J’ai envie de commencer par dire à la majorité et à l’exécutif du Grand Nancy : « arrêtez de vous écouter parler, écoutez les gens ! Arrêtez vos phraséologies grotesques, désuètes et d’un autre temps ! Arrêtez de vous regarder le nombril (pour ceux qui le peuvent encore !)
La méthode est bien connue : assommer les conseillers métropolitains par une présentation de la première délibération désespérément longue et soporifique pour les dissuader de participer au débat et même les inviter à quitter la séance avant que certaines autres délibérations délicates ne soient appelées à l’ordre du jour.
Même à la cathédrale la messe est moins longue. Mais il faut dire qu’ici l’évêque a le cuir épais…
Aujourd’hui, le Conseil de Métropole du Grand Nancy était convoqué à 13h30. Faute de quorum, il n’a pu commencer qu’à 13h46…
Le point n°1 « Le Projet Métropolitain » à l’ordre du jour a été « introduit » pour ne pas dire couvert par le Président Rossinot pendant… 25 minutes !
Et puis, le Président lit la note que son cabinet lui a préparée et annonce une vidéo de 4 minutes, puis des interventions des rapporteurs, Serge Bouly sur le thème de la cohésion, Bertrand Kling sur le thème du lien, Valérie Jurin sur le thème du bien-être et Éric Pensalfini sur le thème de l’audace !
Et alors, seulement après cette litanie, le débat sur ce premier point pourrait commencer…
La vidéo, de qualité technique très moyenne, n’est qu’une succession de témoignages de citoyens triés sur le volet pour ne dire que du bien des politiques du Grand Nancy. Ce n’est pas une information, c’est une campagne de pub.
Et puis soudain, la vidéo s’achève sur une rupture brutale, juste au moment où elle parlait du « lien » ! Ah oui, mais le chef avait dit 4 minutes… et 4 minutes, c’est 4 minutes !
Cela jette un froid.
Et là on a droit à une succession d’interventions belles à faire pleurer un silo de betteraves ! On comprend tout de suite que le cabinet d’André Rossinot a distribué les nouveaux éléments de langage à la mode, chaudement recommandés… Du verbiage et tout le monde est au garde à vous. Les interventions des uns et des autres ont été savamment préparées comme pour la rédaction d’un collégien, avec une introduction (le chef), un plan en quatre thèmes distribués et une conclusion (re- le chef).
Serge Bouly (en 8 minutes) part dans une envolée lyrique, le moment du petit poète, qui fera éclater de rire plus d’un, y compris parmi ses petits camarades… Il évoque « la cohésion des acteurs publics », « la société métropolitaine », « l’intelligence collective », il va jusqu’à redonner une définition à l’utopie !
C’est le monde des bisounours !
Bertrand Kling (en 5 minutes) finalement interviendra plutôt sur « le défi de l’audace », il ose donc convoquer l’histoire pour démontrer que « l’audace serait dans l’ADN grand nancéen » ! Et quand on entend argumenter par « la forêt, avenir de la planète et des hommes », de la part de ceux qui nous auront fait la Place Thiers et Nancy Grand Coeur… on continue à beaucoup sourire en coin et rire sous cape.
Mais ce n’est pas fini, la punition continue, Valérie Jurin (en 9 minutes) a la lourde tâche d’évoquer « le bien être ». Elle aussi part du siècle des Lumières, pour nous parler du bonheur (sic), « notre santé ne saurait être déconnectée de celle des animaux et celle des plantes ». Elle ose tout, elle cite Sean Penn dans « into the wild » (avé l’accent !) et… Émilie du Châtelet dans son « Discours sur le bonheur ». On croit rêver.
Éric Pensalfini reprend le thème de l’audace et ose même « une Métropole nommée désir ».
Et comme sur le lourd programme annoncé par André Rossinot, on a (encore) occulté le lien, c’est Malika Dati (en 8 minutes) qui intervient sur le thème « ensemble », elle n’hésite pas à évoquer notre rapport à l’Europe et même au monde !!!
Citoyennes, citoyens, braves gens, je n’invente rien ! Cela s’est passé comme ça.
A 14h42, la parole a été donnée à Dominique Valque, Président du CDD (Conseil de Développement Durable). C’est plutôt bien, car cela faisait au moins deux ans que le Président Rossinot ne nous avait pas permis d’entendre l’avis du CDD… Sauf que le temps déjà écoulé avait été si long, le pauvre Président du CDD, bien qu’excellent comme à son habitude, a dû débiter à toute allure son texte, qui fut donc peu audible.
C’est alors, à 14h48 que le débat sur ce premier point à l’ordre du jour a pu commencer, pour s’achever… à 15h25 !
Quelle mascarade !
Cela dit la musique était si belle, les valeurs, les idées, les allégories si tentantes, que dans mon intervention, j’ai répondu « chiche » ?
Je n’ai donc pas voulu m’opposer, d’autant que j’ai trouvé la réponse d’André Rossinot plutôt respectueuse de la diversité des avis.
Je me suis abstenu.
On est passé au point numéro 2… Je vais bien, tout va bien…