Hervé Féron a eu l’occasion hier de répondre au micro de France Bleu pour dire qu’il exprimait un grand malaise voire une amertume à l’occasion de la démission de Christiane Taubira, avec qui il entretient depuis longtemps des rapports d’amitié. Il se souvient avoir été de nombreuses fois entre 2007 et 2012 à 1h du matin sur les bancs dans l’hémicycle à ses côtés à mener les mêmes combats.
Christiane Taubira aura été une grande ministre de la République.
Fidèle à des valeurs, femme de conviction, présente sur de grandes causes qu’elle a su défendre avec talent, combattivité, ainsi qu’une grande clairvoyance. C’est aujourd’hui un appauvrissement dans ce gouvernement qui n’avait pas besoin de cela. Et malheureusement c’est un signe. Car après que Christiane Taubria ait subi les pires attaques venant de droite et d’extrême droite, attaques personnelles parce qu’elle est une femme, parce qu’elle a l’intelligence de l’impertinence, parce qu’elle est extraordinairement courageuse, elle aura subi les pires attaques allant parfois jusqu’au racisme le plus primaire.
Et si aujourd’hui elle quitte le gouvernement, c’est que malheureusement elle n’est plus en capacité d’assumer des contradictions de plus en plus évidentes. En choisissant de proposer la déchéance de nationalité, ce gouvernement met les pieds sur le terrain de l’extrême-droite. On est dans la démagogie, et cela aura des conséquences très graves sur notre capacité à faire société ensemble dans l’espace républicain.
Christiane Taubira ne pouvait pas accepter cela. La totalité des députés de gauche l’a applaudi hier et lui a rendu honneur en se levant quand son nom a été évoqué. Quelques sifflets honteux sont venus des bancs de la droite.
Même si Jean-Jacques Urvoas est quelqu’un de sérieux, qui travaille beaucoup, il est malheureux de constater que depuis des mois, progressivement, les ministres qui intègrent ce gouvernement sont ceux qui ont démontré par leur attitude une capacité à être aux ordres de la ligne voulue par le Président, le Premier Ministre ou encore Emmanuel Macron. Tout cela va faire des dégâts…