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Réponse du Colonel (er) Olivier SASTRE à l'attaché parlementaire d'un député LREM de Vendée.

A une petite remarque écrite sur Facebook (FB) par le Colonel (er) Olivier Sastre, l'attaché parlementaire d'un député LREM de Vendée croit malin d'insulter le colonel (er) Olivier Sastre qui évoquait simplement (et fort courtoisement) une petite imprécision sémantique dans le discours d'Emmanuel Macron lors des funérailles du Colonel Beltrame.

Devant le ton agressif voire insultant, on lira avec intérêt la réponse argumentée tout en finesse, sérénité et délicatesse de l'ancien commandant d'une Promotion de l’Ecole Militaire Interarmes (EMIA).

 

A. T. : Quel intérêt de s’adresser au Président de la République via Facebook excepté pour faire polémique ou travailler son ego ? 
Avec tout mon respect, j’espérais que votre rang était synonyme d’intelligence, aujourd’hui, je confirme que l’habit ne fait pas le moine...

 

 

Olivier Sastre Monsieur l’attaché parlementaire, 
Vous avez bien voulu me faire l’honneur de commenter une publication sur mon mur Facebook, laissant une question ouverte, celle de l’intérêt de ma démarche, et un constat subséquent, celui de mon intelligence déficiente. Je vous remercie d’avoir pris ce temps et vous prie d’excuser une réponse aussi tardive, qui n’est pas due à mon manque d’intérêt pour votre critique, mais au simple désir que j’avais, de profiter avec les miens du long week-end pascal. 

« Quel intérêt de s’adresser au Président de la République via Facebook excepté pour faire polémique ou travailler son ego ? » vous demandez-vous de façon liminaire, en regrettant d’emblée que, comme dans la plupart des démocraties, ce droit de commentaire public du discours public d’un homme public puisse faire jaillir une polémique, et de la même façon que ce commentaire puisse être bénéfique à mon ego. 
Ce droit de commentaire public, je l’enfourche parce que je pense sincèrement qu’une polémique, même vigoureuse, est une manifestation de bonne santé dans une démocratie, pour peu qu’elle soit constructive et qu’elle ne se focalise pas sur les hommes ou les femmes, mais bien sur les faits et les décisions qui peuvent avoir du poids dans la construction de l’avenir de notre pays. C’est le premier intérêt que je distingue dans le fait de m’être adressé au président de la République. Je suis navré que cela vous peine. 

Vous observerez avec moi, que je me montre touché par la solennité du discours du président. Il a rendu un très bel hommage au Colonel Beltrame, à sa famille et à ses compagnons d’armes et je le souligne. Il a mis un nom sur l’ennemi, clairement, courageusement et sans se cacher derrière son petit doigt. Plaçant le colonel Beltrame dans la lignée des grands Résistants, il en a fait un héros national et c’est une belle image.

 

En revanche, en faisant de cet officier de gendarmerie une figure qui nous exhorte à résister, je crois qu’il se trompe. Résister, c'est ce qu'ont été forcés de faire les Français qui voulaient chasser l'envahisseur nazi, parce que la montée de ce péril n'avait pas pu être jugulée quand elle aurait pu l’être.

De nombreux hommes politiques ont porté une très lourde responsabilité dans la défaite qui a d’abord été morale : adoption et diffusion d'un pacifisme irréfléchi entraînant des choix stratégiques inadaptés ( ligne Maginot), torpeur devant le réarmement de l’Allemagne, attentisme et coupable inaction devant la politique agressive du Reich, aveuglement diplomatique et dépréciation de la voix de la France promouvant la mentalité "munichoise", impréparation industrielle et humaine de la guerre... 
Aujourd'hui, nous nous trouvons encore dans la possibilité de combattre notre ennemi, sur notre sol comme à l’extérieur. Oui, nous sommes encore dans le temps du combat, et pas dans celui de la Résistance. Et quel que soit mon respect pour la Résistance (mes deux grands-pères ont été résistants, l'un d'entre eux déporté), je pense que la Résistance, c'est ce qui vient trop tard, quand on n'a pas eu le courage de combattre à temps. Or, il est encore temps et le chef des armées de la République ne doit pas s’y tromper.

 

Le président a présenté le lieutenant-colonel Beltrame comme un élève-officier de Saint-Cyr. Ce qui peut paraître un détail pour l’auditeur moyen de BFMTV, voire le bon bourgeois informé, n’en est pas un en vérité. L’Ecole Militaire Interarmes (EMIA), dont est issu cet officier valeureux est distincte de Saint-Cyr par son recrutement. Elle symbolise mieux qu’une autre l’élitisme du creuset républicain. Elle s’adresse aux sous-officiers et aux militaires du rang qui, recrutés par concours, peuvent ainsi servir comme officiers. Pour les meilleurs d’entre eux, c’est un peu comme si un fonctionnaire de catégorie C achevait sa carrière comme administrateur civil hors classe. C’est une école qui permet, à ceux qui n’ont pas eu la chance de faire une classe préparatoire aux grandes écoles, ou qui sont issus d’un milieu qui n’a pas favorisé leurs études de rattraper un train qu’ils n’avaient même pas entendu passer. 
Lorsque le Président de la République annonce qu’Arnaud Beltrame est saint-cyrien, il oublie que lui-même est fils de médecins, qu’il a fait de bonnes études à Henri IV avant de faire Sciences-Po Paris et l’ENA, de rejoindre l’inspection des finances, puis une banque d’affaires américaine. Se rend-il compte qu’en commettant cette erreur, que vous pensez vénielle, il affiche un profond mépris pour tous ceux qui sont devenus officiers sans être « sortis de Saint-Cyr ». Il raye d’un trait les quelque 25 000 officiers de recrutement « semi-direct » qui sont morts pour la France, avant Arnaud Beltrame. 
Alors, Monsieur l’attaché parlementaire, et c’est précisément le second intérêt de ma démarche : par fidélité à ce que fut Arnaud Beltrame, à l’Ecole qui l’a formé et dont il a été fièrement le major et le porte-drapeau, j’ai cru utile de replacer de vrais mots sur de vraies gens et de vrais choix. Et je l’ai fait en dehors de toute idée polémique, par esprit de justice et par goût de la vérité. 

Je passerai rapidement sur la perspective que vous évoquez et selon laquelle je travaillerais mon ego. Je connais trop peu le sabir des psychologues de comptoir pour avoir une idée de ce que « travailler son ego » peut signifier. Je viens d’un monde où seuls le groupe et sa cohésion valent. L’estime de mes chefs, la camaraderie de mes pairs et de mes subordonnés m’ont suffi jusqu’ici sans que j’aie à chercher le moindre assentiment dans le monde politique. Vous comprendrez que je reste sur cette ligne et que votre opinion m’importe assez peu. 


