Devant une cinquantaine de personnes, Hervé FERON est intervenu aujourd’hui à 17h, devant la mairie de Tomblaine. A l’occasion, une classe de la ville jumelée allemande d’Hasbergen a eu l’occasion d’assister au dépôt de la banderole :
« La ville de Tomblaine est heureuse de fêter aujourd’hui la libération d’Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, ainsi que leurs trois accompagnateurs Reza, Ghulam et Satar.
La ville de Tomblaine est fière d’avoir été actrice, depuis de nombreux mois, de l’extraordinaire élan de solidarité qui s’est constitué dans notre pays pour appeler à la libération de ces otages.
Depuis le 29 décembre 2009, deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, et leurs trois accompagnateurs afghans, Reza, Ghulam et Satar, avaient été enlevés par les talibans et étaient retenus en Afghanistan. Ils s’étaient rendus dans ce pays en guerre missionnés par France Télévision, pour faire leur travail de journalistes et nous apporter la meilleure information possible, comme ils le font depuis plus de 20 ans.
Hervé et Stéphane terminaient en cette fin décembre 2009 une enquête de plus de trois semaines auprès de l’armée française engagée sur place et de la population afghane. Si le reportage dans un pays en guerre n’est jamais sans risque, il est essentiel pour comprendre les enjeux et décrypter les causes ! Hervé, Stéphane et leurs accompagnateurs afghans devaient aller au plus près des combattants et des populations civiles pour comprendre les motivations de chaque camp, évaluer les tensions, pour nous restituer la complexité politique et la douleur humaine. Pour tout cela, nous leur devions aussi à Tomblaine de nous mobiliser.
Je remercie les journalistes locaux et nationaux, ainsi que Florance Aubenas qui m’avait alors appelé pour saluer l’initiative de notre ville, émue et solidaire de ses confrères car en effet, le 16 septembre 2010, nous installions ici nombreux cette banderole exigeant la libération des otages.
Ce 16 septembre 2010 était avec nous ici à Tomblaine Jean-Jacques Le Garrec, ce reporter journaliste à France 2, ancien otage aux Philippines et membre du Conseil d’Administration de l’association « Otages du Monde ». Il y avait là un symbole fort en terme de solidarité au nom de toute une profession et en son nom personnel, de par l’expérience dramatique qu’il a lui-même vécu.
Cette banderole nous l’avons déroulée ici sur le fronton de la mairie, à côté des valeurs de la République »Liberté, Egalité, Fraternité » et de l’Arbre de la Paix que nous avions planté en 2007 pour la libération de tous les otages et prisonniers politiques détenus à travers le monde.
Beaucoup ici se souviennent de l’émotion de ce jour de 2007 où nous avions planté cet arbre, après avoir échangé avec le Professeur colombien Moncayo, qui vit avec les mains enchaînés tant que son fils sera otage !
La présence d’Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier en Afghanistan, c’était l’essence même du journalisme et la garantie d’une information indépendante que nos services de presse puissent continuer d’envoyer des journalistes dans ces zones de conflits. Car nous partageons tous ici cette valeur fondamentale : la liberté de la presse. Et je salue ce soir également le travail primordial de Reporters sans frontières, qui travaille à faire libérer les journalistes retenus en otage dans le monde.
Aujourd’hui est un jour de fête. Nos premières pensées vont bien sûr aux otages libérés, mais aussi aux familles d’Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, de Reza, Ghulam et Satar. Nous sommes restés mobilisés jusqu’au bout. Dans le registre mis à disposition à la Mairie, les Tomblainoises et les Tomblainois ont signé pour apporter leur soutien par centaines. Merci à vous de faire vivre ces belles valeurs que sont la solidarité et la fraternité. Merci à vous de défendre la liberté d’informer.
En ce moment de fête, je dois rappeler que le lundi 12 juillet 2010, intervenant dans le cadre du Projet de Loi relatif à l’Action Extérieure de l’Etat, j’ai proposé un amendement pour corriger l’article 13 de ce Projet de Loi. L’article 13 prévoyait que l’Etat français puisse demander aux otages, dont les journalistes, de rembourser les frais occasionnés par leur libération et leur rapatriement. Mon amendement prévoyait d’exclure de cette scandaleuse loi les journalistes, les intervenants humanitaires, les chercheurs universitaires. Mon amendement n’a pas été voté.
J’avais rappelé alors que le Chef d’Etat Major des Armées, le général Jean-Louis Georgelin avait dénoncé le coût des recherches entamées pour retrouver les journalistes de France 3, alors que Claude Guéant, Secrétaire Général de l’Elysée déclarait « qu’ils n’avaient rien à faire là ». Monsieur Claude Guéant est aujourd’hui notre Ministre de l’Intérieur. Il est impossible de ne pas se souvenir, mais aujourd’hui, c’est un jour de fête.
Pensons ensemble aux neuf otages français qui sont encore retenus en Somalie, au Niger, au Yémen et dans la bande de Gaza. Restons vigilants et combatifs. La liberté est à défendre sans cesse. Réjouissons-nous de cette libération aujourd’hui. Merci à tous pour votre mobilisation citoyenne.
Le hasard du calendrier fait que nous recevons une vingtaine d’amis habitant en Allemagne, à Hasbergen, ville jumelée avec Tomblaine. Nous allons partager le verre de l’amitié à l’intérieur de la mairie et j’en profiterai pour les saluer. Je les remercie d’être venus s’associer à ce moment d’émotion. »