Madame de Graffigny est née à Nancy en 1695. Maltraitée par son mari, elle obtient un décret de séparation (ce qui était très rare à l’époque). Libre de toute obligation familiale, elle se rend souvent au château de Cirey, propriété d’Émilie du Chatelet, qui y résidait avec Voltaire… Suite à une brouille, elle quitte Cirey et se rend à Paris, où elle est accueillie par la duchesse de Richelieu qui lui procure de nombreuses relations. Elle rejoint une société d’intellectuels, nommée « La Société du bout du banc », fréquentée, entre autres, par Marivaux, Rousseau, d’Alembert, Diderot… Elle écrit alors « Lettres d’une Péruvienne », roman qui remportera un succès éditorial hors du commun. En 50 ans, plus de quarante éditions verront le jour, avec des traductions en anglais et en italien. Françoise de Graffigny devint l’une des femmes les plus importantes de la littérature française. Mais surtout, « Lettres d’une Péruvienne » est le premier roman épistolaire écrit par une femme. Avant elle, les femmes n’écrivaient pas de roman. Tout comme Isabelle Andreïni (née à Nancy) avait ouvert la place des femmes dans le monde du théâtre, madame de Graffigny (née à Nancy) avait ouvert la place des femmes dans le monde de la littérature !
Un peu d’histoire…
Pourquoi Nancy est elle Capitale Mondiale de la Commedia dell’arte, sous le parrainage de l’UNESCO ?
Trois anniversaires en 2024 ! En 2024, ce sera le 60ème anniversaire du jumelage qui lie Nancy à Padoue. Ainsi, ces Journées Mondiales seront un véritable évènement culturel qui contribuera à fêter cet anniversaire et à rapprocher ces deux villes à partir de la Culture, de l’Art et de l’Histoire partagée.
La série des Balli et la série des Bohémiens, gravées par Jacques Callot ont 400 ans ! Les Balli ont été réalisés et édités en 1622 et les Bohémiens en 1623-1624.
En 2023, Nancy célèbre le 40e anniversaire du classement par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’Humanité de l’ensemble XVIIIème de Nancy (Place Stanislas, Place de la Carrière, Place d’Alliance). Le début de la Commedia dell’arte se situe au XVIe siècle, mais la continuité de l’Histoire racontée sur Nancy, le lien avec la Commedia, la place des femmes dans le monde des arts, nous amènera jusqu’au XVIIIe
Ces « Journées Mondiales de la Commedia dell’arte » seront une grande manifestation théâtrale, festive et populaire. Elles constituent une marque déposée ; les organiser à Nancy apportera assurément en termes d’attractivité et de rayonnement en lien avec les autres villes célébrant la Commedia dell’arte sur la planète.
L’histoire de Nancy sera réinterrogée et son patrimoine valorisé. Certains évènements, qui méritent d’être mieux connus, seront ainsi mis en lumière.
Pourquoi fêter chaque année en février la Commedia dell’arte ?
Le 25 février 1545, c’est à Padoue, en Italie, que huit acteurs de la « Compagnie Fraternelle », signent un contrat pour ne plus être des « dilletanti » (comédiens amateurs), mais désormais des comédiens professionnels, des comédiens dell’arte. Et si ce contrat historique était exposé à Nancy, lors de ces Journées Mondiales ?
Cela n’avait de signification que dans la recherche d’une nouvelle approche de leur art. Désormais, leur relation avec le public sera plus intense, plus personnelle : ils ont pour mission de le divertir, ils ont le droit de s’exprimer librement et de se faire payer par ce public, chose nouvelle. C’est pour cela que la date du 25 février a été choisie pour fêter l’anniversaire de la naissance de la Commedia dell’arte.
La commedia dell’arte est un art, on ne peut plus novateur. Les sujets traités interrogent l’actualité. Cet art ouvre le débat sur la place publique, permet l’improvisation et l’impertinence, il est à l’origine des premières revendications des acteurs de la Culture.
Le 25 février 1545, signature à Padoue du plus ancien contrat d’artiste connu entre une troupe théâtrale professionnelle et un État Européen. Considéré comme l’acte fondateur de la Commedia dell’arte.
Christine de Lorraine est née à Nancy en 1565, fille ainée de Charles III, Duc de Lorraine et de Bar et de Claude de France, elle fut élevée par sa grand-mère Catherine de Médicis. Elle épousa Ferdinand 1er de Médicis, Grand-Duc de Toscane (fondateur de la Villa Médicis à Rome). Leurs noces furent probablement le divertissement le plus important du XVIIIème siècle en Italie. A cette occasion, fut présenté pour la première fois « La Pazzia di Isabella » (La folie d’Isabelle), chef d’oeuvre de la Renaissance européenne, qui a contribué à rendre fameuse la Commedia dell’arte dans le monde. Et surtout, la Pazzia di Isabella restera à jamais liée à la première comédienne qui l’interprètera : Isabella Andreïni. À cette époque (et même plus tard, Molière ou Shakespeare faisaient tenir les rôles de femmes par des hommes), les femmes ne se produisaient jamais sur scène. Isabella Andreïni a ainsi ouvert la place des femmes dans le monde du théâtre. A sa mort, le roi français Henri IV fit même frapper une monnaie à son effigie !
Le petit Jacques Callot (né à Nancy) à l’âge de 12 ans fugue et se rend (à pied) en Italie, à Rome. Il est récupéré par des marchands italiens qui le ramènent à ses parents. A l’âge de 14 ans, il fugue et va en Italie, il est récupéré à Turin par son frère qui le ramène à ses parents. À 16 ans, ses parents finissent par l’envoyer étudier les techniques de la gravure en Italie. Jacques Callot, à Florence, sous la protection de Christine de Lorraine, obtient une pension et un atelier aux Offices. À la Cour du Grand-duc, Callot rencontre les Gobbi, nains bossus, sortes de bouffons qui dansent et gesticulent pour distraire la Cour. Il côtoie aussi les Zanni, comédiens masqués, personnages typiques des valets de la Commedia dell’arte. Le terme générique de Zanni couvre une grande diversité de masques régionaux : Arlequin, Flautino, Pedrolino, Scapin, Polichinelle… En 1621, Callot rentre à Nancy et grave les nombreux dessins qu’il avait rapportés d’Italie : les Zanni, les Gobbi, les Balli (ou Balli di Sfessania, du nom napolitain d’une danse populaire).
Et, le saviez-vous ? La mère de madame de Graffigny s’appelait Marguerite Callot, elle était la petite-nièce de Jacques Callot…