J’en viens maintenant à un intérêt auquel vous n’avez peut-être pas songé. S’adresser au Président de la République de façon respectueuse, au nom de la vérité, a également l’avantage de faire sortir du bois des gens comme vous, ce qui renseigne assez bien sur les mœurs politiques. Vous pensez sans doute être un bon chien de garde de votre parti, la République en marche. Vous pensez le servir en montrant que vous veillez à ce qu’on ne commette pas le crime de lèse-majesté en s’adressant à votre président. Vous auriez pu réfléchir à ce que cette lettre pouvait apprendre au Président de la République là où vous n’avez songé qu’au Président de « La République en Marche ». Vous savez que la majorité parlementaire confortable de votre parti l’expose à suivre la pente de la facilité. De nombreuses critiques lui reprochent une personnification du pouvoir, un autoritarisme, une opacité dans les processus d’organisation interne (cf. l’élection de M. Castaner) et le recours facile au gouvernement par ordonnances, avec des députés formant une majorité « godillot » où le débat est occulté. 
Tout dans votre attitude vient donner corps à ces analyses et montrer combien elles sont fondées. C’est pourquoi, à tout prendre, je me demande si vous avez raison d’apparaître ainsi sur les réseaux sociaux pour décrédibiliser quelqu’un qui ne cherche qu’à rendre hommage à un camarade disparu héroïquement et à attirer l’attention du chef de l’Etat sur le manque de délicatesse et de précision de son discours. Les quelques lecteurs de ce « post » auront pu au passage se rendre compte que pour l’attaché parlementaire de la République en marche « L'esprit de parti abaisse les plus grands hommes jusques aux petitesses du peuple » comme l’avait remarqué La Bruyère, qui s’y connaissait en caractères.

 

Un petit parallèle me vient même à l’esprit un instant, avant que je le chasse : Auriez-vous courageusement voulu vous « payer » sans risque un colonel, comme vos chefs, MM. Macron et Castaner ne se sont pas privés de se « payer » le Général Pierre de Villiers, chef d’Etat-major des armées ? Je sais tout ce que cette hypothèse peut avoir d’immodeste pour moi, mais je vous la propose pour deux raisons : la première, c’est que le chef d’escadrons Pierre de Villiers a formé le lieutenant Sastre à Saumur de 1988 et 1989 et que cette proximité me permet de l’évoquer comme un clin d’œil. La seconde est que Pierre de Villiers est un grand soldat, un grand Français, un grand Vendéen, dévoué au service de sa Patrie, et que vous avez eu tort de traiter par le mépris et par l’insulte.

Vous aurez sans doute apprécié que je vous laisse le bénéfice du doute en employant à votre intention les mots « grands hommes » quoique vous n’ayez pas eu pour moi la même libéralité. Du haut de vos certitudes d’attaché parlementaire, il vous a semblé de bon aloi de mettre en doute mon intelligence. Je ne vous en veux pas : je ne m’en sers plus guère, surtout sur les réseaux sociaux où elle est d’une faible utilité. J’ai beau savoir depuis longtemps que « passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet », je n’en ai pas moins de peine pour vous. Ne sachant qui vous étiez, je suis allé me promener sur votre mur où vous pensez mériter les prébendes que vous octroie le député Pierre Henriet pour l’assister.
 J’y ai découvert sous votre plume : 
- le 15 décembre 2017 : « Il y a 51 ans, l’un des plus grand visionnaires que le monde moderne est connu nous quittait » (il s’agit de Walt Disney, j’espère que tous l’avaient reconnu) 

- Le 13 décembre 2017 : « Et si on prenais le temps de réfléchir… » 
- Le 15 novembre 2017 : « … la cathédrale de Luçon s’habillera bientôt de ses plus beaux atouts de lumière… » Vous vouliez sans doute parler d’atours : la belote vous aura trompé. 


Je ne vais pas plus loin, car je suis accessible à une forme de mansuétude, de la même façon que vous devriez l’être à une forme de modestie. 

Je vous souhaite bien le bonsoir.

Hulot dérape dans l'huile de palme


Véronique Colucci nous a quittés.



Avec Gérald Dahan et Mathieu Klein, à l'ouverture du festival 2017.


Le festival "Aux Actes Citoyens" qui l'avait accueillie l'an dernier est triste.
Moi qui ai travaillé avec toute l'équipe de Coluche à Europe 1, je lui avais
demandé de venir pour la présentation du clip tourné par les élèves d'Olivier 
Marchal du lycée Arthur Varoquaux sur la chanson des Restos du Coeur
traduite en Langue des Signes en Français. elle avait accepté gentiment et
Tomblaine lui avait réservé un accueil chaleureux.





Véronique Colucci avait dédicacé le portrait de Coluche que les jeunes de l'UEAJ
avaient réalisé.



En discussion avec Hugo F.

Semaine scolaire à 4 jours ou 4 jours et demi... article 2

Il fallait bien un article spécial pour vous parler de Laxou, où cela ne se passe pas comme ailleurs...

Il était une fois un Maire qui allait de Parti de droite en Parti de droite au gré des opportunités. Il était aussi à l'époque vice-président de la Communauté Urbaine du Grand Nancy. Mais comme cela ne lui suffisait pas, son épouse s'était fait élire à Nancy, mais sous son nom de jeune fille (alors qu'elle habitait à Laxou avec le Maire de Laxou), tout ça sous la bénédiction de Monseigneur Rossinot. Elle se retrouvait donc à l'époque adjointe au Maire de Nancy et vice-présidente de la CUGN. Dans la plus grande discrétion bien sûr. Lorsque j'avais tenté de dire que je trouvais "moyen" le fait de cumuler dans le même foyer deux vice-présidences du Grand Nancy, le Maire de Laxou de l'époque était devenu très, très méchant avec moi. Menaçant même, mais juste au téléphone...

Mais il voulait grandir encore plus, alors il a décidé de devenir député. Et là, tous les moyens étaient permis. Il a dit, partout qu'il était "neuf en politique" ou même "apolitique", lui qui avait grenouillé dans tous les Partis de droite et qui avait connu les alliances les plus improbables. Puis il a dit partout qu'il ne chercherait pas l'investiture En Marche, alors que pendant des mois il l'a sollicité sans aucune honte. En marche ne voulait pas de lui, puis en dernière minute, il a obtenu cette investiture. Il a gagné, on le sait par défaut, puisque beaucoup d' électeurs ne se sont pas déplacés. Ceux qui se sont déplacés comme les autres ne savaient peut-être pas à quel point ils se faisaient berner...
En effet, une fois élu, il répondait aux gens qui l'interpellaient qu'il n'avait pas grand chose à voir avec Macron... Très pratique pour ne pas à avoir à répondre...
Il voulait décider de qui le remplacerait à la Mairie de Laxou, il ne voulait pas de Laurence Wieser. Et depuis qu'elle est élue, il n'arrête pas de lui mettre des bâtons dans les roues.

