Intervention d'Hervé Féron au Conseil de Métropole de ce jeudi 11 février.

Grand Nancy Métropole
jeudi 11 février 2021 16:52
Monsieur le Président, chers collègues,
 
 
Cette délibération me réjouit, car elle est la voix de la raison !
Mais je trouve qu'à un moment donné, il faut dire les choses, pour que nos concitoyens soient informés et ce sont certaines interventions auto-satisfaites sur le DOB tout à l'heure qui m'incitent à rappeler quelques vérités ici.
Déjà lorsque le rapport de la Chambre des Comptes a été porté à la connaissance de notre Conseil, j'ai été abasourdi d'entendre un certain nombre de nos collègues s'exclamer qu'ils le savaient, qu’ils l'avaient toujours dit, qu'ils avaient prévenu... Or, ce n'est pas vrai, à l'époque, nous étions très peu nombreux à alerter sur la situation budgétaire catastrophique dans laquelle nous étions et les conséquences d'un tel choix pour la ligne 1 de transports en commun, qui venait en rajouter... ! Pour ce qui concerne notre situation budgétaire, comme pour ce qui concerne la ligne 1, mais aussi sur d'autres sujets, comme le pitoyable "Nancy Grand Cœur", je me souviens avoir été souvent bien seul à dire et à écrire précisément ce qui apparait aujourd'hui comme
une évidence et je me souviens de la violence des propos de ceux, qui à l'époque soutenaient ces politiques irresponsables.
Il est facile aujourd'hui de regarder ce que j'écrivais et c'est important de le dire, car nos concitoyens ne doivent pas penser que la nouvelle gouvernance Métropolitaine reviendrait tout avec légèreté sur des engagements pris précédemment, mais ils doivent savoir qu'au contraire cette nouvelle gouvernance fait preuve de responsabilité.
Lorsque je lis ici ou là que l'impossibilité de réaliser ce projet serait due "à une nouvelle équipe politique et aux contraintes financières aggravées par la crise sanitaire", c'est faux. Le rapport de la Chambre des Comptes couvre la période 2013/2018... Or, la crise sanitaire n'était pas encore passée par là. Et que dit ce rapport ? que "ce projet de tram à un demi-milliard a été approuvé au Conseil de Métropole, sans que la collectivité n'ait réellement présenté, à ce moment-là, la contrainte financière que ce projet présenterait pour la Métropole"
On parlait à l'époque de 530 millions TTC, aujourd'hui avec les dépenses qui en découlent, on nous dit 491 millions, qui nous feraient donc ... 589 millions en TTC ! Et les coûts actualisés nous amèneraient de grosses surprises, on serait très au-delà du demi-milliard...
Voilà pourquoi, je veux aujourd’hui balayer les critiques et les procès d’intention, entendus il y a quelques instants, qui ne sont que des postures.
Mais il n'y a pas que le problème du coût, il y a aussi celui du tracé, de l’environnement, de la pertinence de la technologie...
Il y avait donc urgence à reconsidérer l'ensemble de cet impossible projet, mais le problème, c'est qu'André Rossinot avait fait les choses à l'envers, faisant déménager et monter à Brabois un grand nombre de services, de facs, des étudiants, des employés, des usagers, des clients... Sans concertation et sans avoir prévu comment transporter tout ce monde chaque jour. Le résultat c'est l'enfer au quotidien pour tous ces usagers. Nous héritons de toutes ces
incohérences.
Je me réjouis d'un changement avéré dans la culture et dans la méthode et nous avons commencé par expérimenter la gratuité des transports les week-ends
Il faudra donc prendre le temps d'une nouvelle réflexion, mais une réflexion réellement partagée. Il faudra que toutes les solutions soient étudiées, envisagées, expertisées et qu'aucune possibilité ne soit écartée a priori. Mais dans le même temps nous devrons regarder avec lucidité les nécessaires évolutions pour gérer et améliorer aussi la situation actuelle et celle à court terme.
J'espère qu'on n'évacuera pas non plus l'idée qu'à la place d'une solution, il pourrait y avoir un ensemble de solutions.
Il peut y avoir par exemple tram ferré, puis connexion avec BHNS ? J'espère qu'il n'y aura pas de positions dogmatiques taboues. Et qu'on pourra parler de tout. Par exemple en ce qui concerne ce que l'on appelle les ruptures de charge ? Je tenais moi-même cette position précédemment, mais il faut être réaliste. Regardez comment on se déplace, en transports
en commun, ailleurs.
Dans toutes les villes de France, pour aller d'un point à un autre, que ce soit en bus, en tram ou en métro, il y a rupture de charge, c'est à dire qu'on quitte un véhicule pour en rejoindre un autre sur un autre quai.
Dans le cas du bas de la côte de Brabois, ça ne serait pas un scandale d'imaginer qu'on doive, par exemple, descendre du tram ferré, pour monter dans un bus à haut niveau de service et là sans même changer de quai ! Et même que si on ne veut pas être négatif, on
n'appellerait plus ça de la "rupture de charge", on positiverait et on parlerait de "correspondance"... J'espère que les tracés seront aussi repensés et que le souci de l'environnement et de la qualité de vie des habitants, riverains, comme usagers
seront omniprésents.
Chers collègues, c'est une formidable opportunité qui s'offre aujourd'hui à nous. Il s'agira d'être ambitieux dans l'élaboration d'un schéma des mobilités dans sa globalité sur notre territoire, mais plus encore sur le bassin de vie, tout en étant aussi nécessairement connecté aux autres territoires par le réseau TER. Oui, un projet ambitieux, mais financièrement raisonnable, parce que désormais raisonné.
Privilégier les déplacements doux, ça ne se décrète pas, ça s'anticipe, ça se pense avant pour que cela devienne possible, compatible et souhaitable. Anticiper sur les pistes cyclables, sur les voies vertes, les parking relais, l'accessibilité pour tous et s'appuyer d'abord sur les usages.
Pour tout cela, nous avons des outils de démocratie participative qu'il ne faudra pas négliger, sinon à quoi serviraient-ils ? Le Conseil de Développement Durable en est un, mais nous devrons écouter aussi les associations de riverains ou d'usagers, qui devront être considérées comme des partenaires dans ce nécessaire débat. Et puis, il y aura « les Assises de la mobilité » au printemps, parce qu’il parait qu’après l’hiver, il y aura cette année un printemps.
On ne construit pas un schéma des mobilités uniquement sur des postures politiques dogmatiques ou des faisabilité budgétaires, mais d'abord en considérant l'humain, la vie des gens au quotidien, le principe consistant à tenter de l'améliorer.