Hervé FERON

L’Etat autoritaire…

 

 
Dans son histoire, la Ville de Tomblaine a subi de véritables traumatismes de la part de l’agglomération, mais aussi en raison de l’autoritarisme de l’Etat… Histoire incroyable, mais pourtant vraie… Il ne faudrait pas que l’histoire se répète encore… 
 
De tous temps la Ville de Nancy a considéré la Ville de Tomblaine comme sa poubelle. Les mots vous semblent forts ? Je m’explique : au 19ème siècle, c’est à Tomblaine que la Ville de Nancy déversait ses boues… Heureusement, à l’époque les boues n’étaient pas polluantes comme aujourd’hui, elles étaient même fertilisantes. C’est ainsi que dans son malheur la ville de Tomblaine a su tirer avantage, il s’est développé une tradition de maraîchage. En 1965, on comptait encore 18 maraîchers professionnels à Tomblaine, qui employaient chacun de nombreux ouvriers. De même l’école d’agriculture qui se trouvait sur le site de l’actuelle mairie et qui est partie en 1953 pour Malzéville-Pixérécourt, avait de nombreux terrains d’application.
 
La Ville était pauvre. Les terrains autour de l’aéroport appartenaient à l’Etat, ils ont été pollués par les bombardements, par les pistes d’aviation et bâtiments… Jamais l’Etat n’a assumé son devoir de dépollution. Puis la Métropole du Grand Nancy a acquis ces terrains (à l’euro symbolique !) et les a laissés à l’abandon, empêchant la Ville de Tomblaine de se développer depuis plusieurs décennies (et jusqu’à quand ?) Tout cela parce qu’André Rossinot privilégiait impunément le développement de l’autre côté de la Meurthe à Nancy. Un quartier comme « entre Meurthe et Canal » était tout sauf une réussite, laid, terriblement minéral, un quartier où le bitume et la commercialisation ont primé sur la vie des gens au quotidien. Et parce qu’il était très difficile de commercialiser  ce quartier(et pour cause !) on empêchait Tomblaine de se développer après avoir spolié une grande partie du foncier.
 
Il en a résulté que le tiers de la Commune de Tomblaine ne rapportait aucune recette fiscale… et que structurellement et volontairement les difficultés budgétaires étaient organisées. C’est pourquoi, même encore aujourd’hui, à l’heure des éternels atermoiements des bobos nancéiens quant au projet de la Plaine Flageul, la solidarité métropolitaine, fait doucement sourire dans les chaumières à Tomblaine.
 
Et l’Etat a toujours été complice.
 
Et puis, dans la fin des années 60, il a fallu raser tout un quartier à Nancy, habité par des gens très pauvres… Pourquoi ? Pour réaliser un projet commercial qui devait s’avérer être juteux… mais pas pour tout le monde… Le Centre Commercial St Sébastien. Alors il a fallu recaser, pour ne pas dire entasser tous ces pauvres ailleurs. C’est ainsi que sont nés les quartiers du Haut du Lièvre, de la Californie à Jarville et Jar-Tom à Tomblaine.
 
René Herbuvaux avait été élu maire de Tomblaine après guerre en 1946, en 1968 le Préfet annonçait au Conseil Municipal de Tomblaine son intention de signer le permis de construire pour le quartier Jar-Tom. Conscient du fait qu’on allait entasser en surdensité et dans des conditions indignes des centaines de familles, conscient du fait que l’architecture projetée allait défigurer notre ville, le Conseil Municipal s’était prononcé à l’unanimité contre cette décision du Préfet.
 
Mais le Préfet, dans le plus grand mépris de l’avis des élus de la République, persistait à vouloir mettre en oeuvre autoritairement une décision qui allait avoir des conséquences terribles sur la vie des habitants au quotidien pendant des décennies, une hérésie qui ne le dérangeait pas, lui qui était logé dans les ors de la République.
 
En octobre 1968, René Herbuvaux, Maire de Tomblaine était convoqué en Préfecture, pour une réunion à ce sujet. Il était chargé par son Conseil Municipal de dire l’opposition de toute une ville… Le Préfet s’est fâché, il a tapé du poing sur la table (c’est la fille de René Herbuvaux qui nous a raconté cela) et il lui a fait savoir que de toutes manières, il signerait ce permis de construire. René Herbuvaux était bouleversé par tant d’injustice…
 
A peine sorti de cette sinistre rencontre, devant la Préfecture, sur le trottoir, René Herbuvaux a fait une crise cardiaque, il est décédé ce jour-là. Les vieux tomblainois s’en souviennent encore.
 
Je ne crois pas que les conditions d’exercice du maire se soient améliorées depuis, au contraire la régression est en route… Et je ne crois pas que l’Etat se soit amélioré… J’aurais quelques exemples factuels à vous raconter.
Hervé Féron. 

 

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