Agir pour vous et avec vous

Jour : 15 décembre 2015

Cela fait bizarre un lendemain d’élections d’avoir la gueule de bois alors qu’on n’a pas bu le champagne la veille…

La seule vraie satisfaction, c’est que de façon affirmée et confirmée, la grande majorité des français ne veut pas du Front National.

Mais hélas, c’est un peu pauvre comme satisfaction… Car ils sont tout aussi nombreux à devoir faire un non-choix. La société est malade et cette maladie est devenue chronique. Le malaise s’est installé.

La Politique est un concept honorable parce que vertueux, cela consiste à faire société, à organiser le vivre ensemble, à s’occuper de la vie de tous dans la Cité. Mais il existe une extraordinaire entreprise de démolition qui décrédibilise sans cesse la Politique dans ce pays…

Cela n’est probablement pas concerté, pas organisé, mais c’est une déviance moderne de notre société. Petite auscultation…petite contribution…

  •            La stratégie de François Hollande.

Il a probablement sacrifié les municipales, les européennes, les départementales, les régionales pour une stratégie personnelle par laquelle il espère se retrouver au deuxième tour de la Présidentielle face à Marine Le Pen et bénéficier ainsi d’un hypothétique front républicain pour lui offrir un second mandat présidentiel.

Il a certainement cru au début à l’efficacité de sa politique économique, mais il a vite abandonné certaines valeurs, certains engagements de la gauche. Il est certes moins pire que la droite de Sarko, mais j’ai le sentiment que plus je continue à le soutenir par fidélité, plus je crains de me  renier et de renier ma famille de pensée progressiste et humaniste.

Il a eu l’opportunité d’être élu Président, non pas parce que les Français l’ont choisi, mais parce que les Français ne voulaient plus de Sarkozy et pas plus de la droite. La tâche était dure, on n’a d’ailleurs jamais dit de lui « qu’il représentait un formidable espoir pour les Français », comme on avait pu le dire pour Mitterrand. Mais il a eu la possibilité de faire renaître l’Espoir. Et il n’a pas réussi cela…

Sur le plan international, en politique étrangère, il est plutôt performant, mais depuis le début de son mandat, dans nos villages, nos quartiers, nos villes, il ne sait rien du quotidien des Français, il n’entend pas la souffrance, du désespoir et pas même de la colère.

Question : la fonction présidentielle ne devrait-elle pas immerger l’homme au coeur de la vie des gens plutôt que de le placer au-dessus de tout et de le quasi déifier ?

Diagnostic : manque d’analyse, manque d’émotion, manque d’amour.

  •                      Le rôle des médias.

Au fil des mois les médias ont anesthésié le peuple de France, et ont formaté les intentions de vote, voire de non-vote. Ces médias pour qui aujourd’hui le sport national est de bouffer de l’élu. Les responsables politiques, appelés avec mépris « les politiques », sont sans cesse jetés à la vindicte populaire, suspectés, fliqués, interprétés, montrés comme des fainéants, des profiteurs, des tricheurs, des nantis, des cumulards. C’est la culture de l’amalgame et de la délation qui fait école, et qui encourage les réflexes individualistes et populistes dans la population. Car les citoyens n’ont plus de repères, ils ne croient plus en rien, ni à leurs élus, ni aux valeurs de la République. Ils méconnaissent la Fraternité, la Solidarité, la Laïcité, qui sont le socle de notre mode sociétal que l’on nomme « République » et ils ne font donc plus société…

Cette injustice permanente faite aux élus, par les médias, vient du fait qu’au 19ième siècle les patrons de presse étaient des intellectuels, cela a abouti à une loi celle de la liberté de la presse qui alors s’est justifiée…

Aujourd’hui les patrons de presse, comme les patrons des autres médias, sont des financiers, des commerçants. Parfois envoyés là d’ailleurs par des entreprises qui ne sont pas toujours des modèles d’intégrité… Les médias sont donc réduits à l’état de moyen au service de l’argent. Il faut vendre, exit l’information, seul le scoop est intéressant. Le travail des élus n’intéresse donc pas les médias, seules les dissentions, les dysfonctionnements, les « affaires » nourrissent aujourd’hui les rotatives.