Il est aussi beaucoup intervenu auprès du Président du Grand Nancy car il voulait décider de quel élu de Laxou deviendrait vice-président à sa place.
Bref, peu d'élégance dans ce parcours qui le voit aujourd'hui aussi peu présent à l'Assemblée que sur le terrain.

Pour le Temps Périscolaire à Laxou, Madame la maire et son adjointe ont fait tout ce qu'il fallait faire. Il y a eu consultations auprès des parents, des enseignants, des personnels municipaux, en lien avec l'IEN, il y a eu votes dans tous les Conseils d'écoles, il y a eu vote au Conseil Municipal.
Et la proposition retenue et appuyée par la majorité du Conseil Municipal, consiste, conformément au vote de tous les Conseils d'école de rester à 4 jours et demi pour toutes les écoles élémentaires (4) et une école maternelle et de revenir à 4 jours pour les trois autres écoles maternelles.
Mais voilà, madame le Maire a toujours dans les pattes l'ancien Maire (très déchu). Laurent Garcia ne décolère pas quant à cette décision du Conseil Municipal, il l'a largement manifesté... Il est contre.
À la limite, ce n'est là encore pas très élégant, mais pourquoi pas ?
Là où il commence à y avoir un gros problème, c'est quand une fausse lettre a été adressée aux autorités en usurpant l'identité des représentants de parents d'élèves.

Alors qui à Laxou serait capable d'utiliser de telles méthodes ? Certains ont pensé immédiatement au député Laurent Garcia. Mais lui "dément avec énergie".
Et en effet comment peut-on imaginer qu'un élu de la République s'abaisse à rédiger et envoyer un tel faux ?
Les faits sont tout de même troublants, la lettre reprend tout l'argumentaire de Laurent Garcia, certaines expressions caractéristiques sont des expressions qu'il utilise beaucoup, la virulence lui ressemble également beaucoup, les "inexactitudes" aussi (la lettre décrit les Conseils d'Ecoles comme très tendus, alors que c'est faux, ils ne sont pas tendus). La lettre dénigre l'action de l'actuelle municipalité, comme la qualité de la concertation qui a été organisée. Mais elle vante l'action de la précédente municipalité...
Cette lettre a été adressée à "monsieur le Ministre, Monsieur le Sénateur, Madame la Rectrice, Madame la Directrice des Services Académiques"... Étrange, étrange... L'auteur de la lettre n'a écrit qu'à un seul sénateur... celui de droite (JF Husson). Encore plus étrange, il écrit à toutes les autorités, sauf... au député Garcia ! Alors même qu'il développe l'argumentaire mot pour mot de Laurent Garcia.
Cette lettre est signée "les parents et les parents élus des 4 écoles maternelles de Laxou"
Problème... les parents d'élèves démentent officiellement avoir écrit cette lettre. Personne n'en revendique la paternité (ni même la maternité).
On ne peut pas imaginer que Laurent Garcia soit l'auteur de cette fausse lettre. Ce ne serait pas digne et peut-être même délictuel ? En tous les cas incompatible avec la fonction de député.
Il ne manquerait donc plus que les parents d'élèves portent plainte contre X pour qu'il y ait enquête ?

Plan de bataille

Ça, c'est fait !

Bon, avoir réservé le train de 16h 11 pour une réunion très importante à Paris ce soir, se taper les sempiternels embouteillages dus au plan de circulation débile de la Ville de Nancy, arriver in extremis à la Gare où la Place Thiers me donne toujours de l'exzema, courir sous la pluie, entrer dans la gare et constater que le hall est archi bondé, s'entendre dire "ne courez pas, monsieur le maire, il n'y a pas de trains !" Apprendre "qu'une panne électrique a bloqué tous les trains jusqu'à nouvel ordre". Attendre..., puis lire que "suite à une panne générale des installations, la circulation est momentanément interrompue". Attendre, puis lire que "suite à un dérangement des installations, la circulation est interrompue pour une longue durée".... Attendre. Subir trois gros fachos qui s'énervent, qui crient "Ah, elle est belle la France !" et qui s'en prennent aux cheminots tout en s'éloignant (c'est toujours plus facile d'insulter en s'éloignant..) ! Les pauvres cheminots qui sont partout, qui renseignent les gens comme ils peuvent, qui cherchent à leur rendre service avec la meilleure des volontés. 
Attendre dans le hall, debout, dans les courants d'air. Entendre les annonces SNCF... la petite musique... "nous rappelons aux voyageurs qu'ils ne doivent pas laisser leurs bagages abandonnés...", puis re-la petite musique..."nous rappelons que la mendicité est interdite dans la gare et aux abords de la gare..." donner deux euros à un SDF... Attendre... une manif sympa d'étudiants fait irruption dans le hall de la gare "non à la sélection dans les facs ! Les cheminots avec nous !..." les pauvres cheminots, ils sont pris à partie à toutes les sauces. Je pense qu'au journal de France3 ce soir, dans leur recherche permanente du sensationnel, ils sont capables d'annoncer que la pluie sur Nancy est de la faute des cheminots...
Attendre. Lire que "suite à un crash informatique de grande envergure, il n'y aura aucun train avant plusieurs heures..."  Alors, décider de rentrer chez moi...
Et dire qu'il n'y a même pas un match de foot ce soir à la télé.
Ça, c'est fait.

Paru sur le site de La Marianne d'Or.

Mon intervention lors de la remise de la Marianne d'Or.

Monsieur le Préfet,

Monsieur le Président du Conseil Départemental,
Monsieur le Secrétaire général et fondateur avec le Président Edgar
Faure du Concours de la Marianne d'Or, Alain Trampoglieri,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
Chers amis.
C'est un plaisir, ainsi qu'une fierté que je vous propose de partager en 
ce moment que nous
 allons vivre, et je vous remercie pour votre présence.

