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jeudi 23 mai 2024 11:27
Au XVIIIème siècle madame la Comtesse donnait des petits-déjeuners pour amuser ses amis et administrer les affaires courantes...
Je vous invite à lire l’Est Républicain, puisque madame la Préfète de Meurthe et Moselle a donné un petit-déjeuner à la presse… et elle a démontré qu’elle a le sens de la citation…
Le titre de l’article nous apprend « La Préfète tacle Hervé Féron » C’est étonnamment un terme footballistique, mais (citation…) Paul Eluard disait « il n’y a pas de hasards, il n’y a que des rendez-vous ». Terme footballistique qui signifie « chercher à empêcher l’adversaire de progresser sans l’agresser… » sinon c’est un tacle illicite, qui mérite un carton jaune et parfois plus, jusqu’au renvoi au vestiaire… Pour le coup, elle se prend plutôt les pieds dans le tapis…
A propos de ma démission, elle cite donc … Talleyrand (référence savoureuse quand on s’intéresse un peu à la carrière de l’énergumène…) « tout ce qui est excessif est insignifiant, ce n’est pas moi qui le dit, c’est Talleyrand », affirme-t-elle. Elle confirme donc par là-même son mépris pour les élus de la République, exactement ce que je souhaite dénoncer par ma démission.
Et puis madame la Préfète affirme « Hervé Féron ne choisira pas le délai de sa démission. Et jusqu’au jour de l’élection du nouveau Conseil Municipal , il doit assurer la gestion des affaires courantes » D’abord, elle se trompe un tout petit peu dans ce qu’elle affirme, on verra… Et surtout, elle confirme par cette affirmation l’autoritarisme de l’Etat, exactement ce que je souhaite dénoncer par ma démission…
Là où elle me blesse, elle me touche, c’est quand elle imagine qu’après avoir donné une partie de ma vie dans mon engagement républicain, je ne serais pas conscient de mes responsabilités vis à vis de la République et de la population. Mais, citation pour citation, je me permettrai de lui répondre en citant sa référence, l’illustre Talleyrand « on apprend à faire ses adieux à ceux qui partent, jusqu’au jour où on fait ses adieux à ceux qui restent »…
La Préfète n’est pas à une contradiction près, lorsqu’elle dit qu’elle ne fera pas de commentaires et qu’immédiatement elle enchaîne… en commentant : « ce n’est pas en lançant des injures et des invectives qu’on résout les problèmes ».
Là, je tiens à répondre que je n’ai pas prononcé d’injures, ni d’invectives. J’ai juste commis le crime de lèse-majesté de dénoncer des faits précis (que Talleyrand, au XIXème siècle, ancien évêque et successeur de Fouché au service Louis XVIII, n’aurait pas supporté, mais manifestement on n’est pas plus apte en Macronie à tolérer la contradiction…). Du coup, je me sentirai invité à raconter par la suite d’autres dérapages des services de l’Etat.
Mais ce qu’il faut retenir surtout, c’est qu’elle ne parle pas du fond : de sa décision autoritaire d’installer dans des conditions indignes un regroupement de migrants sur un site en tension permanente, qui sera dangereux par les conflits d’usage qu’elle ignore parce qu’elle et ses services sont trop distants de la vie des gens sur le terrain. Accepterait-elle, elle-même de vivre dans les containers qu’elle propose ??? Elle ne veut pas discuter des contre-propositions que nous lui avons faites. Elle ne parle pas non plus de sa décision, toujours avec la complicité honteuse de la Métropole d’entasser pour la quatrième année consécutive une ville entière de gens du voyage à Tomblaine, dans des conditions sordides, terrain non aménagé, pas d’assainissement, quelques containers et poubelles pour se donner bonne conscience et que dire de l’idée de faire dormir des gens en caravanes, juste à côté de la piste d’aviation ? Là, elle ne tacle pas, elle dégage en touche.
Je réfute la phrase lue dans la presse qui fait référence « à ma colère », il n’y a pas de colère, au contraire, il s'agit d'un acte et de propos raisonnés et responsables. Notre démission n’est en aucun cas un abandon de la population, ce serait mal nous connaitre. Notre démission est le témoignage de notre bienveillance vis à vis de nos concitoyens, nous nous engageons avec courage pour les défendre.
