Aujourd’hui, le Journal du Dimanche publie la tribune que j’ai cosignée avec une cinquantaine d’autres députés socialistes, pour affirmer que « la place de la France est aux côtés de la Grèce ». Vous pouvez la retrouver dans son intégralité ci-dessous :
« La place de la France est aux côtés de la Grèce »
TRIBUNE – Tous derrière Tsipras. 50 députés socialistes, frondeurs et soutiens traditionnels du gouvernement, ont écrit un texte pour que la France soutienne vraiment le premier ministre grec. Le JDD publie en exclusivité cette tribune et la liste de ces 50 amis de Syriza. A l’initiative de Pouria Amirshahi, ces socialistes enjoignent François Hollande de prendre la tête de cette réorientation européenne qu’il avait promise en 2012. Alors que l’Eurogroupe décidera lundi de l’avenir de la Grèce, ils voudraient que François Hollande approuve la restructuration de la dette grecque et cette volonté d’en finir avec l’austérité.
« Au VIème siècle avant J.-C. les Grecs ont inventé la démocratie (du grec ancien démokratía, « souveraineté du peuple »). En 2015 ils font une nouvelle démonstration de leur attachement à ce modèle politique en reprenant en main leur souveraineté, confisquée depuis des années par la Troïka, dénoncée depuis sa naissance par les socialistes français.
Réhabilitation de la souveraineté populaire, sortie de la crise humanitaire, justice sociale, renaissance culturelle, le programme de Syriza durant la campagne électorale était clair, le nouveau gouvernement aspire désormais à le mettre en œuvre. Respecter leur vote c’est leur laisser la possibilité de le faire. Ainsi en est-il de la démocratie.
« Respect du vote des Grecs »
Le 5 février dernier lors de sa 5ème conférence de presse, François Hollande déclarait au sujet de la Grèce : « Le rôle de la France est de trouver une solution, de contribuer à un accord mais dans le respect, respect du vote des Grecs mais respect des règles européennes et respect des engagements. C’est sur ces bases-là que je travaille avec nos partenaires européens ». Pourtant, la veille, d’une façon tout à fait incompréhensible, la BCE a durci les conditions de refinancement des banques grecques, alors qu’elle s’apprête à racheter massivement sur les marchés des titres privés dont la qualité de certains n’est pas garantie. Ceci n’est pas admissible. A l’inverse, une partie de la solution réside dans la monétisation de cette dette.
Le respect des objectifs budgétaires du Pacte de Stabilité et de Croissance est une obligation pour les pays de l’Union Européenne que le nouveau gouvernement grec a bien l’intention d’honorer. A l’inverse, l’application des mémorandums d’austérité imposés par la Troïka, coalition illégitime qu’il est urgent de remplacer par une instance démocratique, n’en est pas une. Cette dernière, en conditionnant les programmes d’aide à la Grèce à des réformes structurelles ultralibérales, a plongé le pays dans une crise économique et humanitaire dévastatrice.
Parallèlement, la rigidité et l’orthodoxie allemande sur la dette grecque depuis son origine, ont participé à entraîner l’UE dans une crise toujours plus profonde. C’est conscients des causes qui ont conduit leur pays dans la misère que les Grecs se sont levés contre les mémorandums le 25 janvier dernier. Leur imposer de nouvelles mesures d’étouffement économique serait une lourde remise en cause de leur souveraineté et ne serait pas sans conséquence sur toute l’économie européenne.
Là où il y a une volonté il y a un chemin
La Grèce est une alliée en Europe, et cette alliance peut montrer une nouvelle voie, celle d’une nouvelle orientation de la politique européenne, celle qui place l’humain au cœur des enjeux, bien devant les intérêts financiers de quelques-uns. Celle qui concilie le respect des règles communes et la détermination à construire un avenir meilleur.
La prise de conscience, y compris dans les institutions européennes, que l’austérité est une impasse fait de cette période un moment propice à la réorientation de la politique européenne. C’est sur ce nouveau chemin que doivent converger toutes les forces progressistes en Europe, côte à côte. Elles peuvent, ensemble, permettre à tous les Européens de regarder l’avenir avec confiance.
C’est au nom de cet avenir que la France doit porter une exigence politique claire qui parle aux Grecs comme à l’ensemble des peuples d’Europe, en appuyant l’exigence grecque de rendre soutenable le remboursement de sa dette, en prônant une véritable négociation européenne en lieu et place des injonctions de la Troïka, en soutenant la réduction de l’excédent primaire que l’État grec doit dégager, garantissant les investissements indispensables au redressement économique et social du pays et à la création d’emplois.
Ainsi, la France assumera une nouvelle responsabilité politique à un moment décisif de l’histoire de l’Europe. Ce moment décisif nous engage tous, car nous pouvons ainsi obtenir la réorientation des choix de l’Union européenne. Aussi, le Parlement, et en particulier sa majorité à l’Assemblée nationale, doit être pleinement associé à la définition des positions portées par notre pays lors des prochains sommets européens.
Sophocle nous a enseigné qu’il existe des moments où la seule loi qui compte est celle de la justice. C’est celle qu’ont choisie les Grecs, c’est celle que nous devons soutenir. »