Il s'agit d'une Marianne, symbole de la République, une Marianne d'Or. 
A la Mairie de Tomblaine, nous disposons déjà d'une
 très belle Marianne, 
une oeuvre d'art réalisée par l'artiste
 Sandor Kiss, mais elle n'était pas 
transportable... 
A Paris, dans les
 fameux salons de chez Drouant, le surlendemain de la 
proclamation
 du Goncourt, on nous avait mis dans les mains une Marianne 
factice pour
 la photo... Et bien aujourd'hui, comme l'évènement est à
savourer, Brigitte Mion Conseillère Municipale et Martine Poinsignon ont
confectionné une Marianne inédite, mais savoureuse ! (Deux superbes
gateaux représentant la Marianne sont alors apportés)

Cette Marianne m'est attribuée au titre "du service public de proximité
et de la cohésion sociale". C'est surtout pour cette raison que j'en
suis fier. Parce que je trouve que pour un élu, le plus beau des
mandats, c'est celui de Maire, et lorsque j'étais député, j'ai souvent
entendu mes collègues à l'Assemblée le dire aussi. Mais c'est surtout
parce qu'en évoquant le"service public de proximité et la cohésion
sociale", il me semble qu'on a ainsi parfaitement résumé la fonction de
Maire. Il y a tout dans ces quelques mots : les Valeurs de la
République :  Liberté, Egalité, Fraternité. Ce pour quoi, je me suis un
jour engagé en politique.

Nous sommes ici Monsieur le Préfet à l'Espace Jean Jaurès, ancienne
usine Bouyer, où on fabriquait des motoculteurs qui étaient distribués dans
toute l'Europe. En 1993, cette friche industrielle devenait ce lieu
socio-culturel et sportif, ainsi requalifié dans le cadre du DSQ Développement
Social de Quartier. Il était alors inauguré par Monsieur le Préfet Erignac et
par Job Durupt, Maire de Tomblaine, qui nous a quittés il y a un an et qui a
été un grand défenseur de ces valeurs de la République.

Notre ville avait une image de ville marginale et délinquante, et on ne voulait
pas venir habiter à Tomblaine. Aujourd'hui, nous avons complètement changé cette
image, mais nous avons aussi amélioré les conditions de vie des habitants par un
projet de développement, dans lequel nous avons voulu croiser en cohérence toutes
les politiques publiques.
Nous avons toujours une population très jeune (un habitant sur trois a moins de
18 ans), mais nous n'avons plus particulièrement de délinquance. Pour cela,
nous avons concentré toutes nos priorités sur l'Ecole, la Culture, le Sport, le
lien social.
Ces évolutions sont perceptibles dans la vie de tous les jours, mais elles sont
aussi quantifiables... Les chiffres de l'INSEE nous indiquent une augmentation de
la population de 10,13% en cinq ans de 2010 à 2015. Nous comptions donc fin 2015
8729 habitants ! En un an, en 2015, c'est plus 11% d'entreprises que constate
l'INSEE, avec 329 entreprises recensées sur Tomblaine et bien sûr de nombreux
emplois créés.

Cette réussite n'est pas vraiment reconnue ou relayée par la presse localement, et 
nous recevons
 donc cette Marianne d'Or, comme une juste reconnaissance nationale. 
Mais, la population de Tomblaine reste majoritairement pauvre, et plus que jamais le 
Service Public garantit la qualité de vie, l'égalité, la solidarité.

Rien n'a été simple et rien n'est simple aujourd'hui, dans une intercommunalité
qui n'a jamais favorisé ce développement que nous avons voulu. Vous devez savoir
qu'aujourd'hui la Métropole du Grand Nancy s'est assurée de la maitrise foncière
des deux tiers de notre commune via l'EPFL, la SOLOREM ou encore ses propriétés
privées. Et elle nous bloque, elle empêche  de nombreux projets communaux.

Il nous faut remercier l'Etat qui a toujours été à nos côtés pour accompagner ce
développement, à toutes les étapes.Et je remercie aussi le Conseil Départemental
partenaire de toujours, également précieux.

Le Projet de Rénovation Urbaine a été une extraordinaire opportunité, et à Tomblaine 
ce Projet a été réussi. Dans cette dynamique, nous avons engagé un énorme

travail de rénovation de l'habitat tant sur le parc locatif social que sur le parc
d'habitat privé et cela sur toute la Commune. Des démolitions, constructions neuves,
des rénovations, des réhabilitations,... Il me faut remercier aussi l'ensemble des
bailleurs sociaux partenaires et plus particulièrement mmH pour le PRU.

Dans le cadre de ce PRU, nous avons démoli une école obsolète et reconstruit l'Ecole
Elisabeth et Robert Badinter, inaugurée par Madame la Ministre Najat Valaud Belkacem
et Elisabeth Badinter. Najat Valaud Belkacem avait qualifié cette nouvelle école d'une des
plus belles de France.
L'Espace Jean Jaurès a été également rénové et agrandi, avec entre autres une des
plus belles salles de gymnastique de la région. Ce sont en moyenne 1800 personnes qui
passent chaque semaine dans cet Espace de vie.

L'Ecole est une priorité et Tomblaine est fière d'avoir été la première ville de
Meurthe et Moselle dont toutes les écoles sont des écoles numériques, avec un TBI dans
chaque classe et des classes mobiles numériques qui permettent aux enseignants de
travailler en réseaux  avec tout un groupe d'enfants...
Par l'école et par le tissu associatif très dense, le sport pour tous, mais aussi la
performance de nos clubs sportifs, la Culture et l'Education Populaire sont ancrés dans
le quotidien des Tomblainois.

La Culture, c'est bien sûr cette bibliothèque (une famille sur deux à Tomblaine est
adhérente à la Bibliothèque...), c'est le théâtre de la Source et le théâtre en Kit
en résidence permanente, c'est l'association Artout'Show qui expose tout ce week-end,
c'est bien sûr les RTT, Rencontres Théâtrales de Tomblaine, festival "Aux Actes Citoyens",
populaire et participatif, plus importante manifestation théâtrale de la Région Grand Est.
Savez-vous que lors de ces 5 dernières années, nous avons reçu la visite des trois Ministres
de la culture... Quelle reconnaissance pour notre petite ville de Tomblaine et pour ce beau 
festival !
Mais la Culture, c'est aussi cette Place des Arts. Dans une ville dynamitée par les allemands
à la fin de la guerre, nous n'avions aucun patrimoine architectural. Nous avons reconstitué un
Espace Public avec un geste architectural global empreint de modernité : L'Ecole Badinter,
la Maison de Santé Pluriprofessionnelle, la nouvelle façade de l'espace Jean Jaurès.