Et puis, il n’y a plus d’analyse, c’est le règne des spécialistes. Allumez votre télévision, quand un responsable politique parle, juste après, vous avez droit à un spécialiste qui vient vous expliquer ce que le politicien vient de dire, c’est vous dire si on vous prend vraiment pour des cons ! A priori, les médias considèrent que vous ne comprenez pas, que vous ne pensez pas, alors ils vous expliquent ! Et ils vous habituent ainsi à ne pas penser, voilà pourquoi je dis qu’ils vous anesthésient et qu’ils formatent le vote à grands coups de sondages complices.

Aujourd’hui le moindre journal télévisé (télé publique comme privée !), le moindre talk-show, nous servent un spécialiste qui vient commenter, qui n’a que des certitudes ! Il y a des spécialistes de tout, des spécialistes de la politique, des spécialistes de la sécurité, des spécialistes de l’économie, il y aura bientôt des spécialistes des spécialistes ! Cela n’aboutit qu’à une précarisation intellectuelle.

Diagnostic : manque d’analyse, manque d’émotion, manque d’amour.

  •               Le rôle de la classe dirigeante.

Mais la précarisation intellectuelle, on la constate aussi chez nos gouvernants. Bien évidemment, je ne parle pas des élus en général, ceux qui travaillent, qui donnent leur temps, leur énergie, une grande partie de leur vie pour l’intérêt général.

Dans la classe dirigeante, je parle de ceux qui courrent sans cesse après le pouvoir et d’abord les apparatchiks de tous bords qui nourrissent sans cesse les projets des partis d’affirmations plus démagogiques les unes que les autres mais au service seulement de leurs ego et de leurs carrières personnelles.

Les donneurs de leçons, les faiseurs de morale, qui n’ont jamais rien géré dans leur vie, qui n’ont jamais dû assumer ces lourdes responsabilités, mais qui pensent tout savoir. Bien souvent Ils n’ont jamais gagné une élection et ils n’en gagneront peut-être jamais, il n’ont pas vraiment de légitimité, c’est peut-être de là qu’ils puisent l’aigreur de leurs propos.

Quand ceux-là trouvent le pouvoir dans leur parti, quel que soit le parti, le parti devient pesant ! Cela intoxique la vie démocratique, cela étouffe la liberté de penser. Alors les partis, tous les partis  qui se veulent républicains ne pensent plus, il passent leur temps à panser. Notre société crève des donneurs de leçons qui ne pensent pas…

Les citoyens sont prisonniers inconscients de cette sorte de dictature insidieuse, subliminale.

Diagnostic : manque d’analyse, manque d’émotion, manque d’ amour.

 

Quant à nos gouvernants, les puissants,  ils ont imposé des reconfigurations stupides de nos circonscriptions, de nos cantons, puis de nos régions, ils croyaient réorganiser, ils ont déstructuré… Après avoir perdu les municipales, les européennes, les départementales, les régionales, nos gouvernants actuels n’ont toujours rien compris. Chaque fois le discours du Premier Ministre est le même au lendemain de la défaite cuisante : « nous avons entendu les Français… et (dans la même phrase !), nous allons accélérer les réformes ! »

A aucun moment, il ne sera dit « nous nous sommes trompés, nous allons changer de cap ! »

Nos gouvernants sont sourds ! Ils ne connaissent pas, ils ne reconnaissent pas le peuple.

On attend d’eux qu’ils arrêtent de mettre à mal les collectivités publiques, les communes et les maires sont l’extraordinaire réseau républicain qui garantit la cohésion sociale dans la proximité sur nos territoires. On s’en rend compte plus que jamais en période d’état d’urgence. Que deviendra la cohésion sociale quand ces maires n’auront plus les moyens d’exercer leurs compétences ? Que se passera-t-il quand ils ne pourront plus donner des aides alimentaires d’urgence, quand il devront fermer les cantines scolaires, les foyers de personnes âgées ?

Il n’y a pas de nantis chez les fonctionnaires territoriaux, pas plus que dans la fonction publique hospitalière et dans la plupart des fonctionnaires d’Etat.

Les Français veulent des enseignants, des policiers, des infirmières. Les économies ne sont pas à faire là !

On attend d’eux qu’ils redonnent de l’espoir aux jeunes, de la solidarité aux plus fragiles, de la dignité, faire en sorte que chacun ait sa place dans la société. Quand on est maire, on sait que la réalité aujourd’hui c’est que des familles tout près de chez vous font le choix (discrètement en ayant honte) de ne plus partager qu’un repas par jour, car elle n’ont plus les moyens de faire mieux.