Par notre démission collective, nous avons voulu informer la population pour qu’elle ait conscience de l’autoritarisme de l’Etat et du mépris de la Métropole pour les élus locaux. Parce que les seules victimes sont les habitants. Nous avons déjà bien réussi notre coup.
J’ai lu que les maires de gauche ne me soutiendraient pas… Ce n’est pas vrai, des maires de gauche et d’ailleurs m’ont témoigné spontanément leur soutien et disent souffrir des mêmes situations sur leurs communes (nous aurons l’occasion d’organiser une table ronde à ce sujet). Car le problème n’est pas qu’il s’agisse de maires de gauche, de droite où de je ne sais où (autre citation, Raymond Aron disait « Qu’on soit de gauche, ou qu’on soit de droite on est toujours hémiplégique). Le problème, pour les maires de la Métropole, est la difficulté d’accepter l’hégémonie de la Métropole, par une direction intrusive et la négation de la légitimité des élus locaux pour faire vivre les politiques publiques sur leur territoire. La Métropole devrait être à notre service. Quant aux deux maires cités en exemple, moi qui ai d’autres références que madame la Préfète, j’aimerais citer Condorcet « L’ingratitude, fille de l’intérêt et de la vanité, est le vice des petites âmes ».
Je remercie les milliers de personnes qui m’ont déjà témoigné leur soutien, parce qu’ils ont compris. J’ai été ému par cette petite fille qui est venue me serrer dans ses bras et me dire « monsieur le maire, reste avec nous… », j’ai été bouleversé par ce coup de téléphone hier matin d’une dame âgée de Tomblaine qui a éclaté en sanglots et m’a dit « ne nous abandonnez pas, on a besoin de vous ». Je remercie, les fonctionnaires de la Métropole (car on a essayé de leur faire croire que je m’en prenais à eux), les chefs d’établissements scolaires, et les enseignants, qui m’ont écrit leur plein soutien, mais qui se doivent à la réserve, par crainte de la hiérarchie…
Merci aussi aux syndicats et associations qui m’ont témoigné leur détermination à nous soutenir… On va s’organiser.
Alors, je vous le dis, nous sommes en ordre de marche, nous sommes en lutte, nous ne lâcherons rien, nous ne vous abandonnerons pas et à la fin, quoi qu’il arrive, on aura gagné.
Seulement, je n’ai pas voulu, pendant la période du festival de théâtre « Aux Actes Citoyens » dans lequel je suis très investi, mélanger les choses, je n’ai pas souhaité utiliser cette opportunité.
La pétition en ligne a été vue 11829 fois (mais elle est un peu compliquée dans son fonctionnement, n’oubliez pas de valider votre signature) et la vidéo, pourtant très longue, a été vue 8000 fois… Mais c’est à partir de lundi que tout va commencer… Les arrêtés de réquisition préfectoraux et les actes administratifs de la Métropole seront attaqués au Tribunal Administratif et d’autres poursuites au nom des Droits de l’Homme seront engagées. La pétition en ligne sera réactivée et la pétition en version papier sera distribuée largement. Plus nous serons nombreux pour nous opposer aux projets de la Préfète et de la Métropole, plus nous serons forts. Et à la fin… au moins tout le monde saura. On aura de belles anecdotes à vous raconter...
Et si ailleurs en France, on avaient d’autres conseils municipaux qui se manifestaient ? Car, autre citation, Alfred Capus disait « Ils ne sont pas heureux, ils sont immobiles, ce qui est différent »… Dans une France où le Président de la République n’a depuis longtemps plus de majorité, ni à l’Assemblée Nationale, ni au Congrès, ça pourrait peut-être faire bouger un peu les choses…
Je ne cherche pas d'autre révolution que celle qui consisterait à remettre la justice sociale au coeur de la République.