Au milieu de cette Place, une placette de 100m² a été réalisée avec les anciens pavés de
la Place Stanislas, c'est ainsi un peu du siècle des Lumières qui est venu s'enraciner en
banlieue ! Nous avons mis  l'Art et la Culture au milieu du village ! Cette Place des Arts offre 
à l'appropriation collective des oeuvres d'art contemporain de Philippe Hiquily
 dont les oeuvres 
sont exposées au MOMA à New-York, au Gugenheim, à Shangaï et...à Tomblaine. L
a fresque 
réalisée par les enfants des écoles représentant Voltaire et Emilie Du Chatelet. Les Meneuses 
d'art de Véronique Didierlaurent, jusqu'à l'oeuvre la plus récente  "La Girafe"
 de l'Artiste Jean NO.

La santé a été aussi une priorité, nous étions de fait, en situation de désert médical. Et, alors que
beaucoup nous voyaient courir à l'échec, nous avons conduit un ambitieux projet avec les
professionnels de santé. La Ville de Tomblaine en Maitrise d'ouvrage a ainsi réalisé une Maison
Pluriprofessionnelle de Santé, dans laquelle on trouve aujourd'hui 30 professionnels de santé et
un laboratoire d'analyse médicale.


Le dernier point que je souhaite développer et qui nous a valu cette Marianne d'Or c'est notre
volonté de croiser la nature et la ville. Depuis des décennies nous vivions la rivière comme une
contrainte, jusqu'à la grande crue de 1983. La ville se tourne progressivement vers la Meurthe,
aujourd'hui mieux maitrisée pour la vivre désormais comme un atout. Nous avons réussi, non sans
mal, à faire classer en Espace Naturel Sensible les deux iles du Foulon et de l'Encensoir. Ce site
exceptionnel à Tomblaine est une chance, un véritable poumon vert de 17Ha dans l'agglomération.
Dans un très efficace partenariat avec l'Etat, VNF, la Métropole du Grand Nancy et le Conseil
Départemental, nous avons d'abord acquis le foncier pour protéger, préserver et faire découvrir
les milieux naturels, la faune, la flore. Il s'agit de valoriser et faire découvrir l'histoire du site,
préserver sa qualité et sa tranquillité, et de mettre en place des actions de sensibilisation de la
population et de découvertes pédagogiques. 
 
Dans la continuité des Iles de l'Encensoir et du Foulon sur la Meurthe, Tomblaine se réapproprie 
progressivement la nature dans la ville avec des coulées vertes, la Maison Pluriprofessionnelle de 
Santé végétalisée sur la toiture comme sur ses façades extérieures, le Bois la Dame, le Parc Georges 
Brassens dans le nouveau quartier (ZAC) contribueront aussi à cette démarche résolument écologique.

Tout ce que j'ai énumèré contribue à créer du lien, à proposer l'intelligence partagée, à éduquer

et inciter à l'engagement de chacun à la citoyenneté active.

Voilà pourquoi, nous sommes réunis aujourd'hui, je remercie tous les acteurs de cette réussite. Et
bien sûr, je considère que cette Marianne nous la méritons tous ensemble, l'ensemble de notre
Conseil Municipal, l'ensemble des employés municipaux et de nos chefs de service. C'est pourquoi, 
je propose aux élus de Tomblaine présents, ainsi qu'à Rachel Cointin Directrice Générale des Services 
de nous rejoindre. Merci à Alain Trampoglieri de nous avoir remarqués !
Merci à tous.

50ème anniversaire de Mai 68

Je vous propose la contribution d'Henri Weber publiée par "l'express" ainsi que les "18 thèses" sur mai 68 qui figurent en annexe de son prochain livre "Rebelle jeunesse" à paraître chez Laffont le 3 Mai prochain.

On prend conscience des extraordinaires évolutions de la société en mai 68 tout comme ce fut le cas lors du Front Populaire de 1936 ou du gouvernement de 1945 issu du Conseil National de la Résistance. Cela donne à réfléchir... Quand est-ce qu'on recommence ? 

 

EXPRESS YOURSELF

Mai-68: pourquoi la France en garde une bonne image

L’Express

Par Henri Weber, publié le 09/03/2018 à 16:53

Il en fut l'un des animateurs: l'ex-sénateur socialiste Henri Weber

écrit à L'Express pourquoi il juge que la France se souvient avec

nostalgie des "événements" de mai 1968.

 

Le mouvement de mai 68 a été international, mais il n'y a qu'en France qu'il

donne lieu à des commémorations décennales de grand style. Nulle part ailleurs

on ne constate une telle débauche de livres, de films, de débats audiovisuels, de

colloques et d'éditions spéciales.

La bonne image que conservent les "événements", malgré des campagnes de

dénigrements de moins en moins subtiles orchestrées par les droites, tient à au 

moins trois raisons.

Tout d'abord, dans la mémoire collective des Français, Mai 68 est associé à un

grand moment de conquêtes démocratiques et sociales. La "contestation" s'est

attaquée à toute les formes autoritaires d'exercice du pouvoir: à l'Université, mais

aussi dans la famille, le couple, l'entreprise, la Cité. Elle s'en est pris à toutes les

formes de discriminations: entre les classes sociales, les genres, les "races", les

préférences sexuelles, les cultures régionales.

Dans la France de l'après-Mai, on imposait moins, on discutait et on négociait

davantage. Les individus ont gagné en autonomie et en libertés.

"La révolution hédoniste"

Sur le plan social, le salaire minimum, qui concernait alors 16% des travailleurs, a

augmenté de 35% d'un coup, le salaire moyen de 10%. Les droits syndicaux ont

été reconnus dans l'entreprise et toute une série de négociations

interprofessionnelles nationales ont été programmées qui ont abouti à de grandes

avancées sociales: du droit à la formation professionnelle pour adultes, en 1969,

à l'indemnisation totale du chômage en 1975, en passant par la mensualisation

des salaires ouvriers et l'institution du salaire minimum de croissance (Smic).

Sur le plan "sociétal", l'homosexualité et l'interruption volontaire de grossesse

(IVG) ont cessé d'être des crimes durement réprimés par la loi. Les femmes ont

obtenu l'autorité parentale conjointe sur leurs enfants et le droit d'ouvrir un

compte en banque sans l'autorisation de leur mari. La marche vers la parité et

l'égalisation des salaires à commencé sa (lente) courbe ascendante. La

révolution hédoniste est venue couronner la progression démocratique.

EN IMAGES >> 1968-2018: la France devient moderne

En second lieu, aux yeux de la grande opinion, Mai 68 "ça s'est bien terminé". Le

gauchisme français n'a pas sombré dans la lutte armée, contrairement à ce qui

s'est produit en Italie, en Allemagne, au Japon, aux Etats-Unis. La "fête juvénile"

n'a pas débouché sur les "années de plomb". Les groupes maoïstes qui

préconisaient la "Nouvelles Résistance" ont eu la sagesse de s'arrêter au bord du

gouffre et le courage de s'auto-dissoudre, en 1973. Malgré six semaine

d'affrontements violents entre manifestants et forces de l'ordre, on n'a eu à

déplorer que cinq morts, dont deux par accidents.