Oui, ça se passe en France en 2015 !

 

Mais les gouvernements se succèdent et restent toujours sur leurs positions, leurs certitudes, c’est le système. Les plus belles réformes sont en termes de réponses à des années lumières de la réalité du terrain et pour cause…

 

Que la droite soit au pouvoir ou que la gauche y soit, il se passe toujours les mêmes choses :

– les députés qui se courbent toujours plus dans l’espoir un jour de devenir ministres et qui sont capables de tout accepter dans l’espoir de…

– les injonctions, les pressions, les menaces du Premier Ministre envers les députés de son bord politique sans aucun respect de la nécessaire séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif…

– dans ces conditions l’impossibilité pour les députés de contrôler librement l’action du gouvernement, de poser des questions pourtant pertinentes, de proposer des amendements pourtant constructifs, de représenter le Peuple…

Tout cela, est une réalité. France, ta belle démocratie fout le camp !

Dans le très beau salon Delacroix avant la porte de Gauche donnant vers l’Hémicycle de l’Assemblée Nationale, chaque semaine, il s’organise une sorte de ballet avant et après la séance des Questions au Gouvernement…les ministres arrivent, leurs collaborateurs marchent à leurs côtés, mais toujours légèrement derrière, chacun se doit d’être obséquieux.

La superbe du Ministre qui usait pourtant hier ses fonds de culottes à nos côtés sur les bancs de l’Assemblée est toujours étonnante. Mais aujourd’hui, il est Ministre !

Ministre, c’est un peu comme un Dieu…C’est incroyable la concentration de dieux que l’on trouve à ce moment là dans le salon Delacroix ! Delacroix n’en avait pas prévu autant par ses évocations picturales sur les murs du salon éponyme, ça n’est pas le salon Delacroix, c’est le Mont Olympe !

Plus sérieusement, tous les ministres ne se comportent pas comme ça, heureusement. Mais le système est comme ça et dès lors la Démocratie est empêchée.

 

A propos de ce gouvernement de Gauche… Je regardais à la télévision la semaine précédant le premier tour des régionales. Une émission était consacrée à Emmanuel Macron. Et je me disais « il est souriant, avenant, il est beau, il est jeune, il est sympathique, bref le gendre idéal, on a envie de lui faire confiance, d’être ami avec lui » (je le dis sincèrement).

Oui, mais il a été mis en place parce que le peuple a choisi une politique de Gauche, et lui n’est pas de Gauche.  Et quand un enfant de 12 ans, dans cette émission télévisée, le lui faisait remarquer, lui même posait alors la question « c’est quoi être de Gauche ?

Moi, je crois qu’être responsable politique de Gauche, c’est être en capacité de proposer des solutions économiques performantes, efficaces, c’est avoir la « lucidité par l’économie ». Mais cela n’est pas suffisant, il faut que cette politique publique qu’est l’économie ne soit en permanence qu’un moyen au service de l’Humain. (je ne dis pas volontairement « au service du social » tant ce terme est aujourd’hui galvaudé et confondu avec « assistanat »).

L’Humain, la seule voie pour le Progrès : la Fraternité, le vivre-ensemble, la solidarité, l’Egalité, la Liberté, la Connaissance, la Culture.

Et comme ni Emmanuel Macron ni Manuel Valls ne mettent l’économie au service de l’Humain, on ne peut pas dire que leur politique soit de Gauche. Ils ont le droit, ils y croient, mais à ce moment-là, la « lucidité économique » attendue chez nos gouvernants est perçue comme une forme de cynisme par les citoyens. Et là, les citoyens décrochent, ils sont en perte de repères républicains.

 

…de la superbe du Dieu-Ministre traversant le salon Delacroix au misérabilisme de l’abstentionniste !  

Diagnostic : manque d’analyse, manque d’émotion, manque d’amour.

 

  •                 Et puis les autres, tous les autres.

 

Tous responsables ! et en premiers ceux qui ne veulent pas être responsables : les abstentionnistes qui abandonnent leur droit d’être citoyens, pour lequel on s’est tant battu, on est mort même en France et sur la planète, il n’y a pas si longtemps encore.

Commencer à se taire est une forme d’abandon peut-être, mais surement une forme de lâcheté.

Si la Politique ne t’intéresse pas, tu peux être sûr que la Politique s’intéressera toujours à toi.

