Intervention en commission sur la formation des enseignants

A l'Assemblée Nationale
mercredi 20 février 2013 12:26

Hervé FERON est intervenu ce matin en commission des Affaires Culturelles et de l'Education, dans le cadre de l'examen du projet de loi portant refondation de l'Ecole de la République.

Il a rappelé l'engagement du Président de la République de rétablir une véritable formation à destination des enseignants et a détaillé le dispositif qui sera mis en place à cet effet. Par ailleurs, il a insisté sur l'importance de la formation continue.



Intervention d'Hervé FERON en Commission des... par herveferon



Intégralité de l'intervention en commission

Monsieur le Président, Monsieur le Rapporteur, Mes chers collègues,

Je veux d’abord saluer le travail de notre Rapporteur qui a effectué un travail de qualité à la hauteur de l’ambition qui est la nôtre pour l’Ecole de la République.

Je souhaiterais revenir sur la question de la formation des enseignants afin de souligner les avancées et émettre quelques propositions.

Tout d’abord, je souhaiterais commencer par un bref rappel historique.

Historiquement, les Ecoles Normales constituent LA référence pour  la formation des enseignants, « Hussards noirs de la République » : une formation longue, commencée dès la classe de seconde pour certains enseignants d’avant la Réforme de 1969 et de 2 années au minimum ; une formation d’élite assurant un véritable recrutement populaire ; une formation bien structurée à la fois didactique et pratique ; enfin,  une formation éminemment structurante, suscitant un véritable esprit de  corps, une vocation forte et dotée d’une vraie reconnaissance sociale.

Si leurs successeurs, les IUFM ont pu être critiqués  pour le manque de densité de certains de leurs enseignements et certaines lacunes dans la formation (ne serait-ce qu’en matière de sciences cognitives ou de psychologie de l’enfant), ils ont eu le grand mérite d’unifier la formation des enseignants et c’est ce que nous souhaitons retrouver en créant les Ecoles Supé́rieures du Professorat et de l’Éducation (ESPE).

Il s’agit en effet aujourd’hui en tout premier lieu de  rétablir ce que la précédente majorité a détruit, en supprimant la formation initiale des enseignants, dénigrement ultime d’une profession pourtant si fondamentale à l’avenir de la jeunesse et du pays, et en érodant l’ensemble de ses dispositifs de formation continue.

Aujourd’hui, dans la perspective de la professionnalisation et de la valorisation de ces métiers, nous maintenons donc le niveau de recrutement des enseignants à bac + 5, la réforme de la mastérisation ayant parachevé l’« universitarisation » de leur formation. C’est un souhait partagé par l’ensemble des acteurs de l’éducation et nous y répondons.

Pour autant, nous n’oublions pas que la mastérisation a été aussi  l’occasion de rendre l’entrée dans le métier plus hasardeuse pour de nombreux étudiants candidats au professorat, en faisant l’économie de 9000 postes. C’est pourquoi à l’inverse de la réforme Fillon de 2005 pour laquelle incontestablement les moyens manquaient nous  faisons parallèlement le choix d’une autre politique, une politique ambitieuse avec les moyens de ses ambitions.

Nous créerons 26 000 postes qui seront consacrés au rétablissement d’une véritable formation professionnelle pour les enseignants. Elle correspondra à une année de stage, rémunérée et effectuée en alternance,  alternativement au sein de l’Université, dans les futures Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation (ESPE), et sur le terrain, au contact des élèves dans le cadre d’un stage en responsabilité, comme dans les précédents IUFM.

Revalorisée dans le cadre de la mastérisation à bac + 5, la profession enseignante retrouvera ainsi une formation structurée et digne de ce nom. Il reste à souhaiter cependant que la formation didactique dispensée sera aussi structurante que le cursus pratique en responsabilité et telle qu’on pouvait la vivre au sein des anciennes Ecoles Normales.

Par ailleurs, il faudra bien veiller à rétablir également la formation continue des personnels enseignants, ce qui constitue aussi une attente très forte de leur part après le saccage réalisé par le précédent gouvernement. Et pour répondre à une de ses marottes, émettons une idée qui pourra se réaliser à moyens constants. Les professionnels de l’éducation, souvent chevronnés, éprouvent bien souvent moins le besoin d’une formation sous forme de stages tutorés que d’un échange de bonnes pratiques. Pourquoi ne pas favoriser dans les futures ESPE ou dans les établissements des réunions mensuelles de professeurs d’une même discipline et d’un même bassin pour faciliter les transitions, remotiver les personnels et dynamiser leurs enseignements ?  Il conviendra en tout cas ne pas négliger non plus la formation continue des enseignants mis à bas toutes ces dernières années.