Les soixante-huitards qui sont restés en politique sont passés de la Révolution à

la Réforme, ce qui pour l'immense majorité des Français constitue plutôt un

progrès. Ils ont cherché à obtenir par l'action associative, syndicale, électorale, ce

qu'ils n'avaient pu obtenir par la grève générale et les manifestations violentes.

Par vagues successives, beaucoup d'entre eux ont rejoint les partis de l'Union de

la Gauche: PS, Verts, plus rarement PCF... La victoire de la gauche en 1981,

après vingt trois ans d'opposition, leur est apparue comme un effet différé de la

"Révolution de Mai".

"Collectivement fière"

La troisième raison de cet engouement du peuple de gauche pour Mai 68, c'est

que cet événement a été vécu par beaucoup comme un moment de grâce, qui

laissait entrevoir ce que serait une société fraternelle. Il n'y a qu'en France que le

soulèvement de la jeunesse a déclenché une grève générale de six semaines,

avec occupation d'usines et début de coordination des comités de grève. La vie

ordinaire, routinière, insipide - "métro, boulot, dodo" -, s'est totalement arrêtée.

Plus de transports, de courrier, de production.

Les rapports sociaux habituels, hiérarchiques, conflictuels, aliénants, ont été

suspendus. D'autres, plus généreux, plus chaleureux, plus fraternels, s'y sont

substitués. Tout le monde parlait à tout le monde et la poésie fleurissait sur les

murs. Dans les entreprises et les universités occupées, dans les manifestations

et les assemblées générales quotidiennes, les Français ont "vécu sans temps

morts", une vie intense, riche et exaltante, dont ils ont gardé et transmis le

souvenir.

Au-delà des revendications politiques et sociales, c'est ce désir d'une autre

civilisation, moins productiviste, moins mercantile, plus soucieuse de la dignité et

de l'accomplissement de chacun, qu'ils ont exprimés.

"La France n'est grande que lorsqu'elle incarne une cause universelle", disait le

général de Gaulle. En Mai 68, la France s'est sentie grande et fidèle à elle même,

à sa mission émancipatrice.

Elle a brillé de tous ses feux dans le concert des nations et a éprouvé le

sentiment de faire à nouveau l'Histoire. Et c'est de cela qu'elle reste

collectivement fière aujourd'hui.

Henri Weber est ancien sénateur et député européen socialiste et auteur de Faut-

il liquider Mai 68? Essai d'interprétation des événements. Seuil, Paris, 2008.

 

 

 

 

 

Il y a 50 ans, Mai 68

 

 

 

   

Mai 68 n’est pas un événement franco-français, comme la Commune de Paris ou l’ affaire Dreyfus, mais un mouvement international. Il surgit en Californie et au Japon, au début des années 1960, connaît son point culminant en 1968, en France et en Italie, et produit ses « répliques » dans quarante deux pays jusqu’au milieu des années soixante-dix.

Sa force motrice n’est pas une classe sociale - classe ouvrière ou nouvelle classe  moyenne salariée -, mais une classe d'âge : les adolescents et post-adolescents du baby boom. Il n’y a qu’en France que le soulèvement de la jeunesse scolarisée précipite une grève générale ouvrière et provoque une crise politique majeure.

 Comme tout grand mouvement social, mobilisant pendant des mois et des années des millions de personnes de toutes origines, la « Révolution » de Mai 68 fut composite et hétérogène. Elle s’est exprimée dans un langage et un folklore marxiste, familier à tous il y a cinquante ans, mais qui lui confère aujourd’hui un parfum d’étrangeté.

 On ne peut pas la réduire à sa composante ultra-radicalisée, les groupuscules gauchistes : maoïstes, trotskistes, anarchistes, spontanéistes. Il ne faut pas confondre l’écume des vagues avec la profondeur de la mer.

 On ne peut pas comprendre l’ampleur et l’intensité du soulèvement de la jeunesse, tout au long des années1960-1970, si l’on n’a pas en tête ce qu’étaient alors  les rapports entre parents et enfants, maîtres et élèves, patrons et salariés, étudiants et professeurs, hommes et femmes, gouvernants et gouvernés. Au cours des années 1950-1960, la France s’était beaucoup modernisée sur les plans techniques et économiques. Mais au niveau des moeurs et des rapports d’autorité, elle était restée profondément marquée par son passé catholique et rural. La radicalisation de la jeunesse des écoles est le fruit de cette contradiction que son soulèvement a permis de dénouer. Sa politisation est le fruit de sa révolte contre les guerres coloniales que menaient les puissances impérialistes occidentales – guerre d’Algérie, guerre du Vietnam … - ; et de la crise du communisme, après la dénonciation des crimes de Staline, en 1956, par Nikita Khrouchtchev.

  Dans son courant principal, Mai 68 fut un grand mouvement démocratique et libéral (au sens politique et culturel du terme) ; hédoniste et communautaire, et dans sa composante la plus politisée, romantique et messianique :

Comme mouvement démocratique, Mai 68 s’est attaqué à toutes les formes de discrimination - entre les classes sociales, les genres, les « races », les religions, les préférences sexuelles…-  au nom de l’idéal  d’Egalité.

Comme mouvement libéral il s’est  dressé contre toutes les formes autoritaires d’exercice du pouvoir - à l’école, à l’université, dans la famille, dans le couple, dans l’entreprise, dans la Cité.

Comme mouvement hédoniste et communautaire il s’est insurgé contre le puritanisme répressif de sociétés encore profondément marquées par la morale traditionnelle; mais aussi contre la solitude de masse engendrée par l’urbanisation accélérée et la généralisation des rapports marchands.

Comme mouvement romantique et messianique il s’élevait contre l’aliénation des individus engendrée par la société d’exploitation et de consommation de masse – « métro, boulot, télé, dodo, y’en a marre ! » -  au nom de « la vraie vie », intense, fraternelle, épanouissante, saturée de sens.

