Les médias nous informent que Nancy a décidé de redénommer (et non pas « baptiser ») la place Thiers, « place Simone Veil ».
Tout le monde s’en réjouit, même si on n’est pas à un coup médiatique près, c’est une très belle initiative.
Mais, à titre personnel, je me réjouis doublement, car non seulement cette place s’appellera « Simone Veil », mais en plus elle ne se nommera plus « Adolphe Thiers »!
Certains Conseillers Communautaires de l’époque s’en souviennent peut-être (les autres ne peuvent pas s’en souvenir, car le quotidien régional n’en n’avait pas dit un seul mot…) : il y a environs deux ans, lors d’une discussion autour de la rénovation (complètement ratée) de la Place Thiers, j’étais intervenu en Conseil de Communauté pour suggérer qu’on en change le nom.
En effet je trouvais particulièrement triste que la première place qui s’offre aux yeux des touristes, lorsqu’ils sortent de la gare de Nancy, porte le nom du boucher de la Commune de Paris !
(Entre 10 000 et 20 000 exécutions en une semaine, puis des milliers de condamnations à mort, à la déportation, aux travaux forcés, ou à de la prison prononcées postérieurement !).
Je citais même à la tribune du Conseil de Communauté ces phrases terribles tirées d’un texte de la Commune :
« Avec la cruauté d’une bête sauvage,
Thiers a tué la Commune en un rouge carnage,… »
C’était en 1871. Huit ans plus tard, la bourgeoisie nancéienne installait une statue d’Adolphe sur la place qui prenait son nom…
Et jamais cela n’avait fait débat ensuite, jusqu’au jour de mon intervention.
Ma demande est restée, comme toujours au Grand Nancy, sans autre réponse que le mépris.
Je me réjouis qu’aujourd’hui, les notables nancéiens aient retrouvé un peu de lucidité (peut-être étaient ils un peu gênés ???)
Mais savez-vous que le 29 novembre 2016, les Députés socialistes ont proposés et voté à l’Assemblée Nationale un projet de résolution visant à proclamer la réhabilitation des victimes de la Commune de Paris de 1871.
Je suis fier d’en avoir été et je suis fier de mon intervention à la tribune ce jour-là.
Je suis fier, car nous n’étions pas « en marche », mais nous étions progressistes, guidés par de belles valeurs en conscience de l’histoire qui nous a construits.
Cette façon là de faire de la politique est noble et c’est elle qui m’anime encore.
Je suis très heureux que cette place soit dénommée « Place Simone Veil », il ne manquerait plus qu’on la rénove très vite, car c’est une des plus moches places de France, terriblement monotone, et minérale. Les pauvres bancs issus d’un geste artistique, comme alibi, semblent ne pas être terminés, et comme en plus ils ne sont pas fonctionnels personne ne s’assied dessus (sauf quelque acrobate intrépide). On dirait qu’ils attendent seuls qu’on les achève.