Je me suis rendu à l’invitation de la Fédération des Foyers Ruraux de Meurthe-et-Moselle à l’Université Rurale d’été organisée dans ce département chaque année. Chaque fois, c’est la même chose : un accueil d’une convivialité exceptionnelle, des gens de tous âges, de conditions très différentes, de vrais militants de l’Education Populaire qui se retrouvent et qui vous accueillent chaleureusement. J’ai à chaque fois l’impression de retrouver des dizaines et des dizaines de copains.
Par les temps qui courent, c’est une bouffée d’oxygène extraordinaire : on arrive dans une espèce de village avec des tentes, des marabouts, des équipements sportifs et la salle des fêtes, investis par des militants de l’imagination, de la création, du lien social, de la transmission des savoir-faire. Bref, des militants de l’Education Populaire.
Peut-être réalise-t-on encore plus, parce qu’on est en milieu rural, combien l’Education Populaire est essentielle, indispensable, vitale alors que, on le sait, en milieu urbain, les Fédérations d’Education Populaire font également un travail remarquable.
Quand on débarque dans cette Université Rurale d’été, sorte de laboratoire faite d’expérimentations artistiques, artisanales, faite de tranches de vie, on est fortement ébranlé surtout au lendemain d’un renouvellement ministériel. En effet, on réalise tout à coup que l’on avait presque oublié que ce Gouvernement de Gauche, dans sa présentation, n’a même plus un Secrétaire d’Etat à l’Education Populaire !
Lorsque Valérie Fourneyron était Ministre des Sports, elle avait dans ses responsabilités l’Education Populaire puis après elle, l’Education Populaire est passée à la trappe.
François Hollande, qu’as-tu fait de l’Education Populaire ?
C’est historiquement une véritable trahison, c’est oublier le sens que l’Histoire a donné à l’Education Populaire dans la construction de notre société. L’Education Populaire c’est le Progrès, un Gouvernement progressiste ne peut pas l’ignorer. Mais c’est aussi économiquement une erreur car l’Education Populaire crée du lien, forme à la citoyenneté active, crée des emplois, est vecteur de développement local, permet la construction de la vie ensemble dans les territoires. Ce n’est pas utiliser des grands mots que de dire que l’Education Populaire participe à une révolution culturelle et solidaire permanente. C’est faire en sorte que chacun puisse avoir sa place et partir du principe que chacun a des qualités à mettre au service des autres.
De plus, par son action de formation permanente, l’Education Populaire a un grand rôle à jouer aujourd’hui dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires où les communes ont besoin de recruter des animateurs compétents.
Sans l’Education Populaire, rien n’est possible. En Meurthe-et-Moselle, le Conseil Général, parce que Michel Dinet l’avait voulu, reste très présent aux côtés des Fédérations d’Education Populaire. Mais cette absence de reconnaissance au niveau national qu’accompagnent des lignes budgétaires sans cesse en diminution est particulièrement inquiétante.
Très franchement, apporter de la reconnaissance et des moyens aux Fédérations d’Education Populaire coûterait trois fois rien eu égard aux 20 milliards du CICE et Monsieur le Président, ça pourrait rapporter gros.
Hervé FERON