J’aime trop l’Italie pour ne pas dire ma colère aujourd’hui. L’Italie qui chante et qui fraternise, l’élégance italienne, Manerba del Garda, Venise, Padoue, Syracuse… L’Italie et les Mondines dans les rizières des plaines du Pô qui chantaient Bella Ciao, supplique à la Liberté. L’Italie et la résistance… Je pense à tous ces amis, mes frères, mes camarades, qui sont italiens ou d’origine italienne et qui portent avec eux, en eux, le soleil, la Commedia dell’Arte, les champs d’oliviers, la terre à partager.
Cette Italie est aujourd’hui pourtant meurtrie par Salvini et sa clique, salie par celui et ceux qui rejettent sans honte les migrants à la mer et, avec eux, abandonnent les valeurs de fraternité et de solidarité. Ce ne sont pas les migrants qui dérivent, c’est l’Italie et, derrière elle, l’Europe, toute l’Europe, qui fait semblant de ne rien voir. L’Europe de Macron et Merkel, une Europe sans âme et sans humanité, à tel point que son propre peuple la rejette à chaque rendez-vous électoral. L’Europe aveuglée par l’égoïsme et le cynisme.
Terrible…
Et puis, il y a l’île de Djerba. En Tunisie, Djerba la douce, tant le climat est agréable. Le paradis des touristes qui viennent là se ressourcer et chercher la sérénité. Pour moi Djerba est le symbole de la rencontre amoureuse, puisque j’y ai rencontré mon épouse, celle qui devait devenir ensuite la mère de mes enfants. On habitait la même ville (Nancy), on travaillait pour le même employeur, mais on ne s’était jamais parlé… Et puis, on s’est rencontré à Djerba.

Savez-vous qu’aujourd’hui, sur les plages de Djerba, la Méditerranée rejette les corps des migrants, qui voulaient gagner l’Europe ?
Savez-vous que sur la plage d’Aghir de l’île de Djerba, il y avait plus de cadavres que de baigneurs en ce début de mois de juillet ?

Dans un article signé Lillia Blaise et publié par le monde.fr, on peut lire :
« La Tunisie, qui a refusé de devenir une plate-forme d’accueil pour les candidats à l’exil en Europe, doit se coordonner avec l’OIM pour les bateaux qui dérivent et sont refusés dans les ports européens. Le dernier en date, amené là par le remorqueur égyptien Maridive 601, après avoir erré plus de deux semaines en juin, a laissé 75 passagers. Seuls 16 ont accepté le retour volontaire dans leur pays, avec l’assistance de l’OIM.
Dans une déclaration faite à Zarzis, mercredi 3 juillet, le chef du gouvernement Youssef Chahed, demandait de l’aide à la communauté internationale, rappelant que la question des réfugiés et des migrants ne relève pas de la responsabilité de la République tunisienne (…) Tous les pays doivent en supporter la responsabilité.
Une phrase que d’autres déjà ont prononcée avant lui, dans d’autres pays. Mais sans que la situation ne bouge vraiment. »

Personnellement, je ne connais pas une seule personne qui ne s’émeuve pas de l’image de cet enfant mort, rejeté par la mer sur une plage, que les médias ont transformée en scoop… Car aujourd’hui l’information n’est plus qu’émotion pour mieux vendre.
Mais lorsque l’on dit que la belle Méditerranée, celle des vacances, du plaisir et de l’Amour, vômit des milliers de corps de migrants en quête du seul Droit de vivre, chacun a mieux à faire et se recentre sur ses petits problèmes quotidiens. Pourtant, cela nous concerne tous, nous ne sommes que citoyens du monde. Nous avons le devoir et la responsabilité collective d’interpeller les dirigeants européens, pour retrouver ensemble la dignité, l’humanisme, la fraternité universelle.

En attendant, je souhaite d’excellentes vacances à chacun d’entre vous… si le cœur vous en dit.