Jeudi 30 juillet, le maire de la ville de Fréjus (Var), a décidé que les avantages dont bénéficiaient les artistes fréjussiens nécessitaient un « minimum de retour » de leur part. Concrètement, les artistes devront accueillir dans leurs locaux, de 16h30 à 18h, des enfants du primaire, et ce de manière totalement bénévole.
Cette décision purement arbitraire et unilatérale dévoile, une fois de plus, le vrai visage du FN, et la vision de l’extrême-droite vis-à-vis de la culture et des artistes.
En effet, cette décision a été prise sans aucune concertation préalable avec les artistes en question. Pour M. Rachline, maire de Fréjus, nul besoin de débattre sur la meilleure façon de faire participer les artistes aux activités culturelles et pédagogiques de la ville. Artistes ou personnel éducatif, tous doivent immanquablement se soumettre aux décisions de la mairie. La discussion, le débat, la participation de tous à la vie démocratique de la ville, sont bien les dernières préoccupations du représentant de ce parti d’extrême droite.
En leur demandant grossièrement un « retour sur investissement », M. Rachline dénigre le travail des artistes de sa ville, et de la France toute entière. Les œuvres qui en découlent sont autant de contributions au rayonnement de sa ville, qui bénéficie aujourd’hui d’un label d’art et d’histoire. Grâce à ces artistes, qui sont assimilés à des baby-sitters, Fréjus accueille un office de tourisme 4 étoiles, attire de nombreux personnes, et constitue un lieu de rendez-vous et d’expositions culturels. Au-delà de ce rayonnement artistique, c’est une véritable économie qui s’organise tout autour (hôtellerie, restauration, boutiques de souvenirs…). Le « minimum de retour » exigé en échange du soutien des pouvoirs publics existe donc déjà de fait, il est même inséparable de la création artistique.
Je suis bien sûr d’avis que les artistes doivent contribuer à la vie culturelle de leur ville et du pays, via des actions pédagogiques et de diffusion de leur savoir-faire. Mais, même si cette réforme occasionne des charges considérables pour les communes, les solutions ne manquent pas, quand on fait coïncider les bonnes idées et les bonnes volontés. A Tomblaine, 457 élèves participent gratuitement chaque mardi et vendredi de 15h à 16h30 à des activités artistiques aussi variées que les arts plastiques, l’éveil musical, le chant, le théâtre…Les intervenants sont salariés. Et la réforme des rythmes scolaires est un véritable succès pour l’épanouissement personnel de nos enfants.
Mais c’est bien cette ambition qui fait cruellement défaut au maire de Fréjus, ainsi qu’au parti qu’il représente. Ce n’est pas en considérant la culture, l’art et le rayonnement de la France, comme des pertes de temps et d’argent qu’il convient de fouler au pied, que M. Rachline servira sa ville. Les élus locaux qui mettent en œuvre des politiques culturelles et pédagogiques volontaristes en démontrent le contraire partout en France, tous les jours.