J’ai déjà eu l’occasion de vous parler du gaspillage alimentaire, fléau de notre société de consommation qui conduit les Français à jeter en moyenne vingt kilos de déchets alimentaires chaque année, alors même que beaucoup de gens souffrent encore de la faim aujourd’hui.
En janvier dernier, j’avais déposé un amendement au Projet de loi « Croissance et activité » visant à obliger les grandes surfaces à céder leurs invendus alimentaires encore comestibles à des associations de solidarité. Je m’inspirais en cela de la Proposition de loi de Jean-Pierre Decool, député du Nord, qui avait été examinée en séance publique mais non votée car considérée comme insuffisamment aboutie.
Le député Guillaume Garot, ancien Ministre de l’Agroalimentaire, était en effet chargé de rédiger un rapport envisageant le problème du gaspillage alimentaire dans sa globalité, en proposant des solutions à tous les niveaux (production, distribution, commercialisation, consommation). Ces propositions avaient été adoptées avec un large consensus par les députés, qui les avaient intégrées dans le Projet de loi de transition énergétique pour la croissance verte.
Or, pour de simples raisons de procédure, la majorité des articles relatifs au gaspillage alimentaire ont été censurés par le Conseil constitutionnel le 13 août. Seule la suppression de la Date Limite d’Utilisation Optimale (DLUO) sur un certain nombre de produits pour lesquels elle n’est pas pertinente (les produits d’épicerie non périssables) a été validée.
A la suite de cette censure, Ségolène Royal a dit vouloir réunir les représentants de la grande distribution pour faire « de manière volontariste et contractuelle ce que prévoyait la loi ». J’apporte tout mon soutien à l’action combative et déterminée de notre Ministre de l’Environnement, car j’estime qu’il s’agit d’une question de bon sens, d’humanité et de justice. Les responsables politiques ont mission de tout mettre en œuvre pour que l’on puisse faire société ensemble, solidairement.
Il s’agit bien sûr d’obliger la grande distribution à adopter des pratiques plus vertueuses (jamais plus nous ne pourrons accepter les pratiques de destruction d’aliments à l’eau de javel !), mais pas seulement. Chacun de nous à son rôle à jouer dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, et notamment, en première ligne, l’Etat. Il serait en effet souhaitable d’octroyer des moyens plus importants aux collectivités territoriales pour mettre en place des systèmes de tri dans les cantines. Il faudrait aussi aider les associations en leur donnant véritablement des moyens pour qu’elles puissent mieux stocker les produits et les redistribuer. J’ai d’ailleurs interpellé la Ministre à ce sujet dans une question écrite qui sera bientôt disponible sur le site Internet de l’Assemblée nationale.