Je me souviens aussi de l'avoir appelé au téléphone, quand, à Buenos Aires, avec François Hollande, je me suis retrouvé
dans ce musée dédié aux martyrs de la dictature argentine, je me suis trouvé face à la photo de Miguel. Quelle émotion !
Merci à Jean-Pierre Roger qui m'avait permis de rencontrer la première fois Miguel.
Aujourd'hui je suis très triste. Lui, c'était un révolutionnaire ! Lui, c'était un Humaniste ! C'était un Homme.