Conseil de Métropole – Vendredi 15 décembre 2017
Délibération n°1 : Rapport d’orientation budgétaire
Intervention d’Hervé Féron Président du Groupe de la Gauche du Grand Nancy.
Monsieur le Président,
Chers collègues,
Je confirme l’impression qui vient de se dégager. Ce R.O.B est extraordinaire !
Extraordinaire en ce sens que vous dévoilez enfin votre jeu et vous révélez pour la première fois un certain nombre de vos intentions.
Celles-ci sont claires : faire des économies. On comprend bien pourquoi lorsque l’on examine la situation économique et financière du Grand Nancy.
Est-ce vraiment le coefficient d’intégration fiscale que vous agitez qui devrait nous rassurer ?
Je ne le crois pas, derrière cet écran de fumée, on se doit de constater que la Métropole compte
aujourd’hui parmi les plus endettées de France,
avec le record de France du ratio dette par habitant de 2717 euros et une capacité de désendettement
qui s’est dégradée chaque année jusqu’à 8,8 ans en 2016.
Alors, je sais que vous avez déjà préparé les réponses à mon intervention. Je vais vous faire gagner du temps,
je vais vous répondre avant même que vous ne m’ayez posé les questions.D’abord, vous allez me dire que je dis ça tous les ans. Eh oui, je dis ça tous les ans, mais je le dis différemment,
parce que chaque année ce ratio augmente, le fossé se creuse et se creuse vite, et cela nous empêchera de réaliser les dépenses qui seraient nécessaires et essentielles.Ensuite vous allez me dire qu’il faut nous comparer avec les budgets des autres collectivités avec leurs budgets annexes.
Je vous rassure, c’est ce que nous avons fait…Et alors, vous me direz que nous comparons avec des collectivités qui ont moins de compétences…
Mais c’est justement ce que nous vous reprochons : vous voulez tout gérer, vous avez pris trop de compétences, et cela nous coûte trop cher.Et dans le tableau de la page 10 du ROB que vous venez de nous projeter et qui a été commenté par Pierre Boileau,
vous démontrez vous mêmes vos incohérences, car ce n’est pas la baisse des recettes qui nous a plombé (elles ont augmenté !),
mais c’est la hausse des dépenses de fonctionnement que vous ne maîtrisez pas ! Regardez votre tableau !Extraordinaire ! Parce que, à l’endettement que vous affichez on devrait pouvoir ajouter l’endettement subliminal réalisé par la réservation de nombreux terrains via l’EPFL,
ces obligations n’apparaissant pas dans les documents budgétaires.Il faut donc faire des économies, parce que la note est salée : 28 millions d’euros pour l’ex-place Thiers qui, de surcroît n’est une réussite ni sur le plan esthétique,
ni sur le plan fonctionnel ; plus de 47 millions pour Nancy Grand Cœur ; 90 millions pour le Centre des Congrès Prouvé.
Ces investissements gourmands et inconsidérés ont coûté cher, et coûteront encore plus. Le problème, me semble-t-il, est qu’à force d’être « compétencivore »,
votre gros appétit nous a conduit à exercer une foule de compétences qui ne sont pas des compétences premières des Métropoles.
Les conséquences en sont une dégradation des services publics avec des tarifs dans les piscines qui augmentent ;
avec des collectes d’ordures ménagères qui s’espacent ; avec des voiries dans les quartiers des villes de banlieue qui ne sont plus suffisamment entretenues ;
avec un éclairage public qui devient une variable d’ajustement budgétaire. Et la liste des services au public qui se rétrécissent et se dégradent continue :
fin du ramassage des déchets verts, tant pis pour ceux qui n’ont pas les moyens d’aller en déchetterie ; hyper-raréfaction du ramassage des objets hétérogènes.Il y a certainement eu de mauvais choix. Et vous en êtes les auteurs. Le Tram et la situation actuelle de la ligne 1, c’est vous.
Nancy Thermal qui privera les Grands Nancéiens d’un service apprécié, c’est encore vous. Les centaines de mètres carrés
de bureaux sur le quartier Grand Cœur, c’est toujours vous. En avait-on réellement besoin ?Nous, nous vous proposons de vous recentrer sur nos fondamentaux, c’est-à-dire les domaines premiers des compétences métropolitaines.
Car notre priorité à nous, élus de Gauche, c’est le service en direction des habitants et des usagers.
C’est aussi assurer la participation réelle des citoyens à l’élaboration des politiques publiques.
A ce titre, vous organisez une concertation pour la Ligne 1 sur la base de l’excellent travail du Vice-Président Christophe Choserot.
J’ai d’ailleurs plaisir à dire « excellent » car nous sommes assez proches des propositions qui étaient celles du Groupe de Gauche lors des dernières élections municipales.
Mais s’il s’agit d’organiser une concertation,
pour au bout du compte nous répondre que 100 à 150 millions d’euros manqueront pour réaliser le projet, alors à quoi bon leurrer les citoyens ?
Notre proposition est donc de moins vous éparpiller tous azimuts. En somme de revenir à l’essentiel, de faire des choix judicieux et de s’en donner les moyens.
Plutôt que vos opérations de prestige, nous défendons, nous :
· une tarification plus juste de l’ensemble des services publics, notamment à destination des plus démunis, et ce, sans dégradation de l’offre,
· la gratuité du transport scolaire,
· un meilleur entretien de la voirie et des espaces verts, y compris hors centre-ville-centre…
· une plus grande place de la nature dans une ville trop minérale,
· un développement harmonieux de l’ensemble du territoire, c’est-à-dire global, avec un habitat à visage humain, de la convivialité dans les quartiers,
du lien, des cheminements doux, et une attractivité économique dynamisée,· l’augmentation des passages pour les collectes, en particulier celles des objets hétérogènes.
· Au lieu de fermer des piscines – et à ce propos, lorsque vous écrivez que vous fermeriez une ou deux piscines, pouvez-vous nous préciser à quelles piscines vous pensez ?
– pourquoi ne pas en créer une nouvelle, mais qui serait destinée d’abord à la population du bassin de vie du Grand Nancy
et aux enfants des écoles plutôt qu’à des curistes qui pour la grande majorité viendraient d’ailleurs ? Cela pourrait se faire aussi en utilisant des fonds privés.Je parle ici des piscines, car le flou demeure à leur propos. Mais j’aurais pu multiplier les exemples,
tant les zones d’ombres laissées à dessein dans cet extraordinaire rapport sont nombreuses.
Je préfère toutefois me contenter de ces illustrations révélatrices de nos différences de conception de ce qui constitue le véritable intérêt général et de nos visions différentes de l’avenir métropolitain.
Il serait aujourd’hui courageux de ne pas faire Nancy–Thermal pour que nous puissions nous donner ensemble les moyens d’une belle ambition partagée pour le service public.
Telle est la proposition du Groupe de la Gauche du Grand Nancy.
Je vous remercie.