 

 

 Le bilan de Mai 68 est largement positif. Fruit de la plus grande grève générale de l’Histoire de France, il consiste tout d’abord dans un ensemble de conquêtes sociales qui ont transformé la condition ouvrière dans notre pays: mensualisation des salaires, reconnaissance de la section syndicale d’entreprise, augmentation de 35% du SMIG et de 10% des salaires, création du Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance, accord contractuel sur la formation professionnelle permanente, indemnisation totale du chômage…

Ce bilan comporte simultanément une série de conquêtes juridiques et politiques : dépénalisation de l’homosexualité, liberté de la contraception, légalisation de l’interruption volontaire de grossesse, autorité parentale conjointe des parents sur les enfants, possibilité pour les femmes d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur mari, droit à l’égalité professionnelle entre homme et femmes: en 1968 seulement 44% des femmes travaillaient contre 85% aujourd’hui. A quoi s’ajoute un début de décaporalisation des médias, la loi Edgar Faure de démocratisation de l’Université, la prise en compte des cultures régionales…


 7) Les droites conservatrices et réactionnaires désignent dans Mai 68 la source de tous nos maux. Ce mouvement nihiliste aurait selon elles sapé l’autorité et la morale, fondements de la vie en commun, au profit de l’individualisme égoïste et narcissique. On lui devrait le naufrage de l’Ecole et de l’Université, la précarisation du couple, la désagrégation de la famille, la démission des parents et des profs devant les enfants-rois, l’anxiété des individus privés de repères, la banalisation de la toxicomanie, l’explosion de la délinquance, la faiblesse de notre croissance…Cette érection des « événements » en bouc émissaire absolu n’a aucun sens. Elle relève d’un procédé polémique bien connu : « consécution = conséquence », ce qui est advenu (en mal) après 1968 à pour cause Mai 68.

8) Dans leur grande majorité, les soixante-huitards n’ont pas rejeté l’autorité mais l’autoritarisme. Ils ne se sont pas élevés contre toutes les formes d’exercice du pouvoir, mais contre ses formes les plus archaïques: le pouvoir patriarcal dans la famille, machiste dans le couple, sexiste dans la société, mandarinal à l’université, patriarcal ou despotique dans l’entreprise, bonapartiste dans la cinquième République. Ils se sont dressés simultanément contre les autoritarismes les plus modernes, les pouvoirs technocratiques et bureaucratiques régissant les grandes organisations. Ils considéraient comme légitimes, en revanche, les pouvoirs fondés sur la compétence ou/et l’élection, c’est-à-dire sur le consentement de ceux qui y sont assujettis.
      

 9) les soixante-huitards ne récusaient pas toute morale, il dénonçaient la morale puritaine, répressive et hypocrite, alors dominante : cette morale qui stigmatisait les relations sexuelles avant et hors mariage, refusait la contraception, réprimait durement l’avortement et  l’homosexualité, interdisait le droit de mourir dans la dignité aux malades incurables et en proie à la souffrance. Ils revendiquaient le droit aux plaisirs, à la jouissance, au bonheur, à la  vie intense. Issu de l’ indignation morale des baby boomers contre les guerres coloniales, avec leur cortège de tortures, de massacres, de racisme, le mouvement de Mai 68 fut au contraire profondément moral. Au sommet de son échelle de valeurs il plaçait la liberté, mais aussi la justice, la solidarité, l’égalité... l’éthique humaniste et républicaine qu'avaient enseignée aux élèves des années soixante les instituteurs de l’Ecole laïque. 


     10) Le mouvement de mai 68 n’était pas nihiliste, il était au contraire utopiste et romantique. Mûs par un formidable optimisme historique, les soixante-huitards rêvaient d’instaurer une société  radicalement nouvelle, un socialisme autogestionnaire qui ouvrirait l’ère de la liberté. Ils voulaient ré-enchanter le monde, les uns par la révolution politique, les autres par la révolution culturelle, beaucoup par la combinaison des deux à la fois. Leur ambition était sans doute chimérique, elle n’était ni médiocre, ni égoïste, ni destructrice.

 

    11)  Le mouvement de mai 68 voulait étendre les droits et les libertés collectives et individuels. En cela, il était individualiste, assurément. Mais son individualisme n’était pas égoïste, et encore moins « narcissique », il ne s’opposait pas au collectif, bien au contraire. La génération de 1968 était convaincue que la conquête des nouveaux droits et libertés ne pouvait se faire que par l’action collective, et que leur préservation et leur développement exigeaient des institutions collectives, une forme d’organisation de la société et de l’Etat. Réagissant contre la solitude de masse, ils aspiraient à la communauté, la fraternité née de l’action, la fusion dans un grand Nous, communiant dans des valeurs partagées et un même « Grand Dessein ».

 

   12) Au passif du mouvement de  Mai 68 je retiendrais sa fascination pour la violence. Les baby boomers sont venus à l’engagement politique par révolte contre la guerre d’Algérie puis du Vietnam, la première répression de masse retransmise quotidiennement à la télévision. Ils sont les contemporains de trois décennies de révolutions  coloniales armées, entraînant la chute des Empires occidentaux. L’idée que la violence des opprimés est légitime et nécessaire leur paraissait évidente. Certains d’entre eux ont mis trop de temps à comprendre que si la lutte armée est légitime contre des dictatures despotiques, elle ne l’est pas contre des démocraties avancées.

 

     13) A son passif également je mettrais la réactivation de la culture révolutionnaire de la gauche française et de son « logiciel marxiste ». En 1966 la gauche socialiste avait commencé son aggiornamento idéologique, au Colloque de Grenoble. Elle se tournait vers les modèles sociaux-démocrates nordiques ou rhénans et leur réformisme assumé. Mai 68 est venu balayer ce renouveau et a ouvert un cycle de radicalisation politique qui ne s’est épuisé qu’au milieu des années 1980. Ce retour de flamme de notre culture d’affrontement a été particulièrement inopportun à une époque où la « troisième révolution industrielle » et la « seconde mondialisation »  imposaient un énorme effort de modernisation économique et sociale de notre pays. La réactivation de l’idéologie de la « lutte de classe » et de la culture du conflit, a considérablement aggravé au contraire les rigidités de la société française et sa résistance au changement. 

 

    14) Des trois moteurs de Mai 1968: la revendication démocratique, l’aspiration hédoniste, l’espérance utopique,  les deux premiers tournent encore à plein régime un demi siècle plus tard et n’ont rien perdu de leur force propulsive. En atteste la récente lame de fond du mouvement des femmes contre le harcèlement sexuel et les inégalités professionnelles. C’est au nom de la défense des valeurs démocratiques que les enfants et les petits enfants des soixante-huitards descendent régulièrement dans la rue, souvent en famille. Et je souhaite bien du plaisir au gouvernement d’ordre moral qui voudrait revenir sur la libéralisation des moeurs.

 

     15) En revanche le troisième moteur a été noyé par l’effondrement de l’utopie la plus ambitieuse et la plus mobilisatrice des deux derniers siècles : le socialisme révolutionnaire, puis le communisme.