C’est Sartre qui disait « Elections, piège à cons ! »

Aujourd’hui, parce qu’il était l’auteur de l’Être et le Néant, il dirait certainement « Abstention, piège à cons ! », parce que c’est par le néant que l’on abandonne tout esprit de civisme et toute fraternité.

Tous responsables ! La Cour des Comptes qui donne des avis d’opportunité sur des politiques publiques dont seuls les élus pourtant ont la légitimité, jetant l’opprobre sur les élus de la République quand elle ferait bien de balayer devant sa Chambre… Le Conseil Constitutionnel quand il déclare le Concordat compatible avec notre Constitution, les hauts fonctionnaires nantis de la République, dans les ministères qui sont des bouffeurs de collectivités locales,…Ils régentent, les Ministres passent, le haut fonctionnaire reste…

Diagnostic : manque d’analyse, manque d’émotion, manque d’amour.

  •                          Le FN

Nous sommes donc (moi comme vous) toutes et tous responsables de ce délitement terrible de la citoyenneté. Dans ce contexte, le Front National ne s’est pas constitué, nous l’avons tous créé, semé, arrosé, cultivé comme la chienlit au milieu d’un champ de bleuets et de coquelicots.

Si on excepte les quelques responsables nationaux et désormais hélas médiatiques du FN qui ont une stratégie basée sur la haine, la xénophobie, l’intolérance ordinaire, on voit émerger désormais sur tout le territoire des candidats FN. Avant, ils ne se montraient pas, aujourd’hui ils se montrent, mais il n’ont pas de discours vraiment construit, pas de programme.

Ils reproduisent souvent des bribes du discours officiel lepenisé, labellisé, plutôt bien élaboré et malin dans la dialectique, avec des formules bien ciselées et faites pour être assenées et répétées inlassablement.

Ils sont plutôt pauvres d’esprit ces candidats FN, ce n’est pas agressif de ma part de constater ça, mais c’est là que nait toute mon inquiétude.

Pauvres d’esprit, car l’intelligence se construit aussi par la Connaissance, par la Culture. Quand on lit, quand on est curieux, quand on apprend, on forme son intelligence parce qu’on acquiert de la Connaissance, des repères, des références, on peut faire des citations parce qu’on a travaillé et réfléchi au sens de la phrase. Par la Connaissance, par la Culture, on s’intéresse à l’autre, on reconnait les différences, on aime la diversité plutôt que de la craindre. Et ainsi on fait société.

Les candidats FN ne sont pas très cultivés, au moins ils ne le montrent pas. Ils n’aiment pas la Culture, ils ne peuvent donc pas « faire société », alors que, rappelez-vous au début de ce long propos divagatoire, j’écrivais que la Politique c’était « faire société ».

C’est ainsi qu’ils s’offrent à vous par le repli sur soi, le racisme, l’intolérance, l’individualisme, et ils vous proposent le tout  comme un remède quand tout cela n’est que gangrène.

Les candidats FN ont donc ce lourd handicap pour faire de la Politique, ils sont empêchés de faire société. Et les rendre majoritaires un jour serait particulièrement dangereux. C’est pourquoi il faut les combattre, aujourd’hui plus qu’hier et moins que demain.

Diagnostic : Manque d’analyse, manque d’émotion, manque d’amour.

Pour remettre un peu d’ordre dans tout ça, je propose que l’on redonne des moyens aux collectivités pour organiser la cohésion sociale et la solidarité sur les territoires, pour donner le pouvoir aux élus de mettre en cohérence les dispositifs institutionnels, les initiatives privées les services de l’Etat, pour former des citoyens libres et éclairés, pour retrouver une adéquation entre la formation professionnelle et l’employabilité sur les territoires, pour libérer les énergies, je propose que l’on redonne du service public aux citoyens, que l’on redonne le pouvoir au vote républicain en ouvrant les yeux et les oreilles quand le Peuple s’exprime, je propose un Ministère de l’Education Populaire, je vous propose de faire la connaissance de votre voisin, de vous intéresser aux autres et surtout à ceux qui ne vous ressemblent pas, soyons tous acteurs demain d’une citoyenneté retrouvée, d’une société fraternelle et solidaire !

Pour combattre la maladie, vous prendrez régulièrement une pincée d’analyse, une cuillerée d’émotion, un grand bol d’amour.

