Claude avait 18 ans, sa vie d’adolescent se résume à un combat contre la maladie, à l’hôpital, loin des jeunes de son âge, loin des préoccupations ou des plaisirs habituels des jeunes de son âge.
Sa tante avait fait des photos de lui et Claude avait souhaité en faire une exposition pour, disait-il, « changer le regard des autres ». Dans cette exposition, où il est mis face à ses doutes, à ses angoisses, où il est placé face « à l’incarnation de ses cauchemars », on peut lire quelques phrases écrites par Claude :
« Diagno : médulloblast, les ennuis commencent »
« Si j’avais eu le choix, tout serait tellement différent… »
« Et m… c’est tombé sur moi ! »
« On va bien finir par le trouver ce p…de remède ! »
Il ironise sur sa tête sans cheveux et son visage sans barbe, face à une glace, rasoir en main : « …Pas que des inconvénients, la chimio… »
Une photo le montre de dos regardant au loin par la fenêtre dans une pièce délabrée, Claude dit: « Où sont-ils donc tous passés ? »
Puis de face regardant par la même fenêtre vers l’intérieur de la maison, il parait serein, il nous dit: « Je vous regarde comme avant, et vous ?… »
Il souffrait certainement au delà de la maladie, de la solitude, de l’isolement, du regard ou du non-regard des autres, mais il remerciait ses proches ses cousins, ses cousines, sa soeur, sa Maman, sa famille, qui l’accompagnaient, ses camarades, ses professeurs.
Claude disait « A toutes les personnes malades, je voudrais leur dire que de tous les médicaments que j’ai eu à prendre, celui qui marche le mieux, c’est l’amour et le soutien des proches ».
Samedi 13 février, à la mairie de Tomblaine, nous avons fait ensemble le vernissage de cette très belle exposition photos de la tante de Claude, Fabienne Filippone. Il y avait là sa Maman, ses proches. Jusqu’à la dernière minute, nous ne savions pas si Claude serait parmi nous étant donné son état de santé. Il est arrivé en fauteuil roulant, à 18 ans. Il a même dit quelques mots en public, et lorsque nous nous sommes dit au-revoir, il a encore une fois pratiqué l’ironie.
Bien sûr, cela a été un grand moment d’émotion, mais Claude nous a plus bouleversés par le sens de sa démarche. C’était un vrai combattant, on le voit sur cette photo où il est assis au milieu des décombres et où il dit : »Après tout ça, va falloir reconstruire… »
Merci Claude pour cette leçon de courage et d’Humanité du haut de tes 18 ans, tu nous a interrogés, tu nous a bougés.
Hier lundi 22 février, 9 jours après ce vernissage, nous avons appris que Claude était décédé.
Nous n’imaginions pas que cela arriverait si vite.
A sa Maman, à sa famille, à ses proches, le Maire, le Conseil Municipal et la Ville de Tomblaine présentent, avec tristesse et émotion, leurs sincères condoléances. Grâce à Claude, jamais plus nous ne regarderons de la même façon celui qui est malade.
L’exposition « changer le regard des autres » restera installée, comme prévu, dans le hall de la Mairie de Tomblaine, jusqu’au 2 mars 2016.
Hervé Féron.