 Les enfants des soixante-huitards n’espèrent plus édifier « le meilleur des mondes »  même s’ils ne se résignent pas au désordre existant et sont prêts à s’engager pour un monde meilleur. Mais ils ne disposent plus d’une  représentation de la «  société désirable », alternative crédible à l’ordre établi. C’est pourquoi un « nouveau Mai » est hautement improbable dans un avenir prévisible.

 

    16) Cinquante après, le bilan de Mai 68  apparait  contrasté - comme tout bilan honnête -  mais largement positif. Comme celui du Front populaire de 1936 ou du gouvernement de 1945, issu du Conseil National de la Résistance.  C’est l’une des raisons de son  rayonnement persistant, malgré les campagnes de dénigrement, de moins en moins subtiles, dont il est l’objet.

 

    17)  Une autre raison de la popularité de Mai 68 est qu’en France, le « fête juvénile » n’a pas dégénéré en « années de plomb », comme en Italie, en Allemagne, au Japon. Le gauchisme politique n’a pas sombré dans le terrorisme. Le souvenir du joli mois de mai n’est pas terni comme il le fut ailleurs, par des mutilations et des assassinats impardonnables. 

 

    18) Faut il « liquider 1968 » comme nous y exhortent la droite et l’extrême droite ? Certainement pas, pas plus qu’il ne fallait liquider 1936, 1945, ou 1789. Il faut dépasser Mai 68, tout en le conservant: garder son inspiration et sa ferveur, défendre et approfondir ses acquis ; mais renoncer à la violence comme moyen de transformation de la société et de conquête du pouvoir. Changer la société par la persuasion, les élections, les contrats, la loi, ce qui n’exclut pas, au contraire les mobilisations de masse et, autant que nécessaire, les épreuves de force. Abandonner l’utopie chimérique de la société parfaite, non pas pour tourner le dos à toute utopie, mais pour adhérer à l’utopie réaliste de la « social-écologie » et de l’Europe politique. Faire l’Europe, et de l’Europe la première démocratie économique, écologique, sociale du monde, foyer d’une nouvelle Renaissance, et levier d’une autre mondialisation.

 

Save the date !

 Vendredi 23 mars à 16h - Espace Jean Jaurès à Tomblaine.


C.Jérôme

Dans le journal d'aujourd'hui, on évoque la disparition de C.Jérôme, un 14 mars, il y a 18 ans...
Un jour C.Jérôme mangeait chez moi sur la terrasse et à côté de lui le petit Hugo, 5 ans, (devenu depuis Hugo F chanteur), piquait les glaçons de l'apéro dans le seau à glace, pendant que les grands parlaient musique et refaisaient le monde...

Une voiture électrique peut émettre plus de CO2 qu'un vulgaire diesel

Si l'on englobe l'ensemble de son cycle de vie, une voiture électrique peut émettre plus de CO2 qu'un vulgaire diesel... Les batteries électriques ? Des réservoirs bourrés de métaux rares, très polluants et monopolisés par la Chine. Guillaume Pitron, ancien juriste devenu journaliste, a pendant huit ans parcouru la planète – Chine, Malaisie, Indonésie, Afrique du Sud, Amérique du Nord – pour enquêter sur la fameuse "transition écologique"... qui n'est pas si verte. Il en relate les dessous dans "La Guerre des métaux rares", aux éditions Les Liens qui Libèrent. Ecoutez

Publié le 13-02-2018 par NouvelObs Chronique

Lien : ici

Des milliers de gens laissés sur le carreau.

Avant, il y avait les emplois aidés (dernière dénomination : CAE). Certes ça n'était que de l'emploi précaire, mais ça permettait aux Communes et aux associations qui jouaient le jeu de proposer de l'emploi aux personnes les plus en difficulté, de la formation, et un accompagnement pour rechercher le retour à l'emploi pérenne. Cela restait de l'espoir. 

Et puis est arrivé Emmanuel Macron, son gouvernement et ses députés godillots.

En tant que Maire, au plus près de la population,  je souhaite apporter un témoignage factuel.

 

Parce que Macron ne défend l'intérêt que des banques, les pauvres il ne connait pas, il les méprise.

Son gouvernement et ses députés sont incompétents, donneurs de leçons et complètement hors sol, il ne savent pas ce que c'est qu'un pauvre. Ils ne sont là que par opportunisme et les médias sont complices.

Ce gouvernement est amateur, il fait des effets d'annonce, il présente des réformes et le lendemain matin quand il se réveille, il se demande "comment on fait ?". Les exemples sont nombreux : suppression de la taxe d'habitation, accès au logement social, etc.

Les résultats sur le terrain, dans la vraie vie (pas celle des salons mondains), est catastrophique.

Sans aucune concertation, en septembre 2017, les Préfectures ont été missionnées pour les basses besognes : plus de CAE signés = des milliers de pauvres gens de tous âges qui attendaient, qui espéraient, se sont retrouvés du jour au lendemain sur le carreau.

De temps en temps on entend des discours édulcorés, mais surtout mensongers. Il y aura de nouveaux contrats aidés en 2018... 

Le changement c'est maintenant : ça ne s'appellera plus des CAE (grotesque, encore une idée géniale d'un technocrate de Bercy qui va nous coûter une fortune rien que dans les changements des formulaires et d'en-tête de courriers...).

Mais pour l'instant on ne sait pas comment vont s'appeller ces nouveaux contrats. On sait juste que leur nombre sera diminué par deux, que les critères d'éligibilité seront plus resserrés encore qu'avant (comment inventer le moyen de rendre la pauvreté variable d'ajustement budgétaire...) et aussi que Pôle Emploi viendra faire des contrôles sur place (décidément, c'est une obssession !). Ridicule, chacun sait que c'est impossible et que ça coûterait là aussi une fortune ! 

Macron rêverait-il d'un Etat définitivement policier pour faire taire tout ceux qui ne l'idolâtre pas ?

En attendant, quand on interroge la Préfecture pour savoir quand on pourra signer ces nouveaux contrats et qui pourra en bénéficier, il n'y a pas de réponse. Waterloo morne plaine, comme si on avait honte de porter des politiques publiques aussi minables...

Les communes, elles, sont exangues à force de baisses de dotations et de transfert de charges, on les étrangle. Les associations se voient de plus en plus couper leurs vivres. L'Etat, parce qu'il est inculte, ignore que ce sont les Communes et les associations qui sont garantes de la Cohésion Sociale, de la Solidarité et de la Fraternité dans notre pays.

Non, mais allo ? Quoi... Macron ! C'est les pauvres qu'on abandonne !!!

 

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