« Mieux vaut combattre sans espoir, que vivre sans désirs » disait le poète …Je n’ai plus communiqué depuis plusieurs semaines, quant aux difficultés rencontrées par la ville de Tomblaine. D’abord, parce que chaque fois qu’un journaliste me contactait, je ne retrouvais pas la réalité de la situation dans l’article qui était ensuite écrit … Cela ne servait qu’à mettre de l’huile sur le feu, les journalistes cherchent trop le sensationnel… Ainsi, beaucoup de ragots ont été colportés, venus de quelques élus de droite malveillants, mais trop souvent relayés … Ces élus héritiers d’une triste époque, qui portent le poids d’un piètre bilan ne me pardonneront jamais d’avoir dit avant tout le monde ce que la Chambre des Comptes à par la suite constaté…
Et puis, cette insistance à personnaliser la situation était malsaine : « la démission du maire Hervé Féron… » Non, ce n’était pas moi, c’était tout mon Conseil Municipal qui démissionnait. Non, ce n’était pas une manoeuvre politique, avant cette démission le Conseil Municipal avait prévenu depuis deux mois, avait voulu éviter ça, avait multiplié les alertes, deux motions avaient été votées à l’unanimité. Et puis il y a eu la démission, que très largement la population qualifie de courageuse et, au-delà, de nombreux élus de la région et plus loin encore, m’ont témoigné leur estime, pour avoir osé et pour dire ce que beaucoup pensent… Et c’est bien là la démonstration que cette démission a été utile : nous avons gagné la bagarre de la communication. Les gens ont compris pourquoi nous nous sommes ainsi battus, ils ont été informés, parce que nous avons dénoncés.
Quand vous avez la quasi totalité de la population adulte de votre ville qui signe une pétition pour soutenir ses élus et son maire, cela démontre que le message est bien passé. Et cela encourage à revenir lorsque de nouvelles élections sont annoncées, ce que nous avons fait… Le fait qu’il n’y ait pas eu de liste d’opposition est encore la démonstration de la réunion et de la solidarité de tous envers nous dans cette situation, le résultat des urnes (100% des voix) et le fait d’être immédiatement réélu Maire à l’unanimité du Conseil Municipal. Cela me conforte dans l’idée que nous avions raison.
Nous ne voulions pas de cet accueil de migrants à cet endroit-là pour deux raisons principales : l’endroit était très mal choisi et inadapté (insalubrité et dangerosité à bien des titres) et aussi parce que le projet de développement urbain de la ville de Tomblaine était à nouveau empêché. Depuis de nombreuses années nous sommes empêchés de développement, l’abandon de cette caserne des pompiers avait été décidé par André Rossinot (dont on chante les louanges aujourd’hui …), sans aucune concertation avec le maire de Tomblaine. Depuis six ans, nous demandions quand la caserne serait libérée, la réponse nous était refusée, alors que nous voulions utiliser cette parcelle dès le départ des pompiers pour désenclaver le quartier nord de la commune, sécuriser le carrefour de la Fraternité, particulièrement accidentogène et organiser l’interconnexion des modes de déplacement pour l’arrivée du Bus à Haut Niveau de Service et la construction d’un parking-relais très attendu…
Cette décision subite et autoritaire, cet arrêté préfectoral de réquisition ont mis un coup d’arrêt à ce projet et ce sont ainsi les tomblainois qui sont punis.
Evidemment, mais personne n’en a jamais douté, il n’y avait aucune animosité vis à vis des migrants ou des personnes sans domicile fixe qui sont ou qui seront hébergés ici. Tomblaine est une terre d’accueil, où la solidarité existe vraiment, les élus, les associations, la populations s’engagent chaque fois que nécessaire pour aider et accueillir les personnes en difficultés. Nous avons actuellement un certain nombre de familles, réfugiées, qui ont été accueillies à Tomblaine, qui ont un logement, un travail et dont les enfants sont scolarisés et ont accès aux activités sportives ou culturelles …
Il y a un mois, madame la Préfète m’a reçu en Préfecture et, en présence de nombreux directeurs de services, elle m’a proposé de leur présenter le projet de développement urbain de la ville de Tomblaine. Ce que j’ai fait très longuement et j’ai été écouté avec attention.
Ce projet est une opportunité exceptionnelle pour la Métropole du Grand Nancy et pour la Ville de Tomblaine, il va générer à court terme de l’emploi, de l’activité, de l’attractivité, il conjuguera développement économique, innovation au service de la transition écologique et la coordination de modes de transport en complémentarité. Comme la ville de Tomblaine a été empêchée de se développer depuis si longtemps, il s’agit là du dernier grand projet possible sur le territoire de la Métropole, le foncier et les investisseurs privés sont disponibles et le projet est intelligent et cohérent. L’enjeu est très important.
Madame la Préfète l’a bien compris, elle s’est proposée de mettre en place un comité de pilotage en mettant ses services à disposition, pour accompagner ce projet. Elle a montré un réel intérêt. Aujourd’hui, nous continuons à penser que cette réquisition a été une erreur, et cela bloque notre projet. Nous comprenons la nécessité d’accueil de ces personnes, mais il y avait d’autres solutions. Nous avons convenu avec madame la Préfète qu’avant que ce terrain soit libéré (en 2026), nous pouvions, d’ores et déjà, ensemble travailler à faire avancer notre projet qui s’étend des rives de Meurthe jusqu’à l’aéroport et que nous pouvions préparer le devenir de cette parcelle occupée, pour perdre le moins de temps possible.
C’est une grande avancée, manifestement madame la Préfète a voulu se montrer constructive.
Dans le même temps Mathieu Klein m’a écrit qu’il actait le fait que lui (Président de la Métropole) et moi (maire de Tomblaine) allions désormais être les co-pilotes du projet de développement de la ville de Tomblaine, ce qui semble bien légitime. Projet qui s’étend de la Meurthe à l’aérodrome, dans lequel on trouve la Plage des deux Rives, la coulée verte, la Plaine Flageul … Etre co-pilote, ça n’est pas tout décider, c’est pouvoir être informé, associé, concerté, pouvoir proposer, être entendu, pouvoir être acteur véritablement du projet, dans le souci permanent de l’intérêt public, des intérêts de la Métropole tout autant que des intérêts de la ville de Tomblaine et de ses habitants.
Jusque là, cela n’avait pas été possible, mais nous avons bon espoir de pouvoir marquer là aussi une belle avancée. Nous resterons vigilants, nous ne lâcherons rien. C’est encore la démonstration que cette grande entreprise de protestation menée en 2024 par les élus de Tomblaine se justifiait.
Cette semaine, avec trois adjoint(e)s au maire, nous sommes allés rendre visite aux personnes actuellement réfugiées sur ce site, des familles afghanes, avec beaucoup d’enfants. juste pour les saluer, prendre de leurs nouvelles et leur dire qu’elles sont les bienvenues.
Nous n’étions pas là pour « une inspection », mais nous avons pu constater que d’énormes travaux ont été réalisés (ce qui démontre aussi que nous avions raison lorsque nous évoquions insalubrité et dangerosité, cela démontre aussi que l’expert dans son rapport était loin d’avoir tout constaté …). Des travaux probablement très couteux , plus couteux que si d’autres solutions avaient été explorées, mais nous avons été rassurés, car grâce à ces travaux, il nous a semblé que les conditions d’accueil des ces personnes sont dignes.
Là encore, nous ne nous sommes pas battus pour rien.
Hervé Féron
Maire de Tomblaine.