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jeudi 2 mai 2024 17:56
Dans son histoire, la Ville de Tomblaine a subi de véritables traumatismes de la part de l’agglomération, mais aussi en raison de l’autoritarisme de l’Etat… Histoire incroyable, mais pourtant vraie… Il ne faudrait pas que l’histoire se répète encore…
De tous temps la Ville de Nancy a considéré la Ville de Tomblaine comme sa poubelle. Les mots vous semblent forts ? Je m’explique : au 19ème siècle, c’est à Tomblaine que la Ville de Nancy déversait ses boues… Heureusement, à l’époque les boues n’étaient pas polluantes comme aujourd’hui, elles étaient même fertilisantes. C’est ainsi que dans son malheur la ville de Tomblaine a su tirer avantage, il s’est développé une tradition de maraîchage. En 1965, on comptait encore 18 maraîchers professionnels à Tomblaine, qui employaient chacun de nombreux ouvriers. De même l’école d’agriculture qui se trouvait sur le site de l’actuelle mairie et qui est partie en 1953 pour Malzéville-Pixérécourt, avait de nombreux terrains d’application.
La Ville était pauvre. Les terrains autour de l’aéroport appartenaient à l’Etat, ils ont été pollués par les bombardements, par les pistes d’aviation et bâtiments… Jamais l’Etat n’a assumé son devoir de dépollution. Puis la Métropole du Grand Nancy a acquis ces terrains (à l’euro symbolique !) et les a laissés à l’abandon, empêchant la Ville de Tomblaine de se développer depuis plusieurs décennies (et jusqu’à quand ?) Tout cela parce qu’André Rossinot privilégiait impunément le développement de l’autre côté de la Meurthe à Nancy. Un quartier comme « entre Meurthe et Canal » était tout sauf une réussite, laid, terriblement minéral, un quartier où le bitume et la commercialisation ont primé sur la vie des gens au quotidien. Et parce qu’il était très difficile de commercialiser ce quartier(et pour cause !) on empêchait Tomblaine de se développer après avoir spolié une grande partie du foncier.
Il en a résulté que le tiers de la Commune de Tomblaine ne rapportait aucune recette fiscale… et que structurellement et volontairement les difficultés budgétaires étaient organisées. C’est pourquoi, même encore aujourd’hui, à l’heure des éternels atermoiements des bobos nancéiens quant au projet de la Plaine Flageul, la solidarité métropolitaine, fait doucement sourire dans les chaumières à Tomblaine.
Et l’Etat a toujours été complice.
Et puis, dans la fin des années 60, il a fallu raser tout un quartier à Nancy, habité par des gens très pauvres… Pourquoi ? Pour réaliser un projet commercial qui devait s’avérer être juteux… mais pas pour tout le monde… Le Centre Commercial St Sébastien. Alors il a fallu recaser, pour ne pas dire entasser tous ces pauvres ailleurs. C’est ainsi que sont nés les quartiers du Haut du Lièvre, de la Californie à Jarville et Jar-Tom à Tomblaine.
René Herbuvaux avait été élu maire de Tomblaine après guerre en 1946, en 1968 le Préfet annonçait au Conseil Municipal de Tomblaine son intention de signer le permis de construire pour le quartier Jar-Tom. Conscient du fait qu’on allait entasser en surdensité et dans des conditions indignes des centaines de familles, conscient du fait que l’architecture projetée allait défigurer notre ville, le Conseil Municipal s’était prononcé à l’unanimité contre cette décision du Préfet.
Mais le Préfet, dans le plus grand mépris de l’avis des élus de la République, persistait à vouloir mettre en oeuvre autoritairement une décision qui allait avoir des conséquences terribles sur la vie des habitants au quotidien pendant des décennies, une hérésie qui ne le dérangeait pas, lui qui était logé dans les ors de la République.
En octobre 1968, René Herbuvaux, Maire de Tomblaine était convoqué en Préfecture, pour une réunion à ce sujet. Il était chargé par son Conseil Municipal de dire l’opposition de toute une ville… Le Préfet s’est fâché, il a tapé du poing sur la table (c’est la fille de René Herbuvaux qui nous a raconté cela) et il lui a fait savoir que de toutes manières, il signerait ce permis de construire. René Herbuvaux était bouleversé par tant d’injustice…
A peine sorti de cette sinistre rencontre, devant la Préfecture, sur le trottoir, René Herbuvaux a fait une crise cardiaque, il est décédé ce jour-là. Les vieux tomblainois s’en souviennent encore.
Je ne crois pas que les conditions d’exercice du maire se soient améliorées depuis, au contraire la régression est en route… Et je ne crois pas que l’Etat se soit amélioré… J’aurais quelques exemples factuels à vous raconter.
Hervé Féron.