La trêve fragile arrachée il y a quelques jours au Proche-Orient a de nouveau volé en éclats. Après l’opération « Bordure protectrice » dans la bande de Gaza qui a duré près de deux mois, occasionnant près de 2.150 morts du côté palestinien, 10.900 blessés et 10.000 bâtiments ravagés, le gouvernement israélien a annoncé son intention de s’approprier 400 hectares de terrains en Cisjordanie à proximité de la colonie de Gva’ot.

Moins d’une semaine après être parvenu difficilement à un cessez-le-feu illimité à Gaza, les hostilités n’ont en réalité pas cessé, elles revêtent seulement une autre forme. En effet, il s’agit bel et bien d’une nouvelle agression contre les citoyens palestiniens vivant à proximité de la colonie de Gva’ot et plus généralement de ce peuple qui est puni au quotidien par des actes ignobles issus de la politique colonialiste dictée par le gouvernement israélien.

C’est une décision totalement irresponsable du Gouvernement israélien alors que le Premier Ministre Benyamin Nétanyahou affirmait récemment qu’il avait décidé « de ne pas [s’]embourber dans Gaza » et « de [se] limiter à [son] objectif : ramener le calme aux citoyens d’Israël ». Comment croire en de telles affirmations lorsque l’on sait que cette accaparation de terrains représente la plus grande opération de ce genre depuis les années 1980 et que des négociations de paix doivent intervenir ce mois-ci ? Comment le Gouvernement israélien espère-t-il pouvoir aboutir à une pacification des esprits et de la situation sur place dans ces conditions ?

Tout comme la Palestine, Israël a le droit d’exister et ses citoyens de vivre dans la quiétude mais ce n’est pas cette nouvelle provocation qui permettra d’atteindre cet objectif. Au contraire, le Gouvernement israélien par ses agissements ne fait que renforcer les tensions existantes afin d’accroître et de pérenniser son emprise en Cisjordanie.

Je condamne fermement cette nouvelle entreprise d’agression, de vols, d’humiliations, menée contre le peuple palestinien qui va à l’encontre des droits fondamentaux reconnus à tout être humain. Depuis plusieurs décennies,  les Palestiniens sont traités comme des sous-hommes. On les empêche de voir leurs familles, d’accéder aux services essentiels au quotidien, de circuler librement sur leurs terres lorsqu’on ne leur confisque pas tout simplement leur propriété. Ce n’est pas acceptable, Israël doit cesser cette politique dévastatrice pour ces femmes et ces hommes ainsi que pour la stabilité de ce territoire et du Moyen-Orient.

A Husan, à Nhalin, à Jab’Sourif ou encore à Wadi Fukin, déjà fortement touché dans le passé par ces expropriations contraires au Droit International et où des projets humanitaires comme la modernisation du système d’irrigation, cofinancés par plusieurs collectivités françaises (dont la ville de Tomblaine dont je suis le Maire) , ont été menés, c’est une véritable tragédie qui se prépare et qui est déjà à l’œuvre puisque les paysans n’ont plus accès à leurs terres.

Cette annonce du Gouvernement israélien me révolte, ayant pu constater personnellement les difficultés des habitants de la Cisjordanie et la misère dans laquelle sont enfermés nombre d’entre eux. La communauté internationale, dont la France qui a condamné cette décision, doit avoir le courage de dire stop à Israël de façon plus ferme et faire pression pour que les négociations reprennent autour de la cohabitation de deux Etats autonomes dans les frontières de 1967. La violence n’a que trop duré dans cette région, il est temps qu’elle prenne fin.

Il est temps que la voix de la France se fasse entendre.

Hervé FERON

 

Ci-dessous, la question écrite adressée au Ministre des Affaires Etrangères à ce sujet :

Monsieur Hervé FERON alerte Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et du Développement International sur la décision du gouvernement israélien d’accaparer des terres en Cisjordanie. A peine quelques jours après être parvenu à un cessez-le-feu avec les autorités palestiniennes, le Premier Ministre israélien a annoncé la confiscation de près de 400 hectares à proximité de la colonie de Gva’ot, en représailles à l’événement déclencheur de l’opération « Bordure protectrice », à savoir le meurtre de trois étudiants israéliens courant juin, attribué au Hamas. Les opérations militaires qui ont suivi dans la bande de Gaza ont causé près de 2.150 morts et 10.900 blessés du côté palestinien en deux mois de conflit, avant que n’intervienne le cessez-le-feu. Alors que des négociations doivent s’ouvrir ce mois-ci pour parvenir à une paix durable, cette décision du Gouvernement israélien est irresponsable et dangereuse pour la suite du processus de pourparlers. C’est une nouvelle agression et une punition dramatique infligée au peuple palestinien qui subit déjà depuis de nombreuses années des restrictions intolérables aux droits fondamentaux reconnus à tout individu. Les habitants et notamment les paysans des villages de Wadi Fukin, Husan, Nhalin et Jab’Sourif se voient interdire l’accès aux terrains relevant de leur propriété, avec des risques de renforcer la précarité dans laquelle nombre d’entre eux sont d’ores et déjà plongés. Il est également important de signaler que des projets humanitaires comme la modernisation du système d’irrigation de Wadi Fukin, où plus de 100 hectares sont accaparés par Israël, ont fait l’objet d’un financement solidaire de la part de plusieurs collectivités publiques françaises (dont la ville de Tomblaine que vous connaissez bien Monsieur le Ministre) dans le but d’améliorer le quotidien des habitants de Cisjordanie. Il demande ainsi à ce que le Gouvernement français intervienne auprès d’Israël en lien avec la coopération internationale pour faire cesser ces agissements qui nuisent à la recherche d’une solution pérenne reposant sur deux Etats cohabitant dans les frontières de 1967 et que la France soit moins indulgente vis-à-vis des actes intolérables perpétrés par les deux parties au conflit.