René Cordier nous a quittés.

Actualité
vendredi 30 septembre 2022 15:02
C'est avec beaucoup de tristesse que je viens d'apprendre le décès de René Cordier. Alors que je suis à l'étranger, je voudrais témoigner ma sincère amitié et mon profond respect envers René.
René Cordier était un grand Monsieur à la boxe, il était aussi un grand Monsieur dans la vie. Il avait des valeurs, du talent, il était aussi humble que passionné. La boxe était sa vie.
René était l'entraineur emblématique du cub de Dombasle, l'entraineur des champions, tant il a permis a de nombreux boxeurs et boxeuses de se hisser au plus haut niveau, par le travail, l'abnégation, la volonté.
Je suis sûr que nombre d'entre eux aujourd'hui éprouvent une immense peine.
Tout le monde connait cette histoire de ce gamin que René avait surpris dans son jardin en train de lui chaparder des pommes sur un pommier. René l'avait "chopé" et lui avait dit que pour punition il devrait venir à la salle de boxe pendant 15 jours... le gamin est venu pendant 15 jours, puis il y est resté et quelques années plus tard, il devenait champion d'Europe, il s'appelle Nordine Mouchi !
Je me souviens qu'il y a un peu plus de 20 ans, je m'étais adressé au club de Dombasle, pour faire remarquer que de nombreux gamins de Tomblaine était inscrits dans ce club (comme par exemple Anne-Sophie Mathis), mais il était compliqué pour eux de se déplacer jusque là. Je demandais s'il était possible qu'un entraineur de Dombasle se déplace une fois par semaine pour faire un entrainement décentralisé à Tomblaine. Ce qui est incroyable, c'est que l'entraineur qui s'est ainsi déplacé chaque semaine pendant des années, ce fut... René Cordier !
Je me souviens aussi que pour le championnat du monde d'Anne-Sophie contre Myriam Lamarre, nous avions fait le déplacement avec ses collègues dans un minibus neuf places. Quand on s'est garé dans le parking souterrain de Bercy, une voiture s'est stationnée à côté de nous. René et Anne-Sophie en sont sortis. Quand Myriam Lamarre avait un staff important et des moyens, René était à la fois l'entraineur, le coach, le mentor et le chauffeur d'Anne-Sophie. Ce soir là , sur les 10000 spectateurs du POPB, nous étions neuf à soutenir Anne-Sophie, plus sa maman ! Tous les autres soutenaient M. Lamarre... jusqu'à la quatrième reprise, quand tout a commencé à basculer. Anne-Sophie Mathis devenait championne du monde pour la première fois et René pleurait de joie.
Et puis un jour, alors que René était venu encadrer un entrainement de boxe à l'Espace Jean Jaurès à Tomblaine, il m'a fait une confidence... L'Espace Jean Jaurès est une ancienne usine où on fabriquait des motoculteurs (Bouyer) qui étaient vendus dans toute l'Europe. René me confia que lorsqu'il avait 14 ans, il était apprenti dans cette usine, à l'endroit même où nous avions créé la salle de boxe ! Quelle coincidence ! Il y avait passé son CAP, puis il y a travaillé, il y est même revenu travailler après son service militaire !
Alors, nous lui avons préparé une surprise. Nous avons invité René et son épouse à une réception sur le thème du sport...
Il ignorait que j'avais contacté tous les champions et les championnes qu'il avait formés, accompagnés durant toutes ces années. Ils avaient tous répondu, parce qu'ils l'aimaient tous. Il y avait aussi Dominique Nato. Quand René est arrivé et qu'il les a tous vus là, il n'en croyait pas ses yeux ! Séquence émotion.
Alors on a dévoilé avec lui la plaque "salle René Cordier" pour dénommer la salle de boxe qui fut aussi l'atelier de son apprentissage.
René était tellement discret qu'il n'aurait probablement pas accepté si on l'avait prévenu, mais aujourd'hui nous ne regrettons pas de lui avoir offert ce moment de bonheur, d'amitié et de reconnaissance.
À sa famille, à son club, à tous les gamins à qui il a apporté tant, je présente mes sincères condoléances, la Ville de Tomblaine s'associe à votre peine.
J'ai un ami, ancien grand boxeur, puis acteur de cinéma, Stéphane Ferrara. Parce qu'il pense que quand on est tombé au tapis, il faut toujours se relever, il ne dit jamais "au revoir", il dit "à la victoire !"
Alors René : "à la victoire !"