Les médias ont complètement rompu avec leur devoir d’information pour la tentation du scoop et du sensationnel, ce sont là des déviances dommageables à la Démocratie et à la République, dues aux difficultés économiques que connaissent ces mêmes médias : il faut vendre du scoop ! N’importe quel scoop, à n’importe quel prix, de la délation, de la suspicion, cela ressemble à la Saint-Barthélémy ? A la Terreur ? A l’Inquisition ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que c’est l’époque de tous les amalgames, les mots, les valeurs n’ont plus de sens. Ou plutôt plus de sens commun, plus de références communes et cela part donc dans tous les sens. Ainsi, on qualifie de bourgeois celui qui est un peu plus propriétaire qu’un autre, on parle d’enrichissement en suggérant la fraude, alors que dès que vous gagnez un euro vous vous enrichissez.

Je pense qu’il y a plus appauvrissement intellectuel de la société par le populisme qu’il n’y a enrichissement des élus de la République. Je combats tout cela, je n’ai aucune animosité contre ces commentateurs, observateurs, ou spécialistes de tous ordres et d’ailleurs je dois reconnaître que les femmes et les hommes politiques ont largement leur part de responsabilité. Mais s’il vous plaît, acceptez que l’on puisse être élu de la République et honnête et de bonne volonté.

Après les avoir superfliqués, voilà au nom de « l’Exception » qui a super triché qu’on leur demande de se mettre à nu ! Quand Chirac était qualifié de « Super Menteur », c’était par les Guignols de l’Info, mais les journalistes, eux, ne sont pas des Guignols, ils ont une vraie responsabilité, ils ne doivent pas organiser la suspicion, ils ne doivent pas fabriquer l’accusation. Courage Mesdames, Messieurs, résistez à l’uniformité du discours, à la médiocrité par la convenance ! La réalité aujourd’hui, c’est qu’un élu bénéficie souvent d’un mauvais statut ou d’un non-statut, par ailleurs un élu touche des indemnités de fonction.

Si avant cela, il a travaillé, économisé et qu’il est devenu propriétaire d’une maison, d’une voiture, on le lui reproche, on lui demande la marque de sa voiture, on pousse l’inquisition jusqu’à lui demander s’il a un compte épargne (!), s’il a déjà gagné au loto (véridique !). Est-ce là le rôle de journalistes ? Ou bien celui de juges ? Ca, c’est pour ce qu’il a gagné avant que d’être élu, et puis un jour, il est élu, il perçoit donc des indemnités… S’il n’en dépense rien, il thésaurise, on lui reprochera ses comptes en banque trop fournis. S’il achète et devient propriétaire, on lui reprochera un patrimoine trop important, s’il dépense au fur et à mesure, on lui reprochera son train de vie et imaginez qu’en plus il soit un affreux cumulard ! Alors peut-être faudrait-il ramener le niveau des indemnités d’élu au SMIC, que les élus fassent voeu d’abstinence et même peut-être qu’ils deviennent moines ?

Sérieusement, je ne trouve pas que les élus soient trop indemnisés eu égard au travail fourni, pendant ce temps-là on ne parle pas des vrais scandales, on ne parle pas de ceux qui n’ont pas le minimum décent à vivre dans la dignité, parce que les richesses sont si mal redistribuées dans ce pays. Mais les commentateurs, les observateurs, les spécialistes de tous ordres choisissent la facilité. Il est beaucoup plus facile de disserter sur Jean-Marc Ayrault que sur Monsieur Mittal. Pourtant, le scandale est bien là et les élus ne sont pas les puissants que l’on dit face à ces monstres de la finance.

Souvenez-vous que ceux qui jouissaient d’être spectateurs, lorsque quelques mécréants subissaient le supplice de la roue et étaient mis à nu sur la place publique, ceux qui jubilaient, qui hurlaient, qui applaudissaient, au nom de je ne sais quelle morale ou quel ordre, ceux-là n’étaient pas toujours les meilleurs paroissiens… Ils exigeaient la transparence, ils ne portaient que l’obscurantisme.