La France a mal à sa République. Le vote d’aujourd’hui est un vote de rejet, comme un écoeurement massif du peuple de France. On pense à « la nausée » de Sartre.

Un rejet de la politique menée par le Président de la République, plus qu’une sanction sévère, une claque de plein fouet, un plébiscite contre lui et ceux qui l’entourent.

Il faut être lucide, le score du parti du Président est encore plus catastrophique que ce qu’on va pouvoir vous rabâcher dans les jours qui viennent, la réalité c’est qu’il ne fait que 15% des votants qui, eux-mêmes, ne se sont déplacés qu’à moitié !!! Ils osent s’autoproclamer parfois « Renaissance », parfois « Majorité présidentielle ». mais ce n’est pas une  Renaissance, c’est une Décadence.

Je tiens pour principale responsable de l’émergence de l’extrême droite dans ma propre commune, la préfète de Meurthe et Moselle, son comportement, ses propos, son autoritarisme, son irrespect pour les élus locaux. J’espère que cela donnera aussi à réfléchir quant aux dysfonctionnement chroniques métropolitains, au déni de démocratie, à l’irrespect permanent de la libre administration des communes.

Ce sont bien là des concepts républicains qui sont bafoués en permanence par celles et ceux qui profitent du système, dès lors qu’ils sont investis du moindre pouvoir. À partir de ces piètres exemples, il ne faut donc pas s’étonner que le peuple se détache des vrais valeurs de la République, du sens civique, de la citoyenneté et que la politique soit ainsi décrédibilisée…

Pendant que les gouvernants jouaient la stratégie de communication du détournement d’attention (anniversaire du débarquement…) les discours des principales têtes de listes pendant cette campagne ont été formatés, vides de toute humanité, éloignés de la réalité et des conditions de vie de la population. Ils ne se rendent pas compte ou peut-être s’en fichent-ils, mais ce que le peuple perçoit ce ne sont que des querelles stupides et inutiles enrobés dans des discours sulfureux, faits de fatuité, d’autosatisfaction et d’arrogance.
Ces gens-là s’amusent avec une incroyable légèreté avec le malheur quotidien des français, ils surfent sur la précarité croissante… 

Voilà donc que la « Majorité Présidentielle », comme ils se disent, n’est plus qu’un oxymore, parce que le plus mauvais président que la cinquième République ait connu n’a pas de majorité, ni à l’Assemblée Nationale, ni dans la représentation française au Parlement Européen, ni dans le pays…

La dissolution de l’Assemblée Nationale est donc une nouvelle escroquerie. Ce n’est pas l’Assemblée Nationale qui doit être dissoute, c’est le Président de la République qui doit partir. C’est là encore une stratégie du détournement d’attention. Qui pourrait sérieusement croire que cette décision n’avait pas été prise depuis longtemps ? Qui pourrait croire que cela n’a pas été savamment calculé…

Que peut-il espérer en restant en place ? Il offre sur un plateau l’Assemblée Nationale à l’extrême droite, car il sait très bien qu’il n’y a pas dans ce pays une force vive qui soit en capacité de proposer une sursaut républicain, ni à gauche, ni à droite.

Cette énorme nouvelle magouille ne consiste qu’à rester en place, à sauver sa peau, quitte à se retrouver avec une majorité d’extrême droite à l’AN, issue du flot de la nausée populaire. Une énorme gerbe… déposée au pied des monuments érigés en son temps à la mémoire de celles et ceux qui ont payé de leur vie leur combat acharné contre le facisme et l’obscurantisme. Ainsi le bon Président Macron se verra contraint de cohabiter avec un(e) premier Ministre d’extrême Droite…

Le roi est mort, vive le roi, l’oxymore est au paroxysme de l’irresponsabilité républicaine.
Hervé Féron.