Cela fait bizarre un lendemain d’élections d’avoir la gueule de bois alors qu’on n’a pas bu le champagne la veille…

La seule vraie satisfaction, c’est que de façon affirmée et confirmée, la grande majorité des français ne veut pas du Front National.

Mais hélas, c’est un peu pauvre comme satisfaction… Car ils sont tout aussi nombreux à devoir faire un non-choix. La société est malade et cette maladie est devenue chronique. Le malaise s’est installé.

La Politique est un concept honorable parce que vertueux, cela consiste à faire société, à organiser le vivre ensemble, à s’occuper de la vie de tous dans la Cité. Mais il existe une extraordinaire entreprise de démolition qui décrédibilise sans cesse la Politique dans ce pays…

Cela n’est probablement pas concerté, pas organisé, mais c’est une déviance moderne de notre société. Petite auscultation…petite contribution…

  •            La stratégie de François Hollande.

Il a probablement sacrifié les municipales, les européennes, les départementales, les régionales pour une stratégie personnelle par laquelle il espère se retrouver au deuxième tour de la Présidentielle face à Marine Le Pen et bénéficier ainsi d’un hypothétique front républicain pour lui offrir un second mandat présidentiel.

Il a certainement cru au début à l’efficacité de sa politique économique, mais il a vite abandonné certaines valeurs, certains engagements de la gauche. Il est certes moins pire que la droite de Sarko, mais j’ai le sentiment que plus je continue à le soutenir par fidélité, plus je crains de me  renier et de renier ma famille de pensée progressiste et humaniste.

Il a eu l’opportunité d’être élu Président, non pas parce que les Français l’ont choisi, mais parce que les Français ne voulaient plus de Sarkozy et pas plus de la droite. La tâche était dure, on n’a d’ailleurs jamais dit de lui « qu’il représentait un formidable espoir pour les Français », comme on avait pu le dire pour Mitterrand. Mais il a eu la possibilité de faire renaître l’Espoir. Et il n’a pas réussi cela…

Sur le plan international, en politique étrangère, il est plutôt performant, mais depuis le début de son mandat, dans nos villages, nos quartiers, nos villes, il ne sait rien du quotidien des Français, il n’entend pas la souffrance, du désespoir et pas même de la colère.

Question : la fonction présidentielle ne devrait-elle pas immerger l’homme au coeur de la vie des gens plutôt que de le placer au-dessus de tout et de le quasi déifier ?

Diagnostic : manque d’analyse, manque d’émotion, manque d’amour.

  •                      Le rôle des médias.

Au fil des mois les médias ont anesthésié le peuple de France, et ont formaté les intentions de vote, voire de non-vote. Ces médias pour qui aujourd’hui le sport national est de bouffer de l’élu. Les responsables politiques, appelés avec mépris « les politiques », sont sans cesse jetés à la vindicte populaire, suspectés, fliqués, interprétés, montrés comme des fainéants, des profiteurs, des tricheurs, des nantis, des cumulards. C’est la culture de l’amalgame et de la délation qui fait école, et qui encourage les réflexes individualistes et populistes dans la population. Car les citoyens n’ont plus de repères, ils ne croient plus en rien, ni à leurs élus, ni aux valeurs de la République. Ils méconnaissent la Fraternité, la Solidarité, la Laïcité, qui sont le socle de notre mode sociétal que l’on nomme « République » et ils ne font donc plus société…

Cette injustice permanente faite aux élus, par les médias, vient du fait qu’au 19ième siècle les patrons de presse étaient des intellectuels, cela a abouti à une loi celle de la liberté de la presse qui alors s’est justifiée…

Aujourd’hui les patrons de presse, comme les patrons des autres médias, sont des financiers, des commerçants. Parfois envoyés là d’ailleurs par des entreprises qui ne sont pas toujours des modèles d’intégrité… Les médias sont donc réduits à l’état de moyen au service de l’argent. Il faut vendre, exit l’information, seul le scoop est intéressant. Le travail des élus n’intéresse donc pas les médias, seules les dissentions, les dysfonctionnements, les « affaires » nourrissent aujourd’hui les rotatives.

Et puis, il n’y a plus d’analyse, c’est le règne des spécialistes. Allumez votre télévision, quand un responsable politique parle, juste après, vous avez droit à un spécialiste qui vient vous expliquer ce que le politicien vient de dire, c’est vous dire si on vous prend vraiment pour des cons ! A priori, les médias considèrent que vous ne comprenez pas, que vous ne pensez pas, alors ils vous expliquent ! Et ils vous habituent ainsi à ne pas penser, voilà pourquoi je dis qu’ils vous anesthésient et qu’ils formatent le vote à grands coups de sondages complices.

