On ne parle que trop peu de la journée du 9 mars, Journée mondiale du lendemain de la Journée Internationale des Droits des femmes….

Parce qu’une journée internationale des Droits des femmes, c’est bien, c’est nécessaire, ça permet de rappeler à la trop souvent triste réalité, ça permet de raviver de beaux combats essentiels.

Mais j’avais envie de dire que dès le lendemain, la vie continue. Et que cette journée du 8 mars n’a aucune force si elle n’est qu’une exception pour se donner bonne conscience…

Elle fera sens si et seulement si elle nous concerne toutes et tous et chaque jour de l’année. C’est pourquoi, j’ai décidé de célébrer le 9 mars…pour commencer.

J’ai envie de donner quelques exemples, parce qu’ils me sont chers (oh, surtout pas donner des leçons ou faire le malin. J’ai plein de défauts et j’ai beaucoup de progrès à faire.)

 

– le film que j’ai tourné « un mur dans le désert », diffusé 14 fois sur LCP, puis sur diverses télévisions à l’étranger est repassé la semaine dernière à la télévision algérienne Canal Algérie. J’en suis l’auteur et le réalisateur, le comédien Pierre Richard a dit le texte et Hugo F a interprété la chanson générique. Ce film a pour objet de démontrer que défendre la Culture et la transmission culturelle est un combat salutaire  pour le peuple Sarahoui. Cela lui permet de garder son identité pour ainsi revendiquer une appartenance à un territoire. Et dans ce film, qui nous concerne tous, ce sont les femmes qui prennent les initiatives, dans une société matriarcale où elles sont majoritaires à l’Assemblée Nationale de la République Arabe Sarahouie Démocratique, comme dans les Conseils Populaires (équivalents de nos Conseils Municipaux). Grâce aux femmes, la société se structure au fin fond du désert, dans des conditions on ne peut plus précaires, tous les enfants vont à l’école, chacun a un carnet de santé, un carnet de vaccination,… Les femmes avec leurs boubous de couleurs vives sont belles dans ce désert, elles sont courageuses et combattantes.

 

J’ai organisé à l’Assemblée Nationale, puis au Ministère de l’Education Nationale,(avec Najat Valaud Belkacem), puis à Tomblaine à l’Espace Jean Jaurès et le lendemain à la Maison Régionale des Sports devant 200 collégiens et lycéens la diffusion du film « moi, Nojoom dix ans, divorcée » présenté chaque fois en présence de la réalisatrice Khadidja al Salami. C’était il y a un an, la presse n’en a pas parlé. Cette femme admirable a eu le courage de tourner ce film au Yémen, alors qu’il raconte l’histoire vraie (qu’elle a elle même vécue) d’une petite fille, mariée de force a dix ans, violée et empêchée de vivre sa vie de petite fille comme les autres. Elle réussit, et elle est la première, à obtenir le divorce ! Et ce qui est très fort, c’est qu’à la fin du film, Nojoom, qui a obtenu le divorce, retourne à l’école reprendre sa place avec les autres petites filles. La chance de pouvoir aller à l’école !

Pour information, quand j’étais député, je me suis beaucoup battu pour que Khadidja puisse obtenir la nationalité française, elle qui a été si souvent primée, honorée, reçue chez « les grands » qui adhèrent tous avec enthousiasme à son combat… Je n’ai pas réussi…

 

A Tomblaine, nous sommes fiers de travailler sans cesse à ce que les activités d’éducation populaire, le sport, la culture, la formation professionnelle soient accessibles autant aux filles qu’aux garçons. Pourquoi croyez-vous que je me passionne comme ça pour les excellents résultats de notre équipe féminine de basket, actuelle leader du championnat de Nationale 3 ? C’est juste parce que c’est primordiale dans la cohérence de nos politiques publiques.

C’est aussi par l’école et par l’éducation qu’on progresse. Ce fut le cas lors de l’élection du Conseil Municipal d’enfants qui a nécessité un débat âpre avec les enfants et en particulier avec des petits garçons qui demandaient « si ils étaient obligés de voter pour des filles » (!)

Lorsque la proposition est venue d’un petit garçon de proposer des binômes garçon/fille de candidat(e)s, la solution était pertinente, mais ce qui a été riche, c’est surtout le débat que nous avons eu en toute sérénité. Cela nous a permis de rappeler et surtout d’expliquer de belles valeurs qui ne sont ni plus ni moins celles de la République.

 

Et puis je voudrais dire qu’à Tomblaine, il y a trois écoles élémentaires, trois écoles maternelles, un collège et deux lycées. En écoles élémentaires il y a une directrice et deux directeurs, en école maternelles un directeur et deux directrices, au Collège une Principale, dans les deux lycées, les Proviseurs sont une femme et un homme.

On progresse aussi par l’éducation.

A la mairie de Tomblaine, la directrice générale des services est une femme (qui a d’ailleurs un cursus personnel de directrice de services techniques…), et nous avons en tout 11 chefs de services : Un homme et dix femmes. Ce n’est pas forcément un choix, c’est juste que les qualités de ces personnes les ont placées en situation de devenir chefs de services.

 

Alors pourquoi, je raconte tout ça ? Notre société peine à progresser, quand elle ne régresse pas. Mais on se rend compte que dans les communes, à l’école, et donc par le service public, le progrès peut être facilité, si il y a volonté politique. Le service public fait progresser les mentalités. Je répète qu’il ne s’agit pas de donner des leçons à qui que ce soit, mais à tous ceux qui se plaisent à critiquer sans cesse le service public, à tous ceux qui suppriment des moyens au service public pour le fragiliser et mieux le critiquer, le remettre en cause ensuite… A tous ceux qui organisent la casse du service public ou même des sociétés aujourd’hui privées qui ont une mission de service public : les communes, l’école, la SNCF, la Poste, les services sociaux,… Vous organisez aussi la régression sociale et les inégalités. Ce n’est pas une conception digne et républicaine que de structurer l’individualisme et le chacun pour soi.

Alors aujourd’hui, je célèbre le 9 mars et demain ce sera le 10 !