Les spectateurs qui ont eu la curiosité de venir découvrir cette « représentation en sortie de résidence » ne
l’ont pas regretté.
Samedi soir, « UL » était à l’affiche pour la première fois en France… à Tomblaine. Ce spectacle avait été joué avec grand succès depuis 2014 en anglais, aux Etats-Unis, en Australie, à Londres, au Canada… Et puis Isabelle de Botton, parce qu’elle en a immédiatement senti toute la force, a eu le courage de traduire en français et d’adapter ce texte, puis de s’engager dans l’aventure de la production de ce spectacle.
C’est ainsi que les comédiens Isabelle de Botton, Christian Sinniger, Nathanael Rutter, Gary Roland, le metteur en scène Pierre Notte et son assistante Amandine Sroussi ont été accueillis par la Ville de Tomblaine et l’association « Aux Actes Citoyens » en résidence d’artistes pendant quatre semaines.
La présentation de ce travail a véritablement emballé le public. Pourtant le texte n’a pas été écrit pour ne pas déranger, il n’a pas été pensé pour laisser le spectateur dans son confort habituel… Il interroge, il interpelle, il renvoie chacun à son propre vécu et, plus encore, porté par ces merveilleux comédiens, mis en scène avec tout le talent de Pierre Notte, il décoiffe, il bouscule et balaie tout sur son passage…
Le spectateur n’en sort pas indemne.
Isabelle de Botton est une immense comédienne, Pierre Notte est un grand metteur en scène, ces deux-là se sont rencontrés sur ce projet, l’ont partagé, réunissant leurs sensibilités, leurs énergies et s’entourant de comédiens talentueux. Ce texte ils le vivent.
L’originalité de la mise en scène, le rythme et le parti pris de la proximité du public en un rapport quadri-frontal, libèrent la folie écrite pour les personnages, la spontanéité des comédiens et, dans le prolongement du texte, la créativité, comme pour une fresque débridée. Et, en même temps, la grande rigueur et le travail de mise en scène offrent au spectateur un tableau installé, une histoire cohérente, terriblement possible et réaliste. La pépite est ainsi finement ciselée.
C’était une sacrée gageure que de faire rire subtilement sur des thèmes empreints de gravité comme la trans-identité, les violences intra-familiales, les différences, les intolérances, le pardon… Pari réussi !
Ce spectacle est nécessaire, urgent et salutaire.
Dans le « San Francisco Chronicle », la pièce est qualifiée de « tragédie grecque, à la vélocité audacieuse, à la drôlerie explosive ». On a retrouvé, mais cette fois-ci en français tout l’esthétisme, la dynamique et la force de la tragédie grecque.
Le spectacle va encore se construire, se façonner, progresser, il sera, entre autres, programmé à Avignon en juillet 2023 au Théâtre du Balcon. Après une probable scène parisienne, il reviendra dans notre région, c’est sûr…
Merci Isabelle, Pierre, Gary, Nathanael, Christian, Amandine.