Ouvrez votre radio, les premiers mots que vous entendez actuellement sont : « gilets jaunes ». Ils hantent les nuits d’Emmanuel Macron, ils excitent les journalistes qui vendent chaque jour du scoop, ils passionnent les français, qu’ils soient pour ou contre. Mais qui sont donc les gilets jaunes ?Les gilets jaunes ne sont qu’un. C’est à dire qu’ils n’existent qu’à partir du moment où ils se sont réunis. C’est une sorte de coup de communication spontané d’une exceptionnelle intelligence stratégique.
Les gilets jaunes n’existent que parce qu’ils sont en mouvement, ils sont un mouvement.
Le gilet jaune est d’abord un symbole, inventé (bien malgré lui) par Nicolas Sarkozy, il a constitué alors, une sorte de taxe supplémentaire que les français n’ont jamais digérée, comme toutes les autres taxes. Ce gilet jaune représente une espèce de colère rentrée permanente, une colère capitalisée qui devait bien ressortir un jour…
Ils étaient invisibles, ils ont vêtu des gilets jaunes, vêtement conçu pour être vu de loin. Ils étaient anonymes, on ne parle plus que d’eux, car ils sont incontournables quand ils se mettent en travers de votre route. Ils étaient divisés, épars, ils ne savaient même pas que les autres existaient. Internet les a réunis et leur permet de communiquer entre eux, de s’organiser, de se mobiliser. Internet outil de communication qui ne fonctionne que sur l’émotion et rarement sur la Raison est une allumette qui met le feu aux poudres. (Et voilà que Macron veut mettre une nouvelle taxe pour l’audiovisuel sur les ordinateurs et sur les téléphones… il n’y a pas de hasard !)
Alors voilà une nouvelle force qui s’est ainsi constituée, qui dérange et contrarie le pouvoir en place. Car les gilets jaunes sont très forts. Ce qui fait leur force, c’est leur colère. Quand on est en colère, on parle fort, on agit en conséquence, on a la force de ses convictions, on ne doute pas. Ce qui fait leur force, c’est aussi leur spontanéité qui fait que ce mouvement est libre, indépendant, (aucun parti, aucun syndicat ne peut le museler, comme cela se passe habituellement pour les acteurs de la politique qui n’ont d’autres alternatives que de se plier aux consignes étriquées de leur propre parti). La spontanéité, c’est aussi la justesse des motivations et des revendications. Et puis c’est aussi une vraie intelligence populaire, parce que non polluée par les dogmes politiques. C’est tout ce qui fait que, normalement, un gouvernement qui se veut respectueux des valeurs républicaines devrait les entendre… C’est ce qui fait aussi qu’une grande majorité de français, dont je fais partie, soutient les gilets jaunes.
Mais l’originalité de ce mouvement par la spontanéité, en fait aussi hélas sa grande faiblesse, car son absence de structuration permet toutes les infiltrations possibles. Et alors là, c’est opérations portes ouvertes à tous les démagos, les fachos, les bobos,…
Alors s’infiltrent insidieusement l’extrême droite, qui cherche à pousser aux propos et aux actes de l’extrême. Les gilets jaunes ne sont que des citoyens en souffrance, ils sont des proies faciles pour ceux qui tentent de les diviser. Il y aussi les casseurs qui s’infiltrent et qui sont un vrai bonheur pour tous ceux qui combattent (gouvernants, une partie des journalistes,…) les gilets jaunes et qui ne manquent pas de les assimiler… Il y a les blaireaux, les ploucs qui croient qu’il suffit de mettre un gilet jaune pour prendre la parole et dire des imbécilités (racisme, blagues idiotes, insultes,…) qui ne peuvent que salir le mouvement des gilets jaunes…
Il y a tous ces politiques, misérables, ridicules, qui soudain se revendiquent « gilets jaunes » mais qui, à ce petit jeu, ne risquent que de dénaturer et tuer le mouvement. Il y a enfin, les bobos, les artistes qui sentent que cela commence à faire « classe » de se déclarer gilet jaune (quand parfois leur propre image est singulièrement ringardisée)… Mais lorsque je lis qu’un grand syndicat français se déclare anti gilets jaunes, je me dis que là encore on a affaire à des gens qui tentent péniblement de se refaire une virginité, de se justifier…
Bref toutes ces tentatives de récupération ne peuvent que nuire au mouvement. Un mouvement qui me semble pourtant nécessaire, voire salutaire, parce qu’aux motivations justifiées.
Soutenez les gilets jaunes, mais ne cherchez pas à les récupérer, vous ne pourrez que leur nuire !