Aujourd’hui le moindre journal télévisé (télé publique comme privée !), le moindre talk-show, nous servent un spécialiste qui vient commenter, qui n’a que des certitudes ! Il y a des spécialistes de tout, des spécialistes de la politique, des spécialistes de la sécurité, des spécialistes de l’économie, il y aura bientôt des spécialistes des spécialistes ! Cela n’aboutit qu’à une précarisation intellectuelle.

Diagnostic : manque d’analyse, manque d’émotion, manque d’amour.

  •               Le rôle de la classe dirigeante.

Mais la précarisation intellectuelle, on la constate aussi chez nos gouvernants. Bien évidemment, je ne parle pas des élus en général, ceux qui travaillent, qui donnent leur temps, leur énergie, une grande partie de leur vie pour l’intérêt général.

Dans la classe dirigeante, je parle de ceux qui courrent sans cesse après le pouvoir et d’abord les apparatchiks de tous bords qui nourrissent sans cesse les projets des partis d’affirmations plus démagogiques les unes que les autres mais au service seulement de leurs ego et de leurs carrières personnelles.

Les donneurs de leçons, les faiseurs de morale, qui n’ont jamais rien géré dans leur vie, qui n’ont jamais dû assumer ces lourdes responsabilités, mais qui pensent tout savoir. Bien souvent Ils n’ont jamais gagné une élection et ils n’en gagneront peut-être jamais, il n’ont pas vraiment de légitimité, c’est peut-être de là qu’ils puisent l’aigreur de leurs propos.

Quand ceux-là trouvent le pouvoir dans leur parti, quel que soit le parti, le parti devient pesant ! Cela intoxique la vie démocratique, cela étouffe la liberté de penser. Alors les partis, tous les partis  qui se veulent républicains ne pensent plus, il passent leur temps à panser. Notre société crève des donneurs de leçons qui ne pensent pas…

Les citoyens sont prisonniers inconscients de cette sorte de dictature insidieuse, subliminale.

Diagnostic : manque d’analyse, manque d’émotion, manque d’ amour.

 

Quant à nos gouvernants, les puissants,  ils ont imposé des reconfigurations stupides de nos circonscriptions, de nos cantons, puis de nos régions, ils croyaient réorganiser, ils ont déstructuré… Après avoir perdu les municipales, les européennes, les départementales, les régionales, nos gouvernants actuels n’ont toujours rien compris. Chaque fois le discours du Premier Ministre est le même au lendemain de la défaite cuisante : « nous avons entendu les Français… et (dans la même phrase !), nous allons accélérer les réformes ! »

A aucun moment, il ne sera dit « nous nous sommes trompés, nous allons changer de cap ! »

Nos gouvernants sont sourds ! Ils ne connaissent pas, ils ne reconnaissent pas le peuple.

On attend d’eux qu’ils arrêtent de mettre à mal les collectivités publiques, les communes et les maires sont l’extraordinaire réseau républicain qui garantit la cohésion sociale dans la proximité sur nos territoires. On s’en rend compte plus que jamais en période d’état d’urgence. Que deviendra la cohésion sociale quand ces maires n’auront plus les moyens d’exercer leurs compétences ? Que se passera-t-il quand ils ne pourront plus donner des aides alimentaires d’urgence, quand il devront fermer les cantines scolaires, les foyers de personnes âgées ?

Il n’y a pas de nantis chez les fonctionnaires territoriaux, pas plus que dans la fonction publique hospitalière et dans la plupart des fonctionnaires d’Etat.

Les Français veulent des enseignants, des policiers, des infirmières. Les économies ne sont pas à faire là !

On attend d’eux qu’ils redonnent de l’espoir aux jeunes, de la solidarité aux plus fragiles, de la dignité, faire en sorte que chacun ait sa place dans la société. Quand on est maire, on sait que la réalité aujourd’hui c’est que des familles tout près de chez vous font le choix (discrètement en ayant honte) de ne plus partager qu’un repas par jour, car elle n’ont plus les moyens de faire mieux.

Oui, ça se passe en France en 2015 !

