Il m’est arrivé de vivre des moments d’exception dans ma vie… J’ai fait la java avec Gainsbourg, j’avais
été invité à fêter les 80 ans de Manu Dibango à l’Olympia, puis avec lui très tard dans la nuit… J’ai vécu, il y a
peu, au Stade de France, le match d’ouverture de la Coupe du Monde de rugby France – All Blacks…
Mais hier soir, à Paris, j’ai vécu un moment extraordinaire… hors du temps… à savourer avec gourmandise.
J’étais invité à l’anniversaire du Maestro Feruccio Soleri ! Monstre sacré en Italie et même sur la Planète de
la Commedia dell’arte. Ça se passait à l’Institut Culturel Italien, à l’Hôtel Gallifet, lieu magnifique, temple de
la Culture italienne et, hier soir, plus particulièrement Temple de la Commedia dell’arte…
Pour cette première partie de soirée il y avait foule, le directeur de l’Institut Culturel italien de Paris avait
organisé ça comme une pièce de théâtre, la soirée était scénarisée, mise en scène…
La projection de photos et de vidéo dans le premier acte, retraçait l’immense carrière de Feruccio Soleri,
Il a tenu le rôle d’Arlequin, avec un succès fantastique, au Piccolo Teatro de Milan pendant … 50 ans ! C’est
un record inégalé dans le Monde du théâtre (il figure même pour cela dans le Guiness des Records), il a fait
du cinéma, de la télévision, il a parcouru le monde… Sur ces vidéos, on le voit danser, jouer la Commedia,
avec explosivité, une technique si précise qu’elle permet un dynamisme débridé et une folle adhésion du
public. On le voit en compagnie de Jean-Luc Godart, de Maurice Béjart, de Rudolf Noureeiev…
Et puis, second acte, il nous a été offert un sublime cadeau, comme si c’était notre anniversaire à nous :
trois scènes extraites d’Arlecchino, « il servitore de due padroni » de Carlo Goldoni, interprétées par… Feruccio
Soleri … 94 ans (!!!), par Enrico Bonavera (qui lui a succédé au Piccolo Teatro) et par son compagnon de scène,
notre ami Carlo Boso ! Moment d’anthologie. Celles et ceux qui ont vu ça, qui ont vécu ça, sont d’heureux
privilégiés, tant ce moment a été empreint d’émotion. Feruccio Soleri a été et reste une star en Italie, il est
éternel, le public, en grande partie italien, ne s’y trompe pas et lui voue une indéfectible admiration.
Jack Lang a pris la parole, témoignant d’une belle affection envers Feruccio, il a, bien sûr évoqué avec émotion,
Giorgio Strehler, avec qui il avait créé le Théâtre de l’Europe. Giorgio Strehler est considéré parmi les plus
grands dramaturges européens avec Peter Brook et Peter Stein… De nombreuses personnalités ont pris
la parole et rendu hommage à Feruccio Soleri : un représentant de la Ville de Paris, madame l’Ambassadrice
d’Italie en France et puis tout le gratin du théâtre Italien : la directrice du théâtre Goldoni à Venise, un
responsable de la Scala de Milan, un responsable du Piccolo Teatro de Milan. Bien sûr un responsable du
Théâtre de l’Europe (Odéon) et j’ai eu aussi le plaisir de retrouver (pour donner la réplique) les jeunes
comédiens amis de Tomblaine et du festival « Aux Actes Citoyens » d’Amata Compagnie ou de Dinamo
Compagnie…
Le public a chanté à l’unisson, avec force et bonheur « Buon compleanno Feruccio Arlecchino »
Quelqu’un a évoqué une citation (et Carlo Boso m’a dit ensuite que c’est sa mère qui disait souvent ça)
« Dieu est partout… mais Arlecchino est déjà passé par là ! »
La deuxième partie de cette soirée magique, plus intimiste, a permis de prolonger la fête dans la nuit et de
partager le gâteau d’anniversaire et « les » verres de l’amitié !