Attention ! Ce mouvement est un très grand risque pour le gouvernement, si celui-ci continue à le mépriser ainsi.
D’avril à mai 1775, une vague d’émeutes très violente a frappé la France suite à une hausse des prix des céréales et consécutivement du prix du pain. Cette révolte appelée « la guerre des farines » n’a pu être réglée que par un contrôle du prix du blé et l’intervention violente des troupes du roi.
Cette rupture avec le peuple partait du principe qui « exigeait du roi de veiller à la sécurité de ses sujets et à leur approvisionnement en denrées. »
Alors transposez cette page de l’histoire à notre époque, remplacez le mot « farine » par le mot « essence », remplacez les troupes du roi par les CRS de Macron…
Et souvenez-vous alors que la Guerre des farines de 1775 est considérée par les historiens comme l’évènement prérévolutionnaire et signe avant-coureur de la Révolution Française de 1789.
Alors, monsieur Macron, arrêtez de jouer au con ! Arrêtez de méprisez vos pauvres ! Votre intervention télévisée a été lamentable. Vous commencez par un ton de condescendance, un ton mielleux, avant même que vous n’ayez parlé, vous êtes déjà irrespectueux. Les gilets jaunes et le peuple ne veulent pas de votre pitié. Et ensuite, vous expliquez que de toute façon, vous garderez le cap ! Mais quel mépris !
Vous proposez aux représentants des gilets jaunes une rencontre avec votre Premier Ministre qui est le plus mauvais Premier Ministre de toute le 5ème République ! Alors même que vous avez annoncé que vous ne changerez pas le cap, à quoi peut servir cette rencontre ? De qui vous moquez-vous ?
Et puis, dans le même temps, votre Ministre de la Culture annonce qu’il va créer de nouvelles taxes (taxe pour l’audiovisuel sur les ordinateurs et sur les téléphones), dans le même temps, vous relancez la mise en cause du statut des intermittents du spectacle sur ordre du MEDEF, ignorant que l’industrie culturelle française est une des premières de France en chiffre d’affaire, en activité et en création d’emplois, avant l’industrie automobile ! Savez-vous que la très grande majorité de ces intermittents sont des travailleurs pauvres ? Dans le même temps, vous refusez d’aller rencontrer les maires, représentants du Peuple de France à leur Congrès, alors que vous vous étiez engagé solennellement et publiquement « à y venir chaque année rendre compte de votre mandat » ! Vous êtes donc pris en flagrant délit de mensonges et de tromperie.
Alors, je crois que le mouvement des « gilets jaunes » va enfler, il vous déborde, vous dépasse déjà.
Il est aussi la conséquences de la médiocrité de la Gauche. Je parle de la Gauche, car c’est elle qui normalement devrait incarner l’espoir et le progrès social dans ce pays et depuis longtemps, elle a failli à sa tâche. Une partie de la Gauche s’est laissée contaminer par le libéralisme mou, une autre partie tarde à trouver sa crédibilité populaire. La solution serait de retrouver une Gauche réunie, non pas sur un programme commun qui ne viserait qu’à aiguiser les intentions de carrières personnelles, mais sur la base de valeurs communes, et de propositions concrètes qui correspondraient enfin aux aspirations du Peuple de France et à ces souffrances actuelles que seuls les Maires s’emploient à soulager au quotidien. Une Gauche sans les bobos, les penseurs, les surfaits, une Gauche réaliste qui pense le développement économique au service du Peuple et de la Planète.
Car, en l’absence de cette alternative, symbole d’espoir, le Peuple est dans la rue. Et plus il sera dans la rue, plus il désertera les urnes.
Dimanche dernier, une élection législative partielle avait lieu à Evry, pour remplacer à l’Assemblée Manuel Valls. Un autre Manu et un autre exemple de trahison honteuse de la Gauche. Pendant que les gilets jaunes manifestaient leur colère « apolitique », 82% des électeurs se sont abstenus… Résultat, c’est le candidat de la République en Marche qui a gagné et qui ira à l’Assemblée avec plus de 50% des 18% de voix exprimées !
La France continue donc à être gérée par un Président mal élu, mal aimé et recordman du plus bas niveau de satisfaction de toute la 5ème République ! Gérée par des Ministres qui ont tous trahi. Gérée par des députés en marche-godillots qui se terrent… Gérée aussi par des Barons non élus au suffrage direct, Présidents de Métropoles qui spolient les petites Communes…
Je pense que l’heure est à la mobilisation.
Hervé Féron.