 

Mais les gouvernements se succèdent et restent toujours sur leurs positions, leurs certitudes, c’est le système. Les plus belles réformes sont en termes de réponses à des années lumières de la réalité du terrain et pour cause…

 

Que la droite soit au pouvoir ou que la gauche y soit, il se passe toujours les mêmes choses :

– les députés qui se courbent toujours plus dans l’espoir un jour de devenir ministres et qui sont capables de tout accepter dans l’espoir de…

– les injonctions, les pressions, les menaces du Premier Ministre envers les députés de son bord politique sans aucun respect de la nécessaire séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif…

– dans ces conditions l’impossibilité pour les députés de contrôler librement l’action du gouvernement, de poser des questions pourtant pertinentes, de proposer des amendements pourtant constructifs, de représenter le Peuple…

Tout cela, est une réalité. France, ta belle démocratie fout le camp !

Dans le très beau salon Delacroix avant la porte de Gauche donnant vers l’Hémicycle de l’Assemblée Nationale, chaque semaine, il s’organise une sorte de ballet avant et après la séance des Questions au Gouvernement…les ministres arrivent, leurs collaborateurs marchent à leurs côtés, mais toujours légèrement derrière, chacun se doit d’être obséquieux.

La superbe du Ministre qui usait pourtant hier ses fonds de culottes à nos côtés sur les bancs de l’Assemblée est toujours étonnante. Mais aujourd’hui, il est Ministre !

Ministre, c’est un peu comme un Dieu…C’est incroyable la concentration de dieux que l’on trouve à ce moment là dans le salon Delacroix ! Delacroix n’en avait pas prévu autant par ses évocations picturales sur les murs du salon éponyme, ça n’est pas le salon Delacroix, c’est le Mont Olympe !

Plus sérieusement, tous les ministres ne se comportent pas comme ça, heureusement. Mais le système est comme ça et dès lors la Démocratie est empêchée.

 

A propos de ce gouvernement de Gauche… Je regardais à la télévision la semaine précédant le premier tour des régionales. Une émission était consacrée à Emmanuel Macron. Et je me disais « il est souriant, avenant, il est beau, il est jeune, il est sympathique, bref le gendre idéal, on a envie de lui faire confiance, d’être ami avec lui » (je le dis sincèrement).

Oui, mais il a été mis en place parce que le peuple a choisi une politique de Gauche, et lui n’est pas de Gauche.  Et quand un enfant de 12 ans, dans cette émission télévisée, le lui faisait remarquer, lui même posait alors la question « c’est quoi être de Gauche ?

Moi, je crois qu’être responsable politique de Gauche, c’est être en capacité de proposer des solutions économiques performantes, efficaces, c’est avoir la « lucidité par l’économie ». Mais cela n’est pas suffisant, il faut que cette politique publique qu’est l’économie ne soit en permanence qu’un moyen au service de l’Humain. (je ne dis pas volontairement « au service du social » tant ce terme est aujourd’hui galvaudé et confondu avec « assistanat »).

L’Humain, la seule voie pour le Progrès : la Fraternité, le vivre-ensemble, la solidarité, l’Egalité, la Liberté, la Connaissance, la Culture.

Et comme ni Emmanuel Macron ni Manuel Valls ne mettent l’économie au service de l’Humain, on ne peut pas dire que leur politique soit de Gauche. Ils ont le droit, ils y croient, mais à ce moment-là, la « lucidité économique » attendue chez nos gouvernants est perçue comme une forme de cynisme par les citoyens. Et là, les citoyens décrochent, ils sont en perte de repères républicains.

 

…de la superbe du Dieu-Ministre traversant le salon Delacroix au misérabilisme de l’abstentionniste !  

Diagnostic : manque d’analyse, manque d’émotion, manque d’amour.

 

  •                 Et puis les autres, tous les autres.

 

Tous responsables ! et en premiers ceux qui ne veulent pas être responsables : les abstentionnistes qui abandonnent leur droit d’être citoyens, pour lequel on s’est tant battu, on est mort même en France et sur la planète, il n’y a pas si longtemps encore.

Commencer à se taire est une forme d’abandon peut-être, mais surement une forme de lâcheté.

Si la Politique ne t’intéresse pas, tu peux être sûr que la Politique s’intéressera toujours à toi.

C’est Sartre qui disait « Elections, piège à cons ! »

Aujourd’hui, parce qu’il était l’auteur de l’Être et le Néant, il dirait certainement « Abstention, piège à cons ! », parce que c’est par le néant que l’on abandonne tout esprit de civisme et toute fraternité.

Tous responsables ! La Cour des Comptes qui donne des avis d’opportunité sur des politiques publiques dont seuls les élus pourtant ont la légitimité, jetant l’opprobre sur les élus de la République quand elle ferait bien de balayer devant sa Chambre… Le Conseil Constitutionnel quand il déclare le Concordat compatible avec notre Constitution, les hauts fonctionnaires nantis de la République, dans les ministères qui sont des bouffeurs de collectivités locales,…Ils régentent, les Ministres passent, le haut fonctionnaire reste…

Diagnostic : manque d’analyse, manque d’émotion, manque d’amour.

  •                          Le FN

Nous sommes donc (moi comme vous) toutes et tous responsables de ce délitement terrible de la citoyenneté. Dans ce contexte, le Front National ne s’est pas constitué, nous l’avons tous créé, semé, arrosé, cultivé comme la chienlit au milieu d’un champ de bleuets et de coquelicots.

Si on excepte les quelques responsables nationaux et désormais hélas médiatiques du FN qui ont une stratégie basée sur la haine, la xénophobie, l’intolérance ordinaire, on voit émerger désormais sur tout le territoire des candidats FN. Avant, ils ne se montraient pas, aujourd’hui ils se montrent, mais il n’ont pas de discours vraiment construit, pas de programme.

Ils reproduisent souvent des bribes du discours officiel lepenisé, labellisé, plutôt bien élaboré et malin dans la dialectique, avec des formules bien ciselées et faites pour être assenées et répétées inlassablement.

Ils sont plutôt pauvres d’esprit ces candidats FN, ce n’est pas agressif de ma part de constater ça, mais c’est là que nait toute mon inquiétude.

Pauvres d’esprit, car l’intelligence se construit aussi par la Connaissance, par la Culture. Quand on lit, quand on est curieux, quand on apprend, on forme son intelligence parce qu’on acquiert de la Connaissance, des repères, des références, on peut faire des citations parce qu’on a travaillé et réfléchi au sens de la phrase. Par la Connaissance, par la Culture, on s’intéresse à l’autre, on reconnait les différences, on aime la diversité plutôt que de la craindre. Et ainsi on fait société.

Les candidats FN ne sont pas très cultivés, au moins ils ne le montrent pas. Ils n’aiment pas la Culture, ils ne peuvent donc pas « faire société », alors que, rappelez-vous au début de ce long propos divagatoire, j’écrivais que la Politique c’était « faire société ».

C’est ainsi qu’ils s’offrent à vous par le repli sur soi, le racisme, l’intolérance, l’individualisme, et ils vous proposent le tout  comme un remède quand tout cela n’est que gangrène.

Les candidats FN ont donc ce lourd handicap pour faire de la Politique, ils sont empêchés de faire société. Et les rendre majoritaires un jour serait particulièrement dangereux. C’est pourquoi il faut les combattre, aujourd’hui plus qu’hier et moins que demain.

Diagnostic : Manque d’analyse, manque d’émotion, manque d’amour.

Pour remettre un peu d’ordre dans tout ça, je propose que l’on redonne des moyens aux collectivités pour organiser la cohésion sociale et la solidarité sur les territoires, pour donner le pouvoir aux élus de mettre en cohérence les dispositifs institutionnels, les initiatives privées les services de l’Etat, pour former des citoyens libres et éclairés, pour retrouver une adéquation entre la formation professionnelle et l’employabilité sur les territoires, pour libérer les énergies, je propose que l’on redonne du service public aux citoyens, que l’on redonne le pouvoir au vote républicain en ouvrant les yeux et les oreilles quand le Peuple s’exprime, je propose un Ministère de l’Education Populaire, je vous propose de faire la connaissance de votre voisin, de vous intéresser aux autres et surtout à ceux qui ne vous ressemblent pas, soyons tous acteurs demain d’une citoyenneté retrouvée, d’une société fraternelle et solidaire !

Pour combattre la maladie, vous prendrez régulièrement une pincée d’analyse, une cuillerée d’émotion, un grand bol d’amour.

Ce mercredi 16 décembre de 21h à 22h15, Hervé Féron sera en direct sur Radio Graffiti. Alors rendez-vous sur 